MARSEILLE: Affluence record aux urgences, risque de saturation en réanimation et manque d'effectifs: les hôpitaux marseillais sont "un des CHU les plus impactés de France métropolitaine" par la 4e vague de Covid-19, ont déploré lundi leurs dirigeants.
L'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM) a voulu sonner l'alarme lundi, à la veille de l'évacuation vers Strasbourg de deux nouveaux patients en réanimation, dont un jeune de 22 ans.
"La région Provence-Alpes-Côte d'Azur connaît un taux d'incidence extrêmement élevé, à peu près du double de la moyenne nationale" , à 587/100 000 habitants, ce qui "explique en partie la situation dans nos hôpitaux", a commencé le nouveau directeur général de l'AP-HM François Crémieux, entouré d'une vingtaine de chefs de service.
"L'AP-HM en nombre de patients hospitalisés est effectivement un des CHU les plus impactés de France métropolitaine", a insisté le chef de réanimation de la Timone Lionel Velly, précisant toutefois que la situation marseillaise restait "largement derrière" celle de la Polynésie ou des Antilles.
Sur les 67 patients en réanimation Covid, 89% n'ont pas été vaccinés, la moyenne d'âge en réanimation a baissé à 54 ans, avec un ratio de femmes supérieur aux vagues précédentes à environ 50/50. Et l'AP-HM prévient qu'elle ne pourra guère aller au-delà de ces 67 lits de réanimation dédiés aux patients Covid, en raison des congés des soignants et des difficultés à recruter, des infirmiers notamment.
Les urgences elles sont en "réelle situation de crise" avec des pics d'activité record de près de 600 patients sur 24 heures, avec des patients Covid et non Covid en cette période estivale.
Et la rentrée marseillaise verra les touristes partir mais un grand nombre de Marseillais revenir de vacances de pays d'Afrique du Nord très impactés par la Covid-19. "On a des inquiétudes très fortes sur ce qu'il va se passer", s'est alarmé le Pr Jean-Luc Jouve, président de la commission médicale de l'établissement.
Ce dernier a aussi pointé les très fortes disparités avec une surreprésentation en réanimation des habitants des quartiers les plus défavorisés, dans le Nord de la ville.
De la même manière, la vaccination y reste assez faible en raison des difficultés d'information, du déficit de centres de vaccination et du manque de transport en commun mais aussi des vidéos YouTube de Didier Raoult, a estimé le Pr Jouve: "L'IHU (dirigé par Didier Raoult, ndlr) porte peut-être une certaine responsabilité sur le fait que dans les quartiers Nord, on ait une couverture vaccinale assez misérable proche de 30%", a-t-il jugé.
Globalement favorable "à la conviction plus qu'à l'obligation brutale" de vaccination, Didier Raoult est en conflit ouvert avec la direction de l'AP-HM, qui ne souhaite pas la prolongation de l'infectiologue controversé, au-delà de sa retraite fin août.