JERUSALEM : La famille du militant palestinien des droits humains Nizar Banat, décédé en juin quelques heures après sa détention par les forces de sécurité palestiniennes, a saisi la justice britannique et sollicité l'ONU pour enquêter sur sa mort, ont indiqué jeudi ses avocats.
Nizar Banat était connu pour ses vidéos postées sur les réseaux sociaux critiquant l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qu'il accusait de corruption. Depuis sa mort, des manifestations sont fréquemment organisées à Ramallah, en Cisjordanie occupée, pour réclamer justice tandis que l'enquête officielle n'a pour l'instant désigné aucun responsable.
Sa famille, qui accuse l'Autorité palestinienne de l'avoir "assassiné", a fait appel à un cabinet d'avocats basé à Londres pour que soit menée une enquête internationale.
Dans un communiqué, le cabinet britannique Stoke White affirme avoir "déposé une plainte à la police de Londres sur la base de la compétence universelle" pour qu'une enquête soit ouverte "sur plusieurs crimes" commis "contre Nizar Banat et les membres de sa famille qui étaient avec lui, chez lui, lorsqu'il a illégalement été arrêté par l'Autorité palestinienne".
"Il a été spécifiquement demandé à la police de Londres d'enquêter sur sept hautes personnalités de l'Autorité palestinienne pour torture et crimes de guerre", dont Hussein al-Cheikh, ministre palestinien des Affaires civiles et homme de confiance de Mahmoud Abbas, indique ce texte.
Les autres individus cités sont des responsables des forces de sécurité palestiniennes en Cisjordanie occupée.
"Les actions de l'Autorité palestinienne font partie d'un schéma systématique d'abus, de torture et de répression de la liberté d'expression contre tout Palestinien qui ose s'exprimer contre eux", indiquent les avocats britanniques.
Ceux-ci ont également sollicité le groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire et la Haut-commissaire aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, pour l'ouverture d'une "enquête indépendante".
L'ONU a dénoncé mardi la "pression constante" exercée par l'Autorité palestinienne sur le droit à la liberté d'expression après l'arrestation la semaine dernière en Cisjordanie d'une vingtaine de Palestiniens qui s'apprêtaient à manifester en mémoire de Nizar Banat.
En juin, le médecin légiste en charge de son autopsie avait fait état de traces de coups à la tête, à la poitrine, au cou, aux jambes et aux mains. Moins d'une heure s'est écoulée entre les coups et sa mort, avait-il indiqué.