SINGAPOUR : La vice-présidente américaine Kamala Harris a promis lundi un "engagement pérenne" des Etats-Unis en Asie au moment où la débâcle américaine en Afghanistan suscite des appréhensions chez ses partenaires.
"Notre administration a promis un engagement pérenne à Singapour, en Asie du Sud-Est et dans l'Indo-Pacifique", a déclaré la responsable au cours d'une visite à Singapour qui doit se poursuivre au Vietnam.
"La raison pour laquelle je suis ici est parce que les Etats-Unis sont un leader mondial, et que nous prenons ce rôle au sérieux", a souligné Kamala Harris pendant une conférence de presse.
La vice-présidente américaine a entamé dimanche un voyage en Asie du Sud-Est qui doit la mener ensuite au Vietnam.
Mais le retour au pouvoir éclair des militants islamistes et la panique des milliers d'Afghans cherchant à fuir a jeté une nouvelle ombre sur le statut de superpouvoir des Etats-Unis.
De nombreux pays d'Asie qui comptent sur l'influence ou les forces américaines pour leur sécurité attendent des signaux rassurants des Etats-Unis après le chaotique retrait américain d'Afghanistan.
Kamala Harris n'a pas répondu aux interrogations sur une baisse de la crédibilité américaine, expliquant que la priorité était d'"évacuer les citoyens américains, les Afghans qui ont travaillé avec nous et les Afghans vulnérables, notamment les femmes et les enfants".
Le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong a salué "les assurances" données par la vice-présidente et offert l'aide d'un appareil militaire pour les évacuations de Kaboul.
Mais il a aussi espéré que "l'Afghanistan ne deviendra pas à nouveau un épicentre du terrorisme".
L'administration du président Joe Biden cherche à rétablir les relations avec les pays de la région après la présidence mouvementée de Trump.
Elle veut rassurer sur la capacité de stabilisation de Washington dans une zone qui fait face à une attitude plus agressive de la Chine.
L'Asie du Sud-Est, qui rassemble 10 pays, est un terrain de confrontation grandissant entre les Etats-Unis et la Chine alors que Washington critique les revendications de Pékin sur la presque totalité de la mer de Chine méridionale.
Mme Harris a répété lundi l'engagement américain "à faire respecter un ordre basé sur le droit international et la liberté de navigation, notamment dans en mer de Chine".
Mais les analystes soulignent que la rapide prise du pouvoir par les talibans et le retrait précipité des forces américaines ont accentué les inquiétudes sur la fiabilité du soutien américain.
Des scènes de chaos se déroulent à l'aéroport de Kaboul où une foule d'Afghans tentent de fuir les talibans, affolés par le souvenir de leurs exactions quand ils étaient au pouvoir de 1996 à 2000.
La suite du voyage de Kamala Harris au Vietnam, théâtre d'une autre débâcle militaire historique, a été critiquée, surtout par des commentateurs de droite, pour son mauvais timing.
Mais l'administration américaine a souligné que le choix de ce pays résulte des défis géopolitiques à venir, loin du traumatisme de la chute de Saïgon en 1975.
L'évacuation précipitée d'Afghanistan a évoqué le souvenir des hélicoptères américains forcés à évacuer les dernières personnes de l'ambassade américaine par le toit devant la progression des troupes Viet Cong après la guerre du Vietnam.
Kamala Harris, dont la mère est d'origine indienne, a rencontré plusieurs dirigeants de la prospère cité-Etat singapourienne au cours de sa visite entamée dimanche.
Elle s'est entretenue avec le Premier ministre singapourien lundi et ils ont signé des accords sur la lutte contre les menaces cyber, sur la coopération face au changement climatique et à la pandémie de Covid-19.
Elle a passé en revue la garde d'honneur singapourienne et s'est vue offrir une orchidée baptisée de son nom, un honneur réservé aux dignitaires.
La vice-présidente américaine s’est rendue ensuite à la base navale de Changi et s'adresser aux marins américains du navire USS Tulsa en escale dans l'île d'Asie du Sud-Est.
Mardi elle prononcera un discours sur la vision de Washington pour la région et rencontrera des dirigeants d'entreprises pour évoquer entre autres le déficit de production de microprocesseurs qui met à mal l'industrie automobile.
Kamala Harris doit arriver à Hanoï mardi soir, première vice-présidente américaine à se rendre au Vietnam.