Frappe américaine contre un «organisateur» de l'EI en Afghanistan

Des avions militaires allemands et américains sur la base aérienne allemande de Wunstorf, une des étapes du gigantesque pont aérien qui a permis l'évacuation de quelques 110 000 réfugiés afghans vers des pays d'accueil. (Photo, AFP)
Des avions militaires allemands et américains sur la base aérienne allemande de Wunstorf, une des étapes du gigantesque pont aérien qui a permis l'évacuation de quelques 110 000 réfugiés afghans vers des pays d'accueil. (Photo, AFP)
Un C-17 Globemaster de l'armée américaine décolle de l'aéroport de Kaboul, point de départ du gigantesque pont aérien qui a permis l'évacuation de quelques 110 000 réfugiés afghans vers des pays d'accueil. (Photo, AFP)
Un C-17 Globemaster de l'armée américaine décolle de l'aéroport de Kaboul, point de départ du gigantesque pont aérien qui a permis l'évacuation de quelques 110 000 réfugiés afghans vers des pays d'accueil. (Photo, AFP)
Un milicien taliban à un poste de garde devant l'enceinte de l'aéroport de Kaboul, devant un fossé où se trouvent abandonnés une multitude d'objets après les attentats meurtriers de jeudi dernier. (Photo, AFP)
Un milicien taliban à un poste de garde devant l'enceinte de l'aéroport de Kaboul, devant un fossé où se trouvent abandonnés une multitude d'objets après les attentats meurtriers de jeudi dernier. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 28 août 2021

Frappe américaine contre un «organisateur» de l'EI en Afghanistan

  • Le président Biden avait promis des représailles contre l’EI après l'attentat de l'aéroport de Kaboul qui a fait au moins 85 morts dont 13 soldats US
  • Le pont aérien entre dans sa phase finale d'extrême tension, entre risques persistants de nouveaux attentats et alertes de sécurité

KABOUL : Les Etats-Unis ont mené une frappe de drone contre une cible du groupe Etat islamique en Afghanistan samedi, au moment où le pont aérien entrait dans une phase finale d'extrême tension, entre risques persistants de nouveaux attentats et passe d'armes médiatique talibans/Américains à propos de l'aéroport.

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Terminus à Washington pour cette famille afghane visiblement soulagée après un long périple depuis l'Afghanistan, un pays devenu dangereux avec l'arrivée au pouvoir des talibans. (Photo, AFP)

"La frappe aérienne sans pilote s'est produite dans la province de Nangarhar en Afghanistan. Selon les premières indications, nous avons tué la cible", a précisé dans un communiqué Bill Urban, du commandement central, disant n'avoir connaissance "d'aucune victime civile".

Cette frappe, la première de l'armée des Etats-Unis depuis l'attentat survenu jeudi à l'aéroport de Kaboul qui a fait au moins 85 morts dont 13 soldats américains, a été lancée depuis l'extérieur de l'Afghanistan.

Après l'attaque revendiquée par l'Etat islamique au Khorasan (EI-K), le président Joe Biden avait promis des représailles. "Nous vous pourchasserons et nous vous ferons payer", a-t-il affirmé à l'adresse des auteurs de l'attaque la plus meurtrière contre l'armée américaine en Afghanistan depuis 2011. "Nous répondrons avec force et précision quand nous le déciderons, où et quand nous le choisirons", avait-il ajouté depuis la Maison Blanche.

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Des réfugiés afghans arrivant à l'aéroport Dulles à Washington DC. (Photo, AFP)

Le risque d'autres attentats persiste, selon Washington. "Nous estimons qu'il y a toujours (...) des menaces précises et crédibles", avait prévenu vendredi John Kirby. L'attachée de presse du président Biden, Jen Psaki, citant des experts sécuritaires, a estimé une autre attaque "probable". Les prochains jours seront "la période la plus dangereuse à ce jour", a-t-elle ajouté.

Vendredi soir, comme la veille de l'attentat, l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul a demandé aux ressortissants américains de quitter "immédiatement" les abords de l'aéroport dans une alerte de sécurité. "En raison des menaces pour la sécurité à l'aéroport de Kaboul, nous continuons à conseiller aux citoyens américains d'éviter de se rendre à l'aéroport et d'éviter les portes de l'aéroport", a rappelé l'ambassade.

Une passe d'armes de communication entre talibans et Américains avait alourdi la tension déjà très forte, à quelques jours de la date-butoir du 31 août prévue pour le retrait des soldats américains d'Afghanistan après 20 ans de guerre, synonyme de fin des évacuations.

Les nouveaux dirigeants du pays "ne s'occupent d'aucune des portes d'embarquement ni d'aucune des opérations à l'aéroport. C'est toujours sous le contrôle de l'armée américaine", a déclaré le porte-parole du Pentagone, John Kirby.

Plus tôt, les talibans avaient annoncé avoir pris le contrôle de plusieurs parties de l'aéroport: "Aujourd'hui, trois endroits importants de la partie militaire de l'aéroport de Kaboul ont été évacués par les Américains et sont sous contrôle de l'Emirat islamique", avait tweeté l'un de leurs porte-parole, Bilal Karimi.

Vendredi, la situation est demeurée calme à Kaboul, notamment autour de l'aéroport où les vols affrétés par les Occidentaux ont repris sur le tarmac de l'aéroport, la dernière enclave occupée par les forces occidentales en Afghanistan.

Quelque 5400 personnes sont actuellement réfugiées dans l'enceinte de l'aéroport, attendant de monter dans un avion, a dit le général américain Hank Taylor, précisant que les exfiltrations se dérouleraient "jusqu'au dernier moment".

Au total, environ 109000 personnes ont été évacuées depuis le 14 août, veille de la prise de pouvoir des talibans à Kaboul, selon les derniers chiffres du gouvernement américain.

L'Otan et l'Union européenne avaient appelé à poursuivre les évacuations malgré l'attentat.

La France a mis fin vendredi soir à son pont aérien qui a permis d'évacuer "près de 3000 personnes, dont plus de 2600 Afghans" selon la ministre des Armées, Florence Parly.

Une délégation française a rencontré jeudi à Doha des représentants des talibans pour la première fois depuis qu'ils ont pris le pouvoir en Afghanistan le 15 août. Ces discussions ont porté sur la situation à l'aéroport de Kaboul et les opérations d'évacuations, selon les deux parties.

La Suisse, l'Italie, l'Espagne et la Suède avaient également annoncé vendredi avoir terminé leurs vols d'évacuation, comme l'Allemagne, les Pays-Bas, le Canada ou l'Australie avant elles.

Côté britannique, les exfiltrations connaissent leurs "dernières heures", a estimé le Premier ministre Johnson. Mais Londres remuera "ciel et terre" "pour aider à sortir" les Afghans éligibles à l'asile.

Les talibans se sont efforcés depuis leur retour d'afficher une image d'ouverture et de modération. Mais beaucoup d'Afghans, souvent urbains et éduqués, redoutent qu'ils n'instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001.

Ceux qui ont travaillé ces dernières années avec les étrangers ou le gouvernement pro-occidental déchu, notamment, ont peur d'être réduits au silence, voire traqués, et ont nourri le flot des nombreux candidats au départ.

Les femmes ont "le droit inné" de travailler, a cherché à rassurer Sher Mohammad Abbas Stanikzai, un ancien négociateur taliban dans les pourparlers de paix à Doha. "Elles peuvent travailler, elles peuvent étudier, elles peuvent participer à la politique et elles peuvent faire des affaires", a-t-il énuméré au cours d'une conférence de presse.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a convoqué les membres permanents du Conseil de Sécurité pour une réunion lundi sur la situation en Afghanistan.

Une conférence régionale samedi à Bagdad se penchera notamment sur l'Afghanistan. Sont notamment attendus les ministres iranien et saoudien des Affaires étrangères, le présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et français Emmanuel Macron, et le roi de Jordanie Abdallah II.

L'ONU s'attend à un demi-million de réfugiés afghans de plus

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GENEVE : Les Nations unies ont indiqué vendredi s'attendre à jusqu'à un demi-million de réfugiés afghans supplémentaires en 2021, dans le pire des scénarios, même si pour l'instant aucun exode n'est constaté.

"En termes de chiffres, nous nous préparons à environ 500000 nouveaux réfugiés dans la région. Il s'agit du scénario le plus pessimiste", a déclaré Kelly Clements, Haut-Commissaire adjointe de l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR), à l'occasion de la présentation du Plan régional de préparation et d'intervention pour les réfugiés afghans.

"N'oubliez pas que plus de 2,2 millions d'Afghans sont déjà accueillis par l'Iran et le Pakistan, et que la fuite est parfois non seulement le dernier recours, mais aussi la seule option dont disposent les gens pour survivre et jouir des droits humains les plus fondamentaux", a-t-elle ajouté.

L'Iran et le Pakistan accueillent en outre 3 autres millions d'Afghans ayant divers statuts, dont de nombreuses personnes sans papier, selon le HCR.

Ce plan prévoit un appel de fonds de 299 millions de dollars (254,4 millions d'euros) pour financer cette année les activités des agences de l'ONU, dont le HCR, le Programme alimentaire mondial et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), ainsi que d'ONG avec lesquelles les Nations unies travaillent.

"Un financement accru et immédiat nous permettra de mettre en place des réserves de matériels de secours et d'être prêts pour une intervention d'urgence", a expliqué Mme Clements.

"Bien que nous n'ayons pas constaté d'importants départs d'Afghans à ce stade, la situation en Afghanistan a évolué plus rapidement que quiconque ne l'avait prévu. Nous devons donc être prêts à faire face à toutes les éventualités", a-t-elle insisté.

L'Afghanistan est tombé aux mains des talibans après une offensive fulgurante, avant même que n'expire le délai fixé par le président Joe Biden pour le retrait des derniers militaires américains, le 31 août.

Les talibans se sont efforcés depuis leur retour d'afficher une image ouverte et modérée. Mais beaucoup d'Afghans, souvent urbains et éduqués, craignent que les islamistes n'instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001.

Ceux qui ont travaillé ces dernières années avec les étrangers ou le gouvernement pro-occidental déchu, notamment, craignent d'être réduits au silence voire traqués et ont nourri le flot des nombreux candidats au départ à l'aéroport de Kaboul, où un double attentat a causé la mort de dizaines de personnes jeudi.

Depuis le début de l'année, l'écrasante majorité des Afghans contraints de fuir les violences sont restés à l'intérieur du pays. Seuls quelque 7300 nouveaux réfugiés afghans ont été enregistrés dans les pays voisins entre le 1er janvier et le 20 août, a précisé à l'AFP un porte-parole du HCR.

Par ailleurs, plus de 558000 Afghans ont été contraints de se déplacer à l'intérieur de l'Afghanistan cette année, rejoignant ainsi les quelque 2,9 millions d'Afghans qui étaient déjà déplacés internes à travers le pays à la fin 2020, selon le HCR.

"Nous savons que l'insécurité et la violence croissante ont provoqué le déplacement de plus d'un demi-million d'Afghans cette année seulement, dont 80% sont des femmes et des enfants", a souligné Mme Clements.


Zelensky arrive à Rome, une rencontre avec Trump semble possible

Cette combinaison d'images créées le 18 mars 2025 montre, de gauche à droite, le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025, le président américain Donald Trump dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025 et le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 18 mars 2025. (Photo de SAUL LOEB et Maxim Shemetov / diverses sources / AFP)
Cette combinaison d'images créées le 18 mars 2025 montre, de gauche à droite, le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025, le président américain Donald Trump dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025 et le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 18 mars 2025. (Photo de SAUL LOEB et Maxim Shemetov / diverses sources / AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, arrivé samedi à Rome pour assister aux funérailles du pape François,
  • Donald Trump a affirmé que la Russie et l'Ukraine étaient « très proches d'un accord », tandis que son homologue russe Vladimir Poutine évoquait la « possibilité » de « négociations directes » entre Moscou et Kiev.

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, arrivé samedi à Rome pour assister aux funérailles du pape François, pourrait y rencontrer son homologue américain Donald Trump, a indiqué à l'AFP un haut responsable.

« Les deux présidents pourraient se rencontrer », a-t-il ajouté.

Donald Trump, qui était arrivé dans la capitale italienne vendredi soir, a affirmé peu après que Kiev et Moscou, qui a lancé une invasion de l'Ukraine il y a trois ans et occupe 20 % de son territoire, étaient « très proches d'un accord ».

Samedi soir, il a affirmé que la Russie et l'Ukraine étaient « très proches d'un accord », tandis que son homologue russe Vladimir Poutine évoquait la « possibilité » de « négociations directes » entre Moscou et Kiev.

Le président américain a également assuré que la Russie conserverait la Crimée, une péninsule ukrainienne qu'elle a annexée en 2014.

Mais en dépit de ses pressions, Volodymyr Zelensky a réaffirmé vendredi soir que la Crimée appartenait à Kiev.

« Les États russe et ukrainien sont très proches d'un accord et les deux parties devraient maintenant se rencontrer, au plus haut niveau, pour le finaliser », a écrit Donald Trump sur sa plateforme Truth Social peu après son arrivée à Rome, où il doit assister samedi aux funérailles du pape François.

Depuis plusieurs semaines, les États-Unis mènent des discussions séparées avec Russes et Ukrainiens dans le but de trouver un accord sur un cessez-le-feu. 

Jeudi soir, aux États-Unis, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a assuré sur la chaîne CBS que son pays était prêt à un accord pour que les combats cessent.

Des déclarations sont faites au lendemain de frappes russes de missiles sur Kiev qui ont fait au moins 12 morts et des dizaines de blessés. D'après le président ukrainien, l'un des missiles a été produit en Corée du Nord à partir de « au moins 116 composants provenant d'autres pays, dont la plupart, malheureusement, ont été fabriqués par des entreprises américaines ». 

Donald Trump a également assuré que Washington exerçait « une forte pression » sur Moscou pour mettre fin au conflit, estimant que la Russie ferait « une assez grosse concession » en ne cherchant pas à s'emparer de toute l'Ukraine.

Kiev et ses alliés européens accusent la Russie de prolonger intentionnellement les pourparlers en présentant publiquement des exigences maximalistes : le contrôle des cinq régions ukrainiennes dont elle revendique l'annexion, le fait que l'Ukraine ne rejoigne pas l'Alliance atlantique et sa démilitarisation.

L'Ukraine veut quant à elle des garanties de sécurité militaires solides de la part de ses alliés occidentaux pour dissuader Moscou d'attaquer à nouveau après la conclusion d'un éventuel cessez-le-feu.

Le président Zelensky est arrivé à Rome samedi matin en compagnie de son épouse, a indiqué son porte-parole Serguiï Nykyforov. « Volodymyr Zelensky, la Première dame Olena Zelenska et la délégation ukrainienne prendront part à la cérémonie des funérailles », a-t-il ajouté.

Vendredi soir pourtant, le président ukrainien avait déclaré qu'il n'était plus certain d'avoir le temps de se rendre à Rome. 


Le Canada vote lundi sur fond d'offensive de Trump

Le Premier ministre canadien et chef des libéraux, Mark Carney, s'exprime lors d'un meeting de campagne à London (Ontario), le 25 avril 2025. Les Canadiens se rendront aux urnes le 28 avril 2025,  (Photo par Geoff Robins / AFP)
Le Premier ministre canadien et chef des libéraux, Mark Carney, s'exprime lors d'un meeting de campagne à London (Ontario), le 25 avril 2025. Les Canadiens se rendront aux urnes le 28 avril 2025, (Photo par Geoff Robins / AFP)
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  • Un Canada inquiet et déstabilisé par les attaques de Donald Trump votera lundi pour des élections législatives.
  • Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, avec des droits de douane et des menaces d'annexion, ont changé la donne.

MONTREAL : Un Canada inquiet et déstabilisé par les attaques de Donald Trump votera lundi pour des élections législatives, où les libéraux sont favoris après une campagne dominée par l'économie et les relations avec les États-Unis.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens menés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, avec des droits de douane et des menaces d'annexion, ont changé la donne.

À deux jours du scrutin, même si les écarts semblent se resserrer ces derniers jours, le candidat libéral et nouveau Premier ministre Mark Carney est toujours en tête dans les sondages, les électeurs le jugeant plus crédible pour faire face au président américain.

Âgé de 60 ans, ce banquier central n'a jamais été élu, mais il ne cesse de rappeler que la menace américaine est bien réelle pour le Canada. « Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays », a-t-il prévenu.

Promettant de s'opposer fermement à son voisin et de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place, il a attaqué vendredi son rival conservateur, l'accusant de « ne pas avoir de plan pour tenir tête à Donald Trump ». 

De son côté, le chef du parti conservateur veut convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9^e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux qui promettent d'incarner un changement en réduisant les impôts et les dépenses.

« La trajectoire sur laquelle nous nous trouvons après cette décennie libérale perdue conduira à davantage de désespoir, d'inflation et de coûts plus élevés si elle se poursuit », a-t-il déclaré jeudi.

Mais la campagne ne lui aura pas permis de tordre le cou à l'idée qu'il est proche, par son style et certaines de ses idées, du président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, notamment les femmes, selon les analystes. 

Dans ce contexte anxiogène, beaucoup de Canadiens voient ce scrutin comme historique : ils sont en effet plus de 7 millions à avoir déjà voté par anticipation pendant le week-end de Pâques sur les 28,9 millions d'électeurs appelés aux urnes.

Selon les derniers sondages, les libéraux recueillent environ 42 % des voix, contre 38 % pour les conservateurs. Viennent ensuite le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche) avec 9 %, suivi par le Bloc québécois (parti indépendantiste) avec 6 %, et le parti vert avec 2 %. 

Daniel Béland, professeur de sciences politiques à l'université McGill de Montréal, note que les libéraux ont « réussi à imposer Mark Carney comme étant la bonne personne pour ce moment », où il faut faire face aux États-Unis.

Même s'il y a eu des efforts de la part des partis d'opposition « pour changer le sujet de la campagne », ils ont échoué « et la donne n'a pas vraiment changé », ajoute-t-il.

« Les conservateurs espéraient qu'il y aurait davantage de débats sur le coût de la vie et les autres enjeux sur lesquels ils ont marqué des points », renchérit Tim Powers, analyste politique.

Il leur reste un week-end pendant lequel ils vont se « démultiplier » sur le terrain, selon lui, car parfois « des surprises peuvent se produire encore la veille de l'élection ».


Iran et Etats-unis se retrouvent à Oman pour de nouveaux pourparlers sur le nucléaire

L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'adresse aux journalistes à l'extérieur de l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington, DC, le 6 mars 2025. (AFP)
L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'adresse aux journalistes à l'extérieur de l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington, DC, le 6 mars 2025. (AFP)
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  • Les Etats-Unis et l'Iran se retrouvent samedi à Oman pour un troisième cycle de négociations cruciales sur le dossier du nucléaire iranien
  • Ce nouveau round de pourparlers, sous médiation omanaise, fait suite aux discussions indirectes qui se sont déjà tenues les 12 et 19 avril à Mascate puis à Rome

MASCATE: Les Etats-Unis et l'Iran se retrouvent samedi à Oman pour un troisième cycle de négociations cruciales sur le dossier du nucléaire iranien, les deux parties ayant fait état de progrès lors des deux premières sessions.

Ce nouveau round de pourparlers, sous médiation omanaise, fait suite aux discussions indirectes qui se sont déjà tenues les 12 et 19 avril à Mascate puis à Rome.

Les discussions entre les deux pays ennemis sont les premières à ce niveau depuis le retrait en 2018 des Etats-Unis, sous la première présidence de Donald Trump, d'un accord international conclu trois ans plus tôt qui encadrait le programme nucléaire de Téhéran en échange d'une levée des sanctions.

Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, et l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, seront à la manoeuvre samedi à Oman, et le ministre des Affaires étrangères omanais, Badr al-Boussaïdi, servira de médiateur, selon le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï.

Une session de pourparlers techniques entre experts est prévue avant les négociations à haut niveau.

La réunion du 19 avril avait été qualifiée de "bonne" par les deux pays, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980.

"Pour que les négociations progressent, il faut une démonstration de bonne volonté, de sérieux et de réalisme de la part de l'autre partie", a déclaré vendredi M. Baghaï.

- L'AIEA veut des explications -

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations, défendant un droit au nucléaire à des fins civiles.

En 2018, M. Trump avait retiré son pays de l'accord sur le nucléaire conclu à Vienne en 2015 et rétabli des sanctions. En représailles, l'Iran a progressivement pris ses distances avec le texte, en enrichissant notamment de l'uranium à un niveau élevé.

M. Araghchi a fait part cette semaine de l'"optimisme prudent" de son pays sur le processus en cours, en disant que "si la seule demande des Etats-Unis est que l'Iran ne possède pas d'armes nucléaires, cette demande est réalisable".

Il a cependant prévu des "problèmes" si l'autre partie avait "d'autres exigences".

M. Baghaï a indiqué vendredi sur X que la priorité de son pays était d'obtenir "la levée rapide des sanctions illégales et inhumaines".

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a relancé sa politique dite de "pression maximale" sur l'Iran, et l'a appelé en mars à négocier un nouvel accord tout en menaçant de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Dans des déclarations publiées vendredi par Time Magazine, il a assuré être prêt à rencontrer le guide suprême ou le président iraniens, tout en prévenant que, faute d'accord sur le nucléaire, il serait "le premier" à avoir recours à la force.

Washington a annoncé mardi de nouvelles sanctions visant le secteur pétrolier iranien. Téhéran a dénoncé une "approche hostile".

Mercredi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de surveiller le programme nucléaire iranien en vertu de l'accord de Vienne et du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, dont l'Iran est partie, a demandé à Téhéran d'expliquer la présence de tunnels autour du site de Natanz (centre) qui abrite des centrifugeuses utilisées pour enrichir l'uranium.

L'organisme Institute for Science and International Security, basé à Washington, a publié des images satellites de ce site, montrant un nouveau tunnel situé près d'un tunnel plus ancien, ainsi qu'un nouveau périmètre de sécurité.

Téhéran n'a pas commenté ce rapport dans l'immédiat.

- Droit "non négociable" -

Dans une interview publiée mercredi par le podcast Honestly, le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, a réitéré la position de son pays contre l'enrichissement de l'uranium par l'Iran, réclamant que la République islamique "importe du matériel enrichi".

L'Iran enrichit actuellement l'uranium à un niveau élevé (60%), inférieur aux 90% nécessaires à la fabrication de l'arme atomique, mais très loin du plafond de 3,67% fixé par l'accord de Vienne.

Selon M. Araghchi, le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium est "non négociable".

Le ministre iranien s'est dit jeudi disposé à se rendre en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, autres pays parties à l'accord de Vienne, pour des discussions sur ce dossier.

La semaine dernière, Marco Rubio avait appelé les Européens à se décider rapidement concernant le rétablissement des sanctions de l'ONU sur l'Iran.

L'accord de 2015 prévoit la possibilité de les rétablir automatiquement en cas de non conformité au texte, mais cette option expire en octobre.

L'Iran a prévenu qu'il pourrait se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire si ce mécanisme était déclenché.