DAKAR: Plusieurs hauts gradés de l'armée malienne étaient "retenus" samedi midi par leur troupe, à Boni (centre), après une embuscade meurtrière attribuée aux jihadistes, a-t-on appris de sources militaires et sécuritaires.
"Un hélicoptère a atterri à Boni avec les chefs qui sont venus nous voir. Nous avons retenu ces chefs et laissé partir l'hélicoptère. Nous allons prendre la route avec eux vers Sévaré pour qu'ils puissent se rendre compte eux-mêmes des problèmes de sécurité que nous avons", a déclaré à l'AFP un des soldats, qui a requis l'anonymat.
Les officiers retenus sont "des hauts gradés de la gendarmerie et de l'armée", a ajouté ce soldat, se présentant comme "en colère contre la hiérarchie".
Une source sécuritaire malienne a confirmé à l'AFP que des "hauts gradés" de l'armée, arrivés par hélicoptère pour rendre visite aux militaires en poste à Boni, sont "effectivement retenus par les troupes qui veulent leur montrer les réalités du terrain".
Selon un élu de la localité, "des discussions se déroulent actuellement pour que les hauts gradés soient totalement libres de leurs mouvements, et que le calme revienne au sein des troupes".
Le Mali est actuellement dirigé par un militaire, le colonel Assimi Goïta, nouvel homme fort du pays après le coup d'Etat qui a renversé il y a un an, le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta, sur fond de manifestations contre la corruption et l'impuissance de l'Etat face à l'insécurité.
Une embuscade jeudi déclenchée par l'explosion d'une voiture piégée, suivie de "tirs intenses", a fait 17 morts parmi les militaires maliens, ainsi que 42 blessés et un disparu, selon un nouveau bilan samedi de source sécuritaire.
Le précédent bilan de l'armée malienne faisait état de 15 tués.
Les militaires maliens étaient partis de Boni en direction de Douentza, dans la région de Mopti (centre), dans un secteur composé d'une zone de forêts clairsemées et de brousses surplombées d'un massif rocheux où sont implantés des éléments jihadistes liés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique.
Les attaques contre les forces maliennes y sont régulières et meurtrières.
Dix soldats maliens avaient ainsi été tués en février dans l'attaque du poste de Boni.
Depuis 2012 et le déclenchement de rébellions indépendantiste et jihadiste dans le Nord, le Mali est plongé dans une tourmente multiforme qui a fait des milliers de morts, civils et combattants, malgré le soutien de la communauté internationale et l'intervention de forces de l'ONU, africaines et françaises.