La débâcle des États-Unis en Afghanistan affaiblit leurs alliés et enhardit leurs adversaires

L’aéroport de Kaboul est devenu une zone de guerre, entourée de barbelés visant à empêcher les Afghans fuyant le régime des talibans de tenter de rentrer dans les avions sur le départ (Photo, AFP).
L’aéroport de Kaboul est devenu une zone de guerre, entourée de barbelés visant à empêcher les Afghans fuyant le régime des talibans de tenter de rentrer dans les avions sur le départ (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 28 août 2021

La débâcle des États-Unis en Afghanistan affaiblit leurs alliés et enhardit leurs adversaires

  • Les alliés des États-Unis sont attentifs à la manière dont les États-Unis gèrent les défis auxquels ils sont confrontés dans le monde, du Moyen-Orient à la péninsule de Corée
  • Au lendemain du retrait américain, la carte stratégique de la région ne sera plus la même.

LONDRES : On raconte que Hosni Moubarak, le défunt président égyptien, aurait lancé après son départ du pouvoir que « toute personne protégée par les Américains est mise  à nu ». Par cette phrase, il faisait allusion à Washington qui l'avait abandonné en pleine révolte en Égypte.

Voilà qui pourrait décrire au mieux le sentiment de l'ancien président afghan Ashraf Ghani. En effet, ce dernier entame aujourd'hui une nouvelle vie aux Émirats arabes unis après avoir fui Kaboul, lorsque ses alliés américains ont accordé aux talibans une liberté quasi totale pour reconquérir, l'Afghanistan à une vitesse foudroyante.

Les alliés des États-Unis tout comme leurs adversaires s'interrogent sur les conséquences du retrait américain de l'Afghanistan - et du chaos qu'il a semé - sur la réputation de Washington sur la scène internationale, ainsi que sur son rôle de leader et sa puissance mondiale.

Un soldat de la marine américaine attrape un enfant par-dessus une barrière de barbelés lors de l'évacuation de l'aéroport international Hamid Karzai à Kaboul, le 19 août 2021. (Photo courtoisie de Omar Haidiri / AFP)

Si les uns comparent cet événement au retrait honteux des troupes américaines de Saïgon, d'autres y voient une défaite plus cuisante que celle du Vietnam et un « moment décisif sur le plan géopolitique » pour les États-Unis. On parle de la fin de « l'ère américaine » sur la scène internationale. Si cela s'avère vrai, le « cimetière des empires » aurait fait une victime de plus sur sa longue liste.

Avant eux, les Soviétiques ont bu la tasse de la défaite en Afghanistan, mais le gouvernement que ceux-ci ont mis en place à Kaboul a survécu un peu plus longtemps. L'administration Ghani, appuyée par les États-Unis, n'a pas tenu une semaine et l'armée afghane a disparu comme un iceberg dans une mer brûlante.

Peu de gens contestent la thèse selon laquelle les États-Unis devaient se retirer de l'Afghanistan, tôt ou tard. Toutefois, c'est leur départ chaotique et le désordre qui en résulte aujourd'hui qui étonnent plus d'un. Cela remet en question la crédibilité et la fiabilité des États-Unis en tant qu'alliés et en tant que grande puissance. Ce retrait enhardit en outre les ennemis de l'Amérique et affaiblit ses amis.

 

Pour certains experts, nous assistons à un nouveau Suez, plutôt qu'à un nouveau Saïgon. En 1956, la débâcle de Suez a marqué la fin de l'empire britannique et de son emprise en tant que puissance militaire au Moyen-Orient et dans d'autres parties du monde. Les États-Unis vivent-ils un moment similaire ? L'Afghanistan serait-il le Suez de l'Amérique ?

C’est bien la leçon que beaucoup retiennent de l'expérience afghane, à en juger par les réactions observées aux quatre coins du monde. De l'Europe à l'Asie et à l'Afrique, en passant par l’Afghanistan lui-même, les gens sont atterrés par l'incohérence et l’exécution médiocre du retrait américain de l'Afghanistan.

 

Qu’il s’agisse des grands alliés des États-Unis au sein de l'Otan jusqu'aux petites démocraties émergentes, tout le monde craint les répercussions de cet épisode sur le monde libre et sur le leadership de Washington,

Ils sont attentifs à la manière dont les États-Unis gèrent les défis stratégiques auxquels ils sont confrontés dans le monde, du Moyen-Orient à la péninsule de Corée, mais aussi dans les autres zones sensibles.

On voit sur cette photo prise à l'aéroport de Kaboul la foule qui cherche à s'enfuir après la conquête de la ville par les talibans. (AFP)

 

C'est le parlement britannique qui a ouvert le feu. Dans un discours émouvant, le président de la commission des affaires étrangères, Tom Tugendhat, a attaqué le président Joe Biden sans le nommer. Il a reproché à l'Occident son manque de patience : « C'est la patience qui vainc. C'est la patience qui a permis de remporter la guerre froide ».

Le député britannique a appelé le Royaume-Uni à « mettre en place une stratégie (...) visant à insuffler un nouvel élan à nos partenaires européens au sein de l'Otan ce qui nous évitera de dépendre d'un seul allié ou de la décision d'un seul dirigeant ».

Le président de la commission des affaires étrangères au Parlement allemand, Norbert Rottgenn, a pour sa part qualifié ce retrait d’«énorme erreur de jugement de la part de l'administration américaine. Il nuit de manière fondamentale à la crédibilité de l'Occident sur le plan politique et moral ».

 

Les alliés de l'Amérique en Asie surveillent avec un intérêt marqué, mais aussi avec inquiétude, l'évolution rapide du paysage afghan. Les promesses quant à l'engagement de Washington envers l'Asie faites par la vice-présidente Kamala Harris, qui se rend dans la région cette semaine, contrastent nettement avec la conviction généralisée selon laquelle la dépendance à l'égard des États-Unis est comparable à une police d'assurance hasardeuse et que l'autonomie reste la meilleure stratégie à adopter pour garantir la sécurité d'un pays.

 

Une chose est sûre : les gouvernements du Japon et de la Corée du Sud surveillent de près les événements qui se produisent en Afghanistan. Si la grande puissance que sont les États-Unis est affaiblie, que faut-il en déduire pour leur sécurité face à une Chine plus agressive et plus affirmée ?

De son côté, Taïwan tire lui aussi une leçon de l'Afghanistan et ses dirigeants prônent une certaine autosuffisance.

Sur cette photo prise le 30 juillet 2021, le drapeau américain, visible sur les fenêtres de l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul, est démonté en toute hâte lors de l'assaut mené par les talibans. (AFP)

La Chine s'en moque. L'agence de presse officielle de Chine a ainsi écrit que « la chute de Kaboul marque l'effondrement de la réputation et de la crédibilité des États-Unis sur la scène internationale ». Un éditorial paru dans le Chinese Communist Party's Global Times, quotidien du Parti communiste chinois, a perçu dans le retrait de l'Afghanistan une sorte de « présage du sort réservé à Taïwan ».

On peut lire dans cet éditorial que « lorsqu'une guerre éclatera entre les deux rives du détroit et que la métropole s'emparera de l'île par la force, les États-Unis devront se montrer bien plus déterminés qu'ils ne l'ont été en Afghanistan, en Syrie et au Vietnam s'ils entendent intervenir ».

M. Joe Biden inscrit ce retrait dans le cadre de la défense des intérêts américains en matière de sécurité nationale et arrache la carte de l'Afghanistan des mains de ses rivaux. « A ceux qui siègent à Moscou ou à Pékin, je demande : Etes-vous heureux de notre départ ? » a-t-il lancé. « En effet, ils rêvent de nous voir nous enliser dans ce pays, entièrement absorbés par la situation qui y règne ».

Les adversaires des États-Unis perçoivent néanmoins la situation sous un autre angle. Hassan Nasrallah, dirigeant du parti libanais du Hezbollah, y voit une Amérique « humiliée, défaillante et défaite ». Quant au Hamas, il a félicité les talibans pour leur victoire et « la fin de l'occupation ». Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a salué la rupture des « chaînes de l'esclavage ». Ils encerclent leur adversaire.

De son côté, la Russie jubile de voir les États-Unis essuyer la même défaite que celle subie voici 25 ans. Elle est heureuse de savoir que l'armée américaine ne se tiendra plus à ses frontières.

L'Iran, lui, se réjouit de l'humiliation que les États-Unis semblent avoir subie en Afghanistan et du départ des Américains de la région. Nonobstant ses contacts incessants avec les talibans, il devra cependant composer avec un régime fondamentaliste sunnite voisin, ce qui pourrait étouffer sa joie. Cependant, l'évolution de la situation en Afghanistan rassure les Iraniens, qui considèrent que le pouvoir des États-Unis dans la région a subi un coup fatal.

En effet, au lendemain du retrait américain, la carte stratégique de la région ne sera plus la même. L'influence de la Chine et de la Russie sur l'avenir de l'Afghanistan sera plus importante que celle des États-Unis.

Au niveau national, certains experts estiment que l'ère américaine n'a pas pris fin en Afghanistan. Francis Fukuyama, auteur de l'ouvrage The End of History and The Last Man (« L'Histoire qui s'achève et le dernier homme »), a confié au magazine The Economist que «l’ère américaine a touché à sa fin bien avant. Les causes de la faiblesse et du déclin des États-Unis proviennent de l'intérieur du pays plutôt que de l'extérieur ».

Des Afghans qui fuient les talibans font la queue pour embarquer dans un avion-cargo appartenant à l'US Air Force à l'aéroport international de Kaboul. (AFP)

Il prévoit que les États-Unis resteront une « grande puissance pendant de nombreuses années, mais leur influence dépendra de leur aptitude à résoudre les problèmes du pays, plutôt que de leur politique étrangère ».

Il a probablement raison. Les divisions au sein des États-Unis sont plus profondes qu'elles ne l'ont jamais été au cours de leur histoire ; elles peuvent représenter la menace la plus importante pour leur statut et leur puissance sur la scène internationale.

La chute de l'Afghanistan aux mains des Talibans permet aux extrémistes vivant aux États-Unis de tirer une leçon inquiétante. Une personne qui a participé aux émeutes du Capitole le 6 janvier à Washington D.C. a confié au correspondant de CNN Donie O'Sullivan : « Il leur a fallu 11 jours (aux talibans) pour conquérir l'Afghanistan [...].  Combien de jours les patriotes mettront-ils pour s'emparer de ce pays ? »

Ces propos montrent que les États-Unis ont besoin de limiter les dégâts en vue de rassurer leurs alliés et de dissuader leurs ennemis, que ce soit à l'étranger ou à l'intérieur du pays.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Dernier jour d'hommage au Vatican avant les funérailles du pape

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
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  • Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican
  • La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi

CITE DU VATICAN: Le Vatican met vendredi la dernière main aux préparatifs des funérailles du pape François, qui se tiendront samedi matin sur la place Saint-Pierre, à Rome, tandis que pour une dernière journée, fidèles et touristes peuvent défiler devant son cercueil ouvert.

Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican.

La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi.

La basilique est restée ouverte quasiment toute la nuit, pour la deuxième nuit consécutive.

La "nuit est le moment le plus intime, c'est toujours la nuit que le Seigneur se manifeste. C'était très émouvant", a déclaré à l'AFP Nicoletta Tomassetti, une Italienne de 60 ans.

Le frère Wando, 40 ans, moine capucin brésilien, a lui aussi parlé avec l'AFP dans la nuit: "Nous avons voyagé des heures et des heures, mais nous ne ressentons pas de fatigue, nous ne ressentons pas de faim, nous ne ressentons pas de soif".

Au moins 130 délégations étrangères seront présentes, dont celles de l'Argentin Javier Milei et du Prince William.

L'agence italienne de protection civile estime que "plusieurs centaines de milliers" de personnes se rendront dans la ville éternelle ce week-end.

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller.

Vendredi matin, les fidèles continuaient d'affluer pour rendre un dernier hommage à François, dont le cercueil sera fermé vendredi à 20 heures lors d'une cérémonie à laquelle assisteront les cardinaux.

Le cardinal Kevin Farrell, le "camerlingue" qui gère les affaires courantes du Vatican jusqu'à l'élection d'un nouveau pape, présidera le "rite du scellement du cercueil".

Le premier pape sud-américain de l'Eglise catholique est décédé le lundi de Pâques à l'âge de 88 ans, moins d'un mois après sa sortie de l'hôpital romain où il était soigné pour une grave pneumonie.

"Un pape et son troupeau" 

Le souverain pontife, dont la santé était défaillante depuis longtemps et à qui ses médecins avaient ordonné un strict repos, avait fait l'effort de se présenter aux fidèles à Pâques, la fête la plus importante du calendrier catholique.

Les condoléances ont afflué du monde entier pour le défunt pape, un réformateur énergique qui a défendu les plus vulnérables et les plus marginalisés de la société au cours de ses 12 années à la tête des quelque 1,4 milliard de catholiques que compte la planète.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a présenté vendredi les condoléances de l'Etat d'Israël à l'Eglise catholique, alors que depuis son décès ni M. Netanyahu ni aucun de ses principaux ministres ne s'étaient exprimés publiquement sur la mort du souverain pontife, qui était généralement perçu en Israël comme pro-palestinien.

Le cercueil capitonné de rouge du jésuite argentin a été placé devant l'autel de la basilique Saint-Pierre. François, dont les mains enserrent un chapelet, porte ses habits pontificaux: une chasuble rouge, une mitre blanche et des chaussures noires.

Un par un, les fidèles se recueillent depuis mercredi devant le cercueil, ne disposant que de quelques secondes, au prix de longues heures de queue.

"C'est impressionnant" et "c'est merveilleux. C'est une belle réponse, une belle adhésion à son ministère, à son pontificat", a déclaré jeudi soir aux journalistes le cardinal François Bustillo, évêque d'Ajaccio.

Une sobre sépulture 

Après les funérailles, le cercueil de François sera transporté pour être inhumé, selon sa volonté, dans la basilique papale Sainte-Marie-Majeure, à Rome, dédiée au culte de la Vierge.

Des écrans géants seront placés le long du parcours, selon le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Piantedosi. Un groupe de "pauvres et de nécessiteux" sera présent sur les marches de la basilique pour accueillir le cercueil du pontife, qui était un ardent défenseur des laissés-pour-compte.

Sa tombe en marbre, avec pour seule inscription "Franciscus", François en latin, sera accessible au public à partir de dimanche matin.

Après les obsèques, tous les regards se tourneront vers les 135 cardinaux-électeurs - soit ceux âgés de moins de 80 ans - convoqués au conclave pour choisir son successeur.

La date du début du conclave n'est pas encore connue, mais en vertu des règles vaticanes, il devrait s'ouvrir entre le 15e et le 20e jour après son décès, soit entre le 5 et le 10 mai.

Les cardinaux, qui ont commencé à converger à Rome et se sont déjà vus à trois reprises, se réuniront dans la Chapelle Sixtine et procéderont à quatre scrutins par jour, deux le matin et deux l'après-midi.

Le cardinal italien Pietro Parolin, qui était le numéro deux de François, est donné favori par le bookmaker britannique William Hill, devant le Philippin Luis Antonio Tagle, archevêque métropolitain émérite de Manille.

 


L'envoyé américain à Oman samedi pour une nouvelle session de pourparlers avec l'Iran

L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
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  • L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire
  • M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman

WASHINGTON: L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire, les Etats-Unis continuant à privilégier une solution diplomatique.

"Le prochain cycle de négociations aura lieu à Oman samedi et constituera la première réunion des équipes techniques", a déclaré à la presse jeudi Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat.

Côté américain, Michael Anton, qui occupe le poste de responsable de la planification politique au sein du département d'Etat, dirigera les travaux, mais Steve Witkoff "sera également présent", a-t-elle précisé.

M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman, et avait participé à un premier round de discussions le 12 avril dans la capitale Mascate.

Les deux parties ont fait part de leur optimisme à l'issue de la rencontre à Rome, sans toutefois fournir de détails.

Le président Trump s'est prononcé en faveur d'une solution diplomatique avec l'Iran mais sans écarter l'option militaire, afin que l'Iran n'obtienne jamais l'arme atomique.

L'Iran a toujours nié chercher à se doter de l'arme nucléaire.

- Appel aux Européens -

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s'est dit jeudi prêt à se rendre en Allemagne, France et au Royaume-Uni, parties de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.

Ces trois pays n'ont jusque-là pas été directement impliqués dans les nouvelles tractations pour encadrer le programme nucléaire iranien que l'Iran et les Etats-Unis, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont entamé le 12 avril sous la médiation du sultanat d'Oman.

L'accord international de 2015 offrait à l'Iran un allègement des sanctions internationales en échange de restrictions sur son programme nucléaire. Mais il est devenu caduc de fait après le retrait des Etats-Unis en 2018, sous la première présidence de Donald Trump.

"Après mes récentes consultations à Moscou et à Pékin, je suis prêt à franchir une première étape avec des visites à Paris, Berlin et Londres", a déclaré M. Araghchi sur X.

Il s'est dit disposé à engager un dialogue avec les Européens "non seulement sur le dossier nucléaire, mais également sur tous les autres domaines d'intérêt et de préoccupation communs".

"La balle est maintenant dans le camp de l'E3", le regroupement de ces trois pays, a-t-il ajouté.

Paris "suivra de près si cette annonce du ministre iranien est suivie d'effets", a réagi pour l'AFP le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine.

La France, a-t-il ajouté, "continuera très volontiers à dialoguer avec les Iraniens" sur le nucléaire. Berlin et Londres n'ont pas immédiatement réagi.

- "Pas loin" de la bombe -

En préparation des rencontres de samedi, M. Araghchi s'est rendu en Chine mercredi pour des consultations avec son homologue chinois, Wang Yi.

La semaine dernière, il était à Moscou où il a notamment rencontré le président russe, Vladimir Poutine.

M. Araghchi s'est félicité du niveau de coopération entre Téhéran et ses alliés chinois et russes mais a relevé que les relations avec les trois pays européens étaient "actuellement à un bas niveau".

Après le retrait de Washington et le rétablissement des sanctions américaines en 2018, Téhéran a pris ses distances avec le texte de 2015, et accru son niveau d'enrichissement d'uranium jusqu'à 60 % - bien au-delà du plafond de 3,67% fixé, tout en restant en deçà des 90% nécessaires à la fabrication d'une bombe.

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a averti la semaine dernière que l'Iran n'était "pas loin" de disposer de la bombe atomique.

En décembre, les trois pays européens avaient fait valoir qu'ils pouvaient réenclencher le "snapback", un mécanisme prévu par le cadre de 2015 permettant de réimposer automatiquement les sanctions de l'ONU contre Téhéran.

Le délai pour activer cette clause expire en octobre.

Le chef de diplomatie américaine, Marco Rubio, a appelé le 18 avril les Européens à prendre rapidement une "décision importante" concernant le "rétablissement des sanctions" contre l'Iran.

Le ministre iranien avait dénoncé mercredi des "tentatives" notamment d'Israël de "faire dérailler la diplomatie" et de compromettre les pourparlers en cours.

Le même jour, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirmait que "le sort de toute l'humanité" était en jeu si la République islamique se dotait d'armes nucléaires.


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.