Le «syndrome de la Havane», ce mal mystérieux qui frappe les diplomates américains

Le siège de l'ambassade des Etats-Unis à La Havane, à Cuba. (Photo, Archives/AFP)
Le siège de l'ambassade des Etats-Unis à La Havane, à Cuba. (Photo, Archives/AFP)
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Publié le Vendredi 27 août 2021

Le «syndrome de la Havane», ce mal mystérieux qui frappe les diplomates américains

  • La visite de la vice-présidente Kamala Harris au Vietnam a été retardée de plusieurs heures cette semaine par un «incident de santé anormal»
  • Cet incident a de nouveau braqué les projecteurs sur ce phénomène sur lequel Washington n'a toujours pas pu faire la lumière

WASHINGTON : Un mal mystérieux, surnommé "syndrome de la Havane" et parfois comparé à des "attaques acoustiques", frappe des diplomates américains depuis cinq ans à travers le monde. De quoi s'agit-il ? Une puissance rivale est-elle responsable?

La visite de la vice-présidente des Etats-Unis Kamala Harris au Vietnam, retardée de plusieurs heures cette semaine par un "incident de santé anormal" signalé par l'ambassade américaine à Hanoï, a de nouveau braqué les projecteurs sur ce phénomène sur lequel Washington n'a toujours pas pu faire la lumière.

A quand remontent les premiers cas?

C'est en 2016 que de premiers diplomates américains en poste à Cuba commencent à se plaindre de malaises. Mais l'affaire n'éclate au grand jour qu'en 2017, lorsque le président américain de l'époque, Donald Trump, rappelle la majeure partie de ses diplomates de La Havane pour répondre à cette nouvelle menace.

Plus de vingt employés du gouvernement américain et membres de leurs familles sont concernés à Cuba entre fin 2016 et mai 2018, ainsi que des diplomates canadiens. En 2018, des symptômes similaires frappent une dizaine d'autres diplomates américains en Chine. Des cas sont successivement signalés en Allemagne, en Australie, en Russie, à Taïwan et même à Washington.

En juillet dernier, le journal The New Yorker rapporte l'existence de plus d'une vingtaine de cas à Vienne, en Autriche, depuis le début de l'année. Le département d'Etat américain refuse de fournir une estimation globale du nombre de personnes touchées. "Le nombre de 200 cas a été évoqué", confirmés ou présumés, dit à l'AFP une source proche du dossier, déplorant une forme d'omerta.

Quelles sont ses manifestations?

"Beaucoup de gens entendent un bruit persistant, une douleur perçante, ressentent une forte pression dans leur tête", explique cette source, décrivant aussi des effets de long terme comme "des difficultés de concentration et des trous de mémoire".

Les diplomates concernés ont souffert de maux divers incluant des problèmes d'équilibre et de vertige, de coordination, de mouvement des yeux, ainsi que de l'anxiété, de l'irritabilité et ce que des victimes ont appelé un "brouillard cognitif". Des lésions cérébrales ont même été diagnostiquées.

"Chaque cas signalé d'un possible incident de santé inexpliqué est unique", et "nous prenons chaque signalement très au sérieux" pour "apporter aux employés touchés les soins et le soutien nécessaires", affirme à l'AFP un porte-parole de la diplomatie américaine.

Des chercheurs qui ont analysé les victimes par imagerie médicale ont expliqué que leur cerveau avait "subi quelque chose" provoquant des "changements".

Quelles sont les causes?

Des hypothèses plus ou moins farfelues se sont succédé, comme celle suggérant que le bruit en question correspondait au chant d'accouplement d'un grillon, ou encore une possible intoxication à des pesticides.

Mais selon un rapport de l'Académie des Sciences américaine, "l'énergie dirigée d'ondes radio" est la cause la plus probable de ces symptômes. Des faisceaux de micro-ondes sont une explication qui revient régulièrement.

Problème: malgré une enquête toujours en cours depuis les premiers cas, le gouvernement américain n'a pas été en mesure de "déterminer la cause de ces incidents ni s'ils constituent une attaque de la part d'un acteur étranger", reconnaît le département d'Etat.

"C'est difficile à croire, et même effrayant, car ceux qui enquêtent" au sein de la task force gouvernementale "sont les meilleurs", soupire la source proche du dossier.

Des «attaques» étrangères?

Après le cas de Hanoï, l'ex-agent de la CIA Marc Polymeropoulos, lui-même victime à Moscou en 2017, a clairement évoqué l'hypothèse d'attaques.

"Il me semble que nos adversaires nous envoient un message clair, qu'ils ne sont pas uniquement en mesure de viser nos agents du renseignement, nos diplomates et nos militaires" mais aussi "nos plus hauts responsables", a-t-il dit mercredi au site spécialisé sur la sécurité nationale Cipher Brief.

Depuis le début, les autorités américaines ont oscillé, certains responsables minimisant des symptômes parfois attribués au stress, d'autres évoquant en privé de possibles attaques et soupçonnant des pays comme la Russie.

L'administration Trump, qui n'avait pas hésité à provoquer une crise diplomatique avec Cuba, avait été accusée par certaines victimes touchées en Chine de sous-estimer leur cas pour des raisons politiques: il s'agissait selon elles de ne pas se fâcher avec Pékin au moment où le milliardaire républicain négociait un accord commercial.

L'AFSA, principal syndicat représentant les diplomates américains, dit dans un document interne obtenu par l'AFP avoir dû insister pour que les victimes "présumées" soient traitées comme celles "confirmées". Elle salue des progrès ces derniers mois -- depuis l'arrivée de l'administration de Joe Biden.


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.