PARIS : Les chiffres sont éloquents. A côté des milliards gagnés par les producteurs de vaccins contre le Covid-19, le secteur du diagnostic médical affiche aussi une belle progression, comme le laboratoire français BioMérieux.
Au moment où le virus qui s'appelait alors Sars-CoV-2 est apparu, la recherche d'outils pour le diagnostiquer s'est emballée. Et les principaux producteurs de tests se sont rapidement mis en ordre de marche, rejoints par des sociétés plus petites. Un an et demi plus tard, les chiffres ne laissent aucun doute. La pandémie a gonflé les résultats du secteur, des producteurs de tests aux laboratoires d'analyse.
Le français BioMérieux, qui produit notamment une gamme de tests respiratoires pour le Covid-19, a ainsi publié, mercredi un bénéfice net en hausse de plus de 60% pour le premier semestre. L'an dernier, ses ventes ont explosé, alors qu'au même moment, les groupes d'autres secteurs s'enfonçaient, eux, dans le rouge.
Pas en reste, le suisse Roche a vu les ventes de sa division diagnostics s'envoler de 51% au premier semestre 2021, portées par les tests de dépistage des infections au coronavirus.
Tout le secteur est concerné, et pas seulement les producteurs. Ainsi, Eurofins Scientific, géant français des laboratoires d'analyses, connaît une trajectoire stratosphérique. Entre janvier et juin, il a dégagé un bénéfice plus que quadruplé sur un an. Le groupe estime que les produits liés au Covid-19 lui ont rapporté 750 millions de revenus au premier semestre, une dynamique qui l'a poussé à relever ses prévisions pour 2021.
Immense demande
Les marchés ne s'y sont pas trompés. Depuis janvier 2020, le cours en Bourse d'Eurofins a gagné plus de 140%, +36% pour BioMérieux, tandis que le cours de la société franco-britannique Novacyt, qui s'est positionnée sur le secteur du test Covid-19, a été multiplié par 22.
Il faut dire que la demande est énorme, la plupart des pays ayant mis en place une politique de tests généralisés. En France, selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), plus de 91 millions de tests PCR ont été réalisés depuis mars 2020, auxquels s'ajoutent 37 millions de tests antigéniques.
Ce n'est qu'un exemple: à titre de comparaison, plus de 265 millions de tests ont été réalisés au Royaume-Uni.
Or, les tarifs ne sont pas négligeables. Dans le cas de la France, qui a opté pour la gratuité des tests, le tarif payé par la Sécurité sociale était à l'origine de 73,59 euros pour les tests PCR, dont 54 euros pour le test proprement dit et 9,60 euros pour le prélèvement.
Après plusieurs coups de rabot, le tarif de référence est désormais passé à un peu moins de 44 euros (et 25 euros pour les tests antigéniques). La facture des tests était estimée à 4,9 milliards pour 2021, selon le dernier rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale en juin.
Est-ce que la fin des tests gratuits en France - prévue mi-octobre - et la vaccination de masse va changer la donne à court terme? Certaines régions du monde ont beaucoup moins accès aux vaccins et continueront de tester. Et le variant Delta a par ailleurs rebattu les cartes.
"La situation est évolutive. On voit aux Etats-Unis que le niveau d'hospitalisations au mois d'août redémarre", a souligné Alexandre Mérieux, le PDG du groupe BioMérieux.
Quant à la fin de la gratuité en France, le dirigeant estime qu'elle aura peu d'impact sur son groupe: "Nous sommes surtout une solution utilisée par les hôpitaux", précise-t-il, estimant que la mesure annoncée par Emmanuel Macron pourrait concerner plutôt les laboratoires de ville.
"Il est de plus en plus clair que les évolutions liées à la pandémie vont alimenter une accélération de la demande pour les services d'Eurofins pour les années à venir", avait anticipé le directeur général d'Eurofins, Gilles Martin, début août.