CHATEAUNEUF-SUR-ISERE : Jean-Luc Mélenchon compte mettre l'accent dimanche matin, pour son meeting de rentrée aux amphis d'été de la France insoumise dans la Drôme, sur le défi d'aller chercher les abstentionnistes afin de se donner une chance de gagner la présidentielle de 2022.
Sur la scène installée devant le lac de Châteauneuf-sur-Isère, l'Insoumis va renouer avec les grandes messes politiques qu'il affectionne et qu'il sait plus rares en temps de Covid.
Mais en plus de devoir composer avec une campagne sous bulle sanitaire, LFI va devoir lutter à contre-courant contre l'abstention, qui a grimpé aux deux dernières élections intermédiaires et menace la présidentielle.
Or l'électorat Insoumis de 2017, qui avait permis d'atteindre 19,58% des voix, est en partie composé de classes populaires, plus enclines que d'autres à l'abstention. "S'ils vont voter on est au second tour. S'ils ne vont pas voter...", a soufflé devant la presse Jean-Luc Mélenchon samedi, avant de faire la moue.
"On va leur dire: +On est de votre côté, si en 2017 vous étiez davantage allés dans les bureaux de vote on n'en serait pas là+", a-t-il assené.
Avant son discours sur scène, il bénéficiera du soutien et de la prise de parole d'Huguette Bello, qui a battu la droite sortante aux régionales à La Réunion en juin, avec le soutien de LFI au premier tour puis du reste de la gauche au second. Un schéma que l'Insoumis aimerait reproduire à l'échelle nationale en avril prochain.
M. Mélenchon n'a pas caché que l'élection serait un "chemin de crête", alors que "le bloc populaire est fracturé, entre pro et anti-passe sanitaire, pro et anti-vaccins". Et conscient de sa personnalité clivante, propice à des polémiques médiatiques, Jean-Luc Mélenchon a promis qu'il "prendr(ait) de la distance": "C'est une élection pour les gens aux nerfs solides".
Couloir
Son directeur de campagne Manuel Bompard a estimé, sondage commandé par LFI à l'appui, que les mesures du programme L'Avenir en commun pouvaient faire un large consensus. Mais il a concédé que transformer ce capital en voix serait difficile: "C'est la politique, les gens peuvent être d'accord avec vos propositions, mais se demandent si l'on peut vraiment les mettre en oeuvre, si on va gagner, si on ne va pas les trahir..."
Les Insoumis assument d'aliéner une partie de l'électorat, a expliqué l'eurodéputé: "Que Mélenchon soit clivant, dans notre vocabulaire, c'est positif. Pour les classes moyennes urbanisées certes ça peut faire peur... (...) Mais une partie des classes moyennes s'est radicalisée", comme les "gilets jaunes".
Les Insoumis font mine de se concentrer sur leur couloir à gauche, alors que les écologistes sont occupés à leur primaire jusqu'en septembre et qu'au PS Anne Hidalgo entretient le suspense sur sa date de candidature.
"Nous on va avancer, pendant que les autres débattent entre eux et ne sont pas sortis de l'ornière", savoure Eric Coquerel, autre proche de Jean-Luc Mélenchon.
Le député concède cependant que "l'ambiance politique est à la sécurité, l'immigration, l'identitaire", des thèmes peu porteurs pour les Insoumis.
LFI a aussi pris de l'âge, en un mandat d'opposition. Comme chez d'autres forces politiques, son logo a disparu des affiches de campagne au profit du slogan "L'Union populaire".
Néanmoins, le député Alexis Corbière mise sur l'expérience des deux précédentes campagnes de Jean-Luc Mélenchon: "Je ne crois pas à cette histoire de nouveauté. On ne fera jamais plus nouveau en termes d'image que Macron, et on voit ce que ça a donné. En revanche, les gens veulent du changement" sur le fond.
Philosophe, il se résout à une campagne dure: "Elle n'est pas gagnée... mais elle n'est pas perdue non plus".