Mejda Ben, ou quand modernité et tradition se rencontrent

Le soleil se couche sur El-Djazaïr, peinture acrylique sur toile, 130x90 cm, 2020. (Fournie)
Le soleil se couche sur El-Djazaïr, peinture acrylique sur toile, 130x90 cm, 2020. (Fournie)
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Publié le Mardi 31 août 2021

Mejda Ben, ou quand modernité et tradition se rencontrent

  • «Mes œuvres sont centrées sur le rôle de l’art dans la résilience et dans le champ socio-éducatif», confie Mejda Ben
  • Les œuvres de Mejda Ben, qui reposent sur des motifs géométriques inspirés des arts de l’islam, montrent l’héritage identitaire de diverses influences de l’Algérie

PARIS: Mejda Ben est à la fois peintre et psychologue clinicienne. Dans ses œuvres picturales, inspirées par les arts de l’islam, l’artiste recourt à la calligraphie ou introduit des éléments d’architecture andalous, comme des intérieurs de maisons. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions en France, en Algérie, en Espagne et en Belgique notamment. Arab News en français l’a rencontrée.

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Arabesque, peinture acrylique sur toile, 100x80 cm, 2020.

Passionnée d’art depuis son jeune âge, Mejda Ben commence par le dessin puis s’oriente progressivement vers la peinture. Elle explique qu’elle a dû explorer plusieurs styles et s’approprier différentes techniques avant de trouver sa voie. Diplômée en psychologie clinique à l’université d’Alger, elle est également titulaire d’un magistère en art et sciences de l’art de l’École supérieure des beaux-arts de la capitale algérienne.

Mejda Ben commence sa carrière dans son pays natal avec l’exercice de la psychologie clinique. Elle nous raconte que, en parallèle, le soir et les week-ends, elle se consacrait à la création artistique. «L’art m’a toujours accompagnée dans mon parcours universitaire et professionnel», confie-t-elle à Arab News en français. «Grâce au développement de mon réseau et à la vente de mes œuvres, il a pris de plus en plus de place et a fini par devenir mon activité principale.»

 

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Couleurs d’Algérie, peinture acrylique sur toile, 50x45 cm, 2019.

«Mon intérêt pour la psychologie constitue le terreau de mes expériences picturales. L’introspection et les questionnements existentiels m’ont amenée à explorer la voie de la couleur et du mouvement, à la recherche du sens. Mes œuvres sont centrées sur le rôle de l’art dans la résilience et dans le champ socio-éducatif», livre-t-elle.

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Thala («La source»), peinture acrylique sur toile, 40x30 cm, 2020. (Fournie)

 

Motifs géométriques

Qu’il s’agisse de peinture à l’huile, à l’acrylique ou d’aquarelle, les œuvres de Mejda Ben, qui reposent sur des motifs géométriques inspirés des arts de l’islam, montrent l’héritage identitaire de diverses influences de l’Algérie.

«J’ai été sensibilisée très tôt à la peinture moderne européenne et japonaise, mais je me suis également intéressée aux miniatures perses ainsi qu’aux arts décoratifs nord-africains; ce brassage culturel est au cœur de ma recherche plastique. L’Art nouveau reste pour moi une référence stylistique importante», nous explique l’artiste.

«Le motif représente dans ma démarche un symbole identitaire qui participe à la narration de mes compositions. Je favorise souvent la verticalité, en quête d’un mouvement insaisissable, d’une lumière et d’une élévation transcendantales», déclare-t-elle encore.

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L’Éveil, peinture acrylique sur toile, 70x90 cm, 2020.

 

Ateliers d’expression artistique

Mejda Ben a animé des ateliers d’expression artistique tout au long de sa vie. «Cette activité permet aux gens d’aller à la rencontre de sensibilités différentes et de parler d’eux. Pratiqué dans ce contexte, l’art représente, selon elle, un lieu de partage: «En tant que psychologue clinicienne et grâce à mon expérience d’art-thérapeute, j’adore animer ces ateliers. En effet, l’énergie du groupe donne toujours lieu à des échanges intéressants. C’est aussi l’occasion de se découvrir.»

«Rendre l’art accessible au grand public est l’une de mes priorités. J’essaie par ailleurs de démontrer son utilité en termes d’éducation et de prévention. L’art peut-être le moyen d’atteindre un objectif personnel ou collectif», soutient-elle. «Que ce soit d’une manière directe ou indirecte, consciente ou inconsciente, j’ai toujours tenu à amener l’outil artistique sur le terrain psychologique et éducatif», poursuit-elle.

 

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Lorsqu’elle retrace son parcours artistique, Mejda Ben tient à mettre en valeur l’identité algérienne. (Fournie)

 

Identité algérienne

Lorsqu’elle retrace son parcours artistique, Mejda Ben tient à mettre en valeur l’identité algérienne. «Cela s’est accentué avec mes expériences internationales, au cours desquelles j’ai constaté une absence ou en tout cas un manque de représentation de l’identité algérienne», nous explique l’artiste. «J’ai senti alors la nécessité d’en faire un sujet, de le développer et de le proposer au public du monde entier afin de montrer la richesse et la diversité culturelles que peut offrir l’Algérie», poursuit-elle.

«Les motifs et les formes que j’utilise font écho à mon identité. La calligraphie, les formes et les motifs sont les éléments qui composent une œuvre d’art. Je les emprunte pour véhiculer un message à un moment précis. Je ne m’inscris pas dans un style particulier de l’histoire de l’art; je ne revendique pas de filiation artistique. J’essaie de développer mon propre style, en étroite adéquation avec ma personne, mes aspirations du moment», révèle-t-elle.

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Le soleil se couche sur El-Djazaïr, peinture acrylique sur toile, 130x90 cm, 2020. (Fournie)

Mejda Ben estime qu’il est nécessaire d’étudier, de comprendre et de valoriser le patrimoine culturel. «Même s’il est perdu à un moment donné, il est nécessaire de préserver son identité, qu’il faudra penser différemment si elle est appelée à évoluer. Ainsi, lorsque je représente les tenues traditionnelles dans mes tableaux, l’idée n’est pas de montrer l’aspect folklorique. Bien au contraire: ce que je veux transmettre, c’est ce clin d’œil à une identité qui continue d’exister et qui mérite d’être montrée.»

La plasticienne ajoute: «Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, la calligraphie et les ornements constituent des éléments majeurs qui font partie de la diversité culturelle artistique de l’Algérie. Lorsque je réalise mes œuvres, j’emprunte la calligraphie et les ornements pour délivrer un message à propos de cette identité.»

L’artiste considère donc son propre travail comme «un effort de mémoire». Elle puise ses références dans la diversité du patrimoine algérien, avec un goût particulier pour l’héritage andalou. «J’ai été particulièrement marquée par mes voyages en Andalousie, une région dans laquelle j’ai senti ma profonde appartenance à cette culture, à cette terre. Toutes les références qu’elle véhicule participent de mon esthétique», affirme-t-elle.

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Senteur d’antan, peinture acrylique sur toile, 40x40 cm, 2020. (Fournie)

 

«S’identifier, se reconnaître»

Interrogée sur la question de l’accessibilité à l’art, l’artiste explique qu’elle aime proposer des œuvres qui permettent à chacun d’acquérir des outils de lecture. Elle estime en effet que l’art ne doit pas être réservé aux spécialistes: «Dans mes œuvres, j’emprunte des éléments de la vie quotidienne afin que chacun puisse s’identifier, se reconnaître.»


«Effroi» du Festival de Cannes après la mort d'une photojournaliste palestinienne

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.  "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film. "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
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  • La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi
  • Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025

PARIS: Le Festival de Cannes a exprimé mercredi "son effroi et sa profonde tristesse" après la mort d'une photojournaliste palestinienne, protagoniste d'un film qui doit être présenté cette année sur la Croisette et de plusieurs membres de sa famille, tués par un missile à Gaza.

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.

"Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP.

Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025. (Elle) est l'une des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois".

"Le Festival de Cannes souhaite exprimer son effroi et sa profonde tristesse face à cette tragédie qui a ému et choqué le monde entier. Si un film est bien peu de chose face à un tel drame, (sa projection à l'Acid à Cannes le 15 mai) sera, en plus du message du film lui-même, une manière d'honorer la mémoire (de la jeune femme), victime comme tant d'autres de la guerre", a-t-il ajouté.

La réalisatrice Sepideh Farsi a rendu hommage jeudi dernier à la jeune femme, qui lui racontait, par appels vidéo, la vie à Gaza. "Je demande justice pour Fatem (ou Fatima, NDLR) et tous les Palestiniens innocents qui ont péri", a-t-elle écrit.

Reporters sans Frontières avait dénoncé sa mort, regrettant que son nom "s'ajoute aux près de 200 journalistes tués en 18 mois".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 51.266 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.


La danse des dauphins, vedette des îles Farasan

L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
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  • L'observation de 5 espèces de dauphins met en évidence la biodiversité
  • Il est vital de coexister avec la vie marine, déclare un pêcheur local

RIYADH : L'observation de plus de cinq espèces de dauphins a renforcé la réputation des îles Farasan en tant que lieu de visite incontournable pour les amateurs de nature et d'animaux sauvages, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Parmi les espèces observées, les grands dauphins et les dauphins à long bec volent la vedette. Les dauphins à long bec, connus pour leur nature enjouée, s'approchent souvent des croisières de loisir, ravissant les gens par leur charme.

Le pêcheur saoudien Mohammed Fursani, qui navigue dans ces eaux depuis longtemps, y voit un lien plus profond.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).