Comment éliminer de la région arabe le spectre de l'insécurité alimentaire

Ce jeune garçon attend pendant que le Palestinien Walid al-Hattab (à droite) distribue de la soupe aux personnes dans le besoin pendant le mois du ramadan à Gaza, le 14 avril 2021, au milieu de la pandémie de Covid-19. (Photo AFP/Archives)
Ce jeune garçon attend pendant que le Palestinien Walid al-Hattab (à droite) distribue de la soupe aux personnes dans le besoin pendant le mois du ramadan à Gaza, le 14 avril 2021, au milieu de la pandémie de Covid-19. (Photo AFP/Archives)
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Publié le Vendredi 20 août 2021

Comment éliminer de la région arabe le spectre de l'insécurité alimentaire

  • Exploiter la science, la technologie et l'innovation sera essentiel pour garantir des systèmes alimentaires durables, inclusifs et résilients d'ici à 2030
  • Les conflits sont la cause principale de l'augmentation de la faim dans la région Proche-Orient et Afrique du Nord (Near East and North Africa, ou Nena)

DUBAÏ: Exploiter la science, la technologie et l'innovation sera essentiel pour garantir des systèmes alimentaires durables, inclusifs et résilients d'ici à 2030: c’est ce qu’affirment des experts avant le sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires qui se déroulera au mois de septembre à New York.

Il reste toutefois beaucoup à faire pour que le monde soit prêt à nourrir une population qui devrait passer de 7,9 milliards (le nombre actuel d’habitants) à 9,7 milliards en 2050, soit dix fois plus qu’en 1950.

«Tout le monde est préoccupé par la transformation des systèmes alimentaires», indique à Arab News Jean-Marc Faurès, chef de programme au bureau régional de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour la région du Proche-Orient et l'Afrique du Nord (Nena).

«Nous faisons tous partie de ce système alimentaire mondial qui a fait des merveilles pour nourrir une population mondiale croissante, mais il présente de nombreuses lacunes qui doivent être corrigées si nous voulons atteindre les objectifs de développement durable», poursuit-il.

Lancés par l'Assemblée générale des nations unies en 2015, les objectifs de développement durable (ODD) forment un ensemble de dix-sept projets mondiaux interconnectés qui se définissent comme un «plan directeur pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous» d'ici à 2030.

La région Nena dispose d'un approvisionnement limité en terres cultivables et en eau douce, ce qui limite sa capacité à produire sa propre nourriture; ses gouvernements dépendent donc considérablement des importations. La façon dont on produit les aliments doit s'améliorer grâce à des innovations audacieuses à tous les niveaux de la chaîne: de la qualité des produits, des semences et des races animales jusqu’à la résistance des cultures de base à la sécheresse.

«Le changement climatique constitue également un défi majeur pour la production agricole, car il apporte un climat plus incertain et davantage de variabilité dans les précipitations, ce qui est un point crucial dans la production agricole», souligne Faurès.

«Par conséquent, nous avons besoin de cultures capables de résister à une longue période sans pluie ou de cultures et d'animaux capables de supporter des vagues de chaleur croissantes. Il est indispensable de réagir devant ces problèmes de changement climatique, notamment en recourant aux technologies», ajoute-t-il.

Les technologies agricoles, également connues sous le nom d'«agritech», ont fait des progrès importants au cours du xxe siècle avec l'apparition d’engrais synthétiques, de pesticides, et le développement de la mécanisation. Dans la seconde moitié du siècle, des progrès ont été réalisés dans les domaines de la modification génétique, de l'irrigation goutte à goutte, de la culture hydroponique, de l'aquaponie et de l'aéroponie, pour n'en nommer que quelques-uns.

Puis, au cours des premières décennies du nouveau millénaire, les technologies numériques ont commencé à faire leur entrée dans l'agriculture, de la collecte de données et du calcul pour améliorer l'efficacité des cultures jusqu’à la robotique et au tracteur sans conducteur.

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Une photo donne un aperçu des fermes Al-Badia des Émirats arabes unis à Dubaï, des fermes verticales intérieures qui utilisent une technologie hydroponique innovante pour cultiver des fruits et des légumes toute l'année. (Photo AFP/Archives)

Avec les bons investissements et une formation appropriée, les agriculteurs de demain pourraient utiliser régulièrement l'intelligence artificielle, la détection à distance, les logiciels d'information géographique, la réalité virtuelle, la technologie des drones, celle de l'interface de programmation d'applications (API) et une multitude d'outils de précision pour mesurer la chute de pluie, lutter contre les parasites et analyser les éléments nutritifs du sol.

Toutefois, malgré la marche du progrès, la production alimentaire n'a pas été aussi «verte» qu'elle aurait pu l'être. Les engrais, les pesticides et d’autres produits chimiques ont pollué les sols et les cours d'eau; ils ont nui à la biodiversité de la planète. Bien qu'ils tuent les parasites, ces agents toxiques se sont également révélés nocifs pour d'autres espèces, et même pour les êtres humains.

«Nous avons vu émerger une série de problèmes issue de ce qui, à l'époque, était considéré comme un grand succès technologique. Nous devons désormais les résoudre», explique Faurès.

«Des cultures aux animaux, nous avons beaucoup perdu en biodiversité, principalement à cause de l'agriculture. C'est le secteur qui affecte le plus l'environnement. Il est donc vraiment temps de trouver un autre moyen pour aborder la question de la production alimentaire, car l'impact environnemental a été trop important à tous les niveaux.»

L'accès équitable de l'humanité à des aliments sains et nutritifs représente l'une des principales questions qui seront abordées lors du sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires. Avec la crise et les conflits qui ravagent de nombreux pays de la région Nena, l'insécurité alimentaire s'est généralisée. «C’est tout à fait inacceptable. Nous devons continuer à lutter contre la faim de toutes les manières possibles», affirme Faurès.

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Ahmadia Abdo, une jeune fille yéménite qui pèse dix kilos en raison d’une malnutrition sévère, se tient aux côtés de sa mère pendant que cette dernière lave des vêtements dans un camp pour personnes déplacées dans le nord du gouvernorat de Hajjah. (Photo AFP/Archives)

Les conflits sont la cause principale de l'augmentation de la faim dans la région Nena depuis 2015-2017, selon un rapport publié au mois de juin dernier par une coalition d'agences d'aide, dont la FAO.

Le rapport, intitulé «Aperçu régional de la sécurité alimentaire et de la nutrition au Proche-Orient et en Afrique du Nord 2020: améliorer la résilience des systèmes alimentaires dans les États arabes», estime qu'environ 51,4 millions de personnes, soit environ 12,2% de la population, avaient déjà faim dans cette région avant la pandémie de Covid-19. Cela a perturbé davantage encore les chaînes d'approvisionnement et les moyens de subsistance.

Environ 137 millions de personnes habitant cette région étaient considérées comme étant en insécurité alimentaire modérée ou grave, ne disposant pas d’un accès régulier à une nourriture suffisante et nutritive. Cette tendance s’aggravera si des mesures ne sont pas prises pour améliorer la résilience systémique.

EN CHIFFRES

- 12,2% de la population de la région Nena avait faim avant la pandémie.

- 137 millions d’habitants de la région Nena sont en insécurité alimentaire modérée ou sévère.

- 75 millions d’habitants de la région Nena pourraient être touchées par la faim d'ici à 2030.

- 50% de la population de la région arabe n'a pas les moyens de se procurer une alimentation saine.

- Entre 720 et 811 millions de personnes dans le monde sont confrontées à la faim en 2020.

(Source : FAO)

En raison de cette tendance, il est presque certain que la région ne parviendra pas à honorer les objectifs de développement durable (ODD), qui consistent à éradiquer la famine d'ici à la fin de la décennie.

En réalité, en considérant sa trajectoire actuelle, on peut imaginer que le nombre de personnes touchées par des pénuries alimentaires dépassera les 75 millions d'ici à 2030.

Ce qui est particulièrement préoccupant dans ses conclusions, c'est l'impact de la faim et de l'insécurité alimentaire sur la santé publique et sur le développement de l'enfant. Selon les estimations du rapport pour 2019, 22,5% des enfants de la région âgés de moins de 5 ans présentaient un retard de croissance, 9,2% étaient chétifs et 9,9% en surpoids.

Toujours en raison de la mauvaise alimentation, 27% de la population adulte de la région est considérée comme atteinte d’obésité: sur ce plan, la région arabe arrive en deuxième position à l’échelle internationale. Les mêmes carences alimentaires ont rendu 35% des femmes en âge de procréer anémiques.

Bien que les conflits se soient avérés être la principale cause d'insécurité alimentaire, le rapport souligne en outre les faiblesses des systèmes alimentaires régionaux, entravés par les effets du changement climatique, de mauvaises politiques et des perturbations économiques, avant même que ne survienne la pandémie mondiale.

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Un agriculteur a récolté des légumes à feuilles dans un champ de la chaîne de montagnes de Jabal Bil Ays, dans l'émirat de Ras el-Khaïmah, aux Émirats arabes unis. (Photo AFP/Archives)

«Dans notre région, la pandémie a gravement perturbé la chaîne alimentaire des animaux. Les agriculteurs qui élèvent du bétail doivent acheter de la nourriture pour leurs animaux», précise Faurès.

«Au début de la pandémie, tout s'est arrêté et ils n'avaient pas de nourriture pour leurs bêtes. Ce n'est qu'un exemple parmi d’autres; c'était la même chose sur d’autres plans. Le système n'était pas prêt à subir un tel choc».

Il existe d’autres pressions sur les chaînes d'approvisionnement alimentaire comme la pénurie d'eau, les inégalités, la croissance démographique, les migrations massives, ainsi qu’une forte dépendance aux importations. En effet, la région Nena importe environ 63% de sa nourriture, ce qui demeure la plus forte dépendance aux importations des cinq régions du monde.

Un autre facteur d'insécurité alimentaire dans la région Nena est le coût élevé d'une alimentation saine, avec des régimes nutritifs qui incluent beaucoup de fruits et de légumes frais, des légumineuses, de la viande et des produits laitiers. Un tel régime est estimé à environ cinq fois plus qu'un menu qui ne répond qu’aux besoins énergétiques primaires, avec des féculents de base tels que le riz et le pain.

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Amal Abou Amra, 41 ans, cuisinière palestinienne bénévole, distribue de la nourriture préparée avec des ingrédients obtenus auprès de donateurs pour aider les familles nécessiteuses d'un quartier pauvre de la ville de Gaza. (Photo AFP/Archives)

Une alimentation saine est inabordable pour plus de 50% de la population de la région arabe, ce qui est supérieur à la moyenne mondiale (38%).

«Les consommateurs sont déconnectés de la production alimentaire», révèle Faurès. «Mais leurs choix et la façon dont ils traitent les aliments ont des répercussions sur leur santé et sur l'ensemble de la chaîne alimentaire, surtout lorsqu'il existe des modes de consommation beaucoup moins durables que d'autres. Les gens doivent en être conscients», ajoute-t-il.

Plusieurs facteurs échappent au contrôle du public. Au cours des années 2020 et 2021, la région Nena a été dévastée par les criquets pèlerins, qui ont ravagé les terres agricoles.

Faurès affirme ainsi que la communauté internationale et les puissances régionales devraient travailler ensemble dans le but de mettre en place des stratégies pour lutter contre ces fléaux, en veillant à ce que de tels chocs ne se manifestent pas par des famines.

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Les marchands de bétail égyptiens se rassemblent au marché d'Ashmoun dans le gouvernorat égyptien de Menufeya. Ils tentent de vendre du bétail avant la fête de l'Aïd al-Adha. (Photo AFP/Archives)

«Nous devons fournir une sorte de protection sociale aux personnes durement touchées par ces problèmes», résume-t-il.

Bien que la technologie et l'innovation soient des éléments fondamentaux pour aider à alléger le fardeau de l’insécurité alimentaire, le monde ne peut pas compter uniquement sur elles. Selon Faurès, les efforts doivent être orientés vers la promotion d'aliments plus sains, une production et une consommation plus durables, la résilience aux chocs et une vie meilleure pour les producteurs d’aliments.

«Des innovations contribueront à l'une ou l'autre, et peut-être même à des compromis entre ces aspects de la durabilité. Mais il sera également nécessaire de faire des choix», estime-t-il.

Faurès aimerait voir émerger, au-delà d’un renforcement du rôle de la société civile, une bonne gouvernance et des incitations de la part du secteur privé, qui pourrait contribuer à ce qu’un changement se produise dans la façon dont la nourriture est produite.

«Le secteur privé a un grand rôle à jouer car c'est un élément essentiel du système alimentaire d'aujourd'hui. Nous sommes tous dans le même bateau», conclut-il.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.