NEW YORK: Des employés liés au géant américain Boeing ont fait état de pressions exercées par l'avionneur sur des questions de sécurité, devenues un enjeu crucial après plusieurs accidents mortels, a indiqué le régulateur américain de l'aviation dans une lettre.
"La culture d'entreprise de Boeing semble empêcher" des membres liés à la sécurité "de communiquer librement avec la FAA", indique le régulateur américain de l'aviation, la Federal Aviation Administration, dans une lettre dont l'AFP a obtenu une copie mercredi.
Les personnes en question font partie de l'unité ODA précise le régulateur, un acronyme faisant référence à une procédure adoptée en 2005 sous la pression du lobby aéronautique, permettant à Boeing de choisir les ingénieurs devant inspecter ses avions.
Or le constructeur aéronautique est depuis quelques années au centre d'une tempête au sujet de la sécurité de ses appareils, ayant multiplié les ennuis notamment sur son 787, son 777X ou, plus grave encore, sur ses MAX avec deux crash mortels.
Outre les problèmes de pressions mis en avant dans cette lettre datée du 19 août et adressée à Boeing, l'avionneur a par ailleurs une "grande influence" sur le recrutement des membres de l'unité, "ce qui offre davantage d'opportunités d'interférences plutôt que d'indépendance", indique la FAA.
Interrogé, un porte-parole de Boeing a indiqué que le groupe considérait "ces questions avec le plus grand sérieux".
"Nous avons constamment insisté auprès de notre équipe sur le fait que la délégation d'autorité est un privilège et que nous devons travailler tous les jours pour qu'on nous confie cette responsabilité", a-t-il ajouté.
L'enquête, qui a été menée entre mai et juillet, a montré que 35% des personnes interrogées par la FAA ont fait part de préoccupations. Le sondage a concerné 32 personnes, selon des sources proches du dossier.
Les préoccupations concernent la sécurité mais aussi les conflits d'intérêts ou la transparence vis-à-vis du régulateur. La FAA précise qu'elle va de ce fait lancer une enquête indépendante élargie.
La lettre du régulateur américain comprend des extraits de témoignages sur les pressions en question.
"Il existe le sentiment sous-jacent que je dois parfois justifier à l'excès mes décisions. J'ai tendance à sur-documenter mes dossiers pour m'y préparer et éviter que cela ne devienne un problème en aval", détaille par exemple une personne citée anonymement dans le courrier.