Immigration: Macron face au débat inflammable des réfugiés afghans

Une image prise à Paris sur un écran de télévision montre le président français Emmanuel Macron s'exprimant sur la situation en Afghanistan, depuis la résidence d'été présidentielle du Fort de Brégançon à Bormes-les-Mimosas, dans le sud-est de la France, le 16 août 2021.(Christophe Archambault /AFP)
Une image prise à Paris sur un écran de télévision montre le président français Emmanuel Macron s'exprimant sur la situation en Afghanistan, depuis la résidence d'été présidentielle du Fort de Brégançon à Bormes-les-Mimosas, dans le sud-est de la France, le 16 août 2021.(Christophe Archambault /AFP)
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Publié le Vendredi 20 août 2021

Immigration: Macron face au débat inflammable des réfugiés afghans

  • La polémique autour du sort des réfugiés afghans montre, selon les experts, à quel point le sujet est inflammable et compliqué pour Emmanuel Macron
  • La gauche accuse Macron de courir derrière la droite voire l'extrême droite qui appellent à "la plus grande fermeté" face à la "vague migratoire" à venir

PARIS : Des oppositions virulentes, un président agacé et un gouvernement sur la défensive: la polémique autour du sort des réfugiés afghans montre, selon les experts, à quel point le sujet est inflammable et compliqué pour Emmanuel Macron, à quelques mois de la présidentielle.

Après la prise de Kaboul par les talibans, le chef de l'État s'adresse directement aux Français à la télévision lundi soir. Point de départ d'une semaine agitée pour l'exécutif qui doit gérer l'évacuation de ses ressortissants et, très rapidement, répondre aux accusations de ne pas en faire assez pour les Afghans fuyant le nouveau régime. ;

Une phrase présidentielle enflamme le débat: "nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants", dit-il, après avoir assuré longuement au préalable que la France prendra toute sa part "pour protéger les plus menacés".

Les réactions, à gauche essentiellement, sont acerbes, voire violentes. "Macron fait honte à la France", fustige l'écologiste Eric Piolle, rival potentiel en 2022. La France insoumise se dit "sidérée". La maire PS de Lille Martine Aubry est "choquée" face au "manque d'empathie" du président.

De concert, la gauche accuse Macron de courir derrière la droite voire l'extrême droite qui appellent à "la plus grande fermeté" face à la "vague migratoire" à venir.

Emmanuel Macron s'agace de ces critiques: "On gagnera tous beaucoup d'énergie et de temps à ce que tous ceux qui passent leur journée à commenter prennent onze minutes de leur temps pour écouter ce que j'ai dit", assène-t-il le lendemain.

- "Débat hystérisé" -

Mercredi, le chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, s'émeut à son tour contre les oppositions qui le déclarent "naïf" pour avoir réclamé un gouvernement inclusif aux talibans.

Aux yeux du politologue Pascal Perrineau, cette tension traduit "une politique de l'émotion" alors que les images de désespoir à l'aéroport de Kaboul tournent en boucle à la télévision.

Chez les voisins européens aussi, la question de l'accueil de migrants est hautement délicate. En particulier en Allemagne, où la décision d'Angela Merkel d'ouvrir les portes aux Syriens en 2015 a durablement déstabilisé son camp.

En France, relève M. Perrineau, s'y ajoute la particularité qu'il y a "toujours l'ombre du RN qui est projetée sur ce débat" pour l'avoir "introduit" sous Jean-Marie Le Pen.

Pour Jérôme Sainte-Marie, président de PollingVox, "le débat sur l'immigration a été tellement hystérisé en France qu'on n'arrive plus à avoir un débat politique raisonnable. Vous avez les anti-migrants qui considèrent les pro-migrants comme des traîtres ou des naïfs, et vous avez les pro-migrants qui traitent ceux qui veulent un contrôle de l'immigration de gens sans-coeur."

Au sein de l'exécutif, on estime surtout que les critiques sont "injustes". "Nous sommes l'un des pays qui accueillent le plus d'Afghans", insistait l'Elysée dès mardi.

Depuis, Emmanuel Macron accueille chaque arrivée d'avion de réfugiés à Paris par un message de bienvenue sur les réseaux sociaux.

- Limite du "en même temps" -

Dans les faits, entre "ceux qui veulent accueillir tout le monde - ce qui n'est pas à la hauteur de nos capacités -" et "ceux qui ne veulent accueillir personne - ce qui n'est pas à la hauteur des nos valeurs", selon les mots du MoDem Patrick Mignola, la majorité veut défendre une position d'équilibre, humaine et responsable à la fois.

Mais pour Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences Po, "c'est la limite du +en même temps+" macronien.

"La question de son positionnement à droite ou à gauche est à chaque fois douloureuse. A chaque fois qu'il prend position dans un sens ou dans un autre, il fait des mécontents, suscite des inquiétudes et crée des crispations dans tout le spectre politique", ajoute l'expert qui juge ratée l'allocution du président puisque son propos sur les flux migratoires aura été "la seule chose qu'on a retenue".

"On voit les limites du +et de droite et de gauche+, mais aussi du +et président et candidat+", complète Pascal Perrineau.

Car si Emmanuel Macron n'a pas encore déclaré sa candidature, peu doutent qu'il postulera pour un nouveau mandat en avril 2022. Issu des rangs socialistes, le chef de l'Etat est accusé par ses critiques d'avoir opéré un glissement progressif vers la droite dont il continuerait à vouloir siphonner les voix.

Jérôme Sainte-Marie voit à cet égard dans l'allocution de lundi "un coup politique magistral". Le président "a dit exactement ce que les Français voulaient entendre", estime-t-il, renvoyant aux sondages où "les deux tiers des Français considèrent que l'immigration n'est pas une bonne chose pour le pays".


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".