Entre Merkel et Poutine, une relation qui venait du froid

Dans cette photo d'archive prise le 7 juillet 2017, la chancelière allemande Angela Merkel accueille le président russe Vladimir Poutine alors qu'il arrive pour assister au sommet du G20 à Hambourg. (Odd Andersen/AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 7 juillet 2017, la chancelière allemande Angela Merkel accueille le président russe Vladimir Poutine alors qu'il arrive pour assister au sommet du G20 à Hambourg. (Odd Andersen/AFP)
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Publié le Vendredi 20 août 2021

Entre Merkel et Poutine, une relation qui venait du froid

  • Depuis 2005, Mme Merkel et M. Poutine, qui chacun parle la langue de l'autre, se seront écharpés, violemment ou avec ironie, sur maints sujets
  • Lors de leur première rencontre à Moscou en 2006, il lui offre un petit chien en peluche noir et blanc

BERLIN, Allemagne : Le passé d'Angela Merkel, élevée dans une Allemagne de l'Est qu'elle rêvait de quitter, et de Vladimir Poutine, agent du KGB à Dresde lors de la chute du Mur, a nourri une relation ambivalente entre les deux dirigeants qui se rencontrent vendredi.

Depuis 2005, Mme Merkel et M. Poutine, qui chacun parle la langue de l'autre, se seront écharpés, violemment ou avec ironie, sur maints sujets, de l'Ukraine à la Syrie, en passant par les cyberattaques attribuées par Berlin à Moscou et l'empoisonnement de l'opposant Alexeï Navalny, soigné dans un hôpital berlinois.

Le dialogue n'aura cependant jamais été totalement rompu entre ces deux fauves politiques que tout oppose, si ce n'est leur passé du même côté du Rideau de fer.

- L'épisode du chien -

M. Poutine, le seul dirigeant du G20 déjà en fonctions à l'arrivée de Mme Merkel, lui réservera vendredi un "accueil chaleureux", prédit Fyodor Lukyanov, rédacteur en chef de Russia in Global affairs.

Lors de leur première rencontre à Moscou en 2006, il lui offre un petit chien en peluche noir et blanc.

A leur deuxième entrevue en Russie, cette fois dans la résidence d'été de M. Poutine à Sotchi, l'entretien est perturbé par un vrai chien, un gros labrador noir nommé "Konni" qui s'approche de la chancelière pour la renifler.

A Mme Merkel, visiblement mal à l'aise, M. Poutine lance, goguenard: "Je ne pense pas que le chien va vous effrayer".

Or, la chancelière a déjà été mordue et ressent une "certaine inquiétude" lorsqu'un chien s'approche d'elle.

"Je pense que le président russe savait très bien que je n'étais pas vraiment impatiente de rencontrer son chien, il l'a amené avec lui. Mais c'était comme ça. Et vous pouvez imaginer comment j'essayais de rester courageuse, en regardant dans la direction de Poutine et pas vers le chien", a-t-elle raconté au quotidien Süddeutsche Zeitung.

Cela a depuis été la recette de la chancelière allemande pour traiter avec le président russe: un détachement froid malgré la gêne, parfois mêlé d'un certain amusement, pour continuer à traiter le sujet du jour.

- "Cela me fait mal" -

La chancelière, âgée de 67 ans, a depuis acquis la réputation de pouvoir tenir tête au Russe et ses postures viriles.

En 2012, M. Poutine s'en était ainsi pris à des journalistes lors d'un évènement commun. "Si je craquais comme ça, je ne tiendrais pas trois jours en tant que chancelière", avait-elle alors lancé.

Vladimir Poutine en est venu à exprimer en 2016 son respect pour elle. "Je lui fais confiance, c'est une personne très ouverte", a déclaré M. Poutine, saluant en la chancelière une dirigeante qui "fait vraiment un effort honnête pour résoudre les crises".

Mme Merkel ne lui a pas retourné le compliment. Elle est même sortie de ses gonds en mai après une nouvelle affaire d'espionnage attribué à la Russie.

"Je peux dire honnêtement que cela me fait mal. Chaque jour, j'essaie de construire une meilleure relation avec la Russie et, d'un autre côté, il existe des preuves irréfutables que ce sont les forces russes qui font cela", avait-elle lancé.

Ultime visite de Merkel à Poutine en pleine crise afghane

BERLIN,MOSCOU : Ils se côtoient depuis 16 ans et leur relation a connu nombre de turbulences: Angela Merkel est reçue vendredi à Moscou, en pleine crise afghane, par Vladimir Poutine, avant de quitter le pouvoir à l'automne.

La chancelière allemande se rendra dans la foulée dimanche à Kiev, où elle s'entretiendra avec le président Volodymyr Zelensky.

Pour Mme Merkel et M. Poutine, deux vétérans de la scène internationale, cette rencontre vient clore une relation nouée en 2005, quand la chancelière prit les rênes de l'Allemagne. Elle s'achève pour elle sur un constat d'échec concernant une de ses priorités: les efforts de règlement du conflit entre la Russie et l'Ukraine, au point mort.

Russophone, la dirigeante allemande en est à son vingtième déplacement officiel en Russie.

Comme en juillet à Washington, la chancelière, âgée de 67 ans, vient faire ses adieux avant de se retirer de la scène politique après les élections législatives allemandes du 26 septembre.

Si la rencontre entre Mme Merkel et Joe Biden avait été endeuillée mi-juillet par les inondations en Allemagne, c'est cette fois la crise afghane qui s'impose dans l'ordre du jour à Moscou.

Une conférence de presse prévue à l'issue de leur entrevue au Kremlin devrait donner l'occasion aux deux dirigeants de s'exprimer publiquement sur le retour au pouvoir des talibans, qui signe l'échec des Occidentaux et de l'Otan sur place.

Mme Merkel a jugé la situation "amère, dramatique et terrible". Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a lui salué mardi les signaux "positifs" qu'auraient envoyés les talibans concernant la liberté d'opinion.

Le dossier afghan pourrait ainsi constituer un nouveau sujet de friction entre Mme Merkel et M. Poutine, deux animaux politiques aux relations alternant le chaud et le froid.

- "Zombie politique" -

De la mainmise dont la Russie est accusée sur une partie de l'Ukraine aux affaires d'espionnages ou de cyber-attaques visant l'Allemagne, la liste des contentieux est longue.

Fait symbolique, la visite de Mme Merkel à Moscou intervient aussi un an jour pour jour après l'empoisonnement, attribué par l'Allemagne aux services russes, dont a été victime l'opposant Alexeï Navalny.

En guise d'accueil pour Merkel, le ministère russe des Affaires étrangères a publié un communiqué courroucé, accusant Berlin et ses alliés dans cette affaire de "provocation planifiée pour discréditer la Russie".

L'opposant a lui écrit depuis sa prison une tribune, publiée vendredi dans plusieurs journaux européens, demandant aux dirigeants mondiaux de combattre la corruption et accusant le président russe de malversations.

En dépit de ce contexte, la chancelière allemande a plaidé en mai, sans succès, pour une reprise des contacts directs entre l'Union européenne et la Russie.

L'Allemagne reste un des principaux investisseurs occidentaux en Russie, avec qui elle entend bientôt parachever le projet contesté de gazoduc Nord Stream 2.

Le gazoduc reliant les deux pays, dont la mise en service était initialement prévue au début 2020, a connu d'importants retards en raison de l'opposition de nombreux pays européens et de la menace de sanctions américaines.

Mais les États-Unis ont finalement renoncé en mai à prendre des sanctions, pour ne pas affecter les liens avec l'Allemagne.

Avant la visite de Mme Merkel dimanche à Kiev, l'Ukraine sera aussi "probablement à l'agenda de discussions, car Angela Merkel n'aimerait pas partir en laissant tout le monde croire" que le processus de paix qu'elle y a promu est "devenu un zombie politique", explique à l'AFP Fiodor Loukianov, rédacteur en chef de la revue Russia in Global affairs.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.