Face à la flambée de violence, le ministre de la Justice promet des moyens supplémentaires à Marseille

Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti (Photo, AFP).
Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 24 août 2021

Face à la flambée de violence, le ministre de la Justice promet des moyens supplémentaires à Marseille

  • Depuis le début de l'été, la ville est meurtrie par une «explosion» des règlements de comptes liés au trafic de drogue
  • Cette accélération des règlements de comptes jette une lumière crue sur la ville portuaire de 870 000 habitants, où la violence prolifère sur un terreau social peu reluisant

MARSEILLE: Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a promis mardi l'envoi de magistrats supplémentaires à Marseille, endeuillée par des règlements de comptes qui ont poussé élus et professionnels à réclamer davantage de moyens pour soigner les maux de la deuxième ville de France.

Interpellé sur le manque de ressources dans le troisième tribunal judiciaire de France (après Paris et Bobigny), le garde des Sceaux a assuré mardi qu'il répondrait "favorablement" dans les jours qui viennent aux demandes "légitimes et nécessaires" de magistrats supplémentaires. 

Depuis le début de l'été, la ville est meurtrie par une "explosion" des règlements de comptes liés au trafic de drogue: 12 des 15 morts enregistrés depuis le début de l'année l'ont été au cours des deux derniers mois, a rappelé lundi la procureure de Marseille Dominique Laurens. 

La mort par balle, le 19 août, d'un adolescent de 14 ans sur un point de vente dans une des cités les plus pauvres de Marseille, puis, trois jours plus tard, trois nouveaux homicides, dont celui d'un homme de 27 ans, enlevé en pleine rue et brûlé vif dans le coffre d'une voiture, ont semé l'effroi.

"Mes enfants veulent que l'on déménage. C'est une catastrophe ce que l'on vit ici", a témoigné auprès de l'AFP une mère de famille habitant le 14e arrondissement, où l'adolescent a été tué.

Cette accélération des règlements de comptes jette une lumière crue sur la ville portuaire de 870 000 habitants, où la violence prolifère sur un terreau social peu reluisant.

Mal-logement criant, écoles en mauvais état, grandes inégalités entre les quartiers du Nord de la ville livrés à eux-même pendant des années et ceux riches du bord de mer, transports en commun défaillants: la deuxième ville de France, où le taux de pauvreté dépasse par exemple les 40% dans le 14e arrondissement, lance un appel à l'aide.  

"Pas de recette miracle"

"Il faut un plan Marshall pour l’enfance, pour Marseille, pour les quartiers Nord", a lancé mardi une juge des enfants au garde des Sceaux, qui était venu présenter la réforme de la justice pénale des mineurs, qui entrera en vigueur le 30 septembre.

En mars, le président du tribunal Olivier Leurent avait déjà mis en garde contre le  danger que représenterait "un déni de justice" faute de pouvoir juger certaines affaires: le risque, "c'est d'un côté un sentiment d'impunité pour les auteurs, et puis l'absence de justice pour les victimes, voire le risque de réitération".

Depuis un an, 62 personnels, hors magistrats, sont arrivés dans la juridiction de Marseille, et 11 magistrats ont été recrutés, dont les derniers doivent prendre leur poste au 1er septembre, a rappelé mardi M. Dupond-Moretti, disant également attendre les conclusions d'un audit de l'Inspection générale de la justice dans les jours à venir.

"Mais, bien sûr, ça n'est jamais suffisant et, bien sûr, il n'y a pas de recette miracle", a également souligné le ministre. 

Estimant que Marseille manquait encore de policiers, 800 selon lui, malgré de récents renforts d'une centaine de fonctionnaires de police, le maire socialiste de Marseille Benoît Payan a aussi appelé à une "approche globale" des problèmes: "Il faut aussi donner des moyens à la justice, à l'Education nationale".

"Marseille est une des villes où il y a le moins de caméras de vidéoprotection" notamment dans les quartiers Nord, lui a rétorqué mardi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, se disant prêt à en financer "une très grande partie".

Le président de la République Emmanuel Macron se rendra à son tour dans les prochains jours à Marseille. Le chef de l'Etat devrait faire "un certain nombre d'annonces", selon Benoît Payan.

"Il y a le chantier de l’école, il est éminemment important (...) et il y a aussi la rénovation urbaine, il y a les équipements sportifs, il y a les équipements culturels, il y a les équipements pédagogiques, et il y a tout le travail qu’on a besoin de faire autour de tout ce tissu qui s’est désagrégé à Marseille", a souligné l'élu sur BFMTV: "C’est un chantier qui dépasse largement les capacités d’une municipalité".


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".