Comment une nouvelle génération de combattants talibans s'est façonnée sous le feu américain

Un combattant taliban (au centre) entouré de locaux à Pul-e-Khumri le 11 août 2021 après que les talibans ont pris le contrôle de la ville. (Photo, AFP)
Un combattant taliban (au centre) entouré de locaux à Pul-e-Khumri le 11 août 2021 après que les talibans ont pris le contrôle de la ville. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 19 août 2021

Comment une nouvelle génération de combattants talibans s'est façonnée sous le feu américain

  • Beaucoup de personnes en première ligne de l'offensive des talibans ont grandi dans l'Afghanistan post-taliban
  • Les Américains ont mal évalué la force des talibans, supposant qu'elle avait diminuée comme celle d'Al-Qaïda

ISLAMABAD : Alors que le président afghan Ashraf Ghani fuyait Kaboul pour une destination inconnue, des combattants talibans armés ont pénétré dans les bâtiments officiels du pays, notamment le palais présidentiel.

Des commandants supérieurs portant des turbans noirs se sont assis et ont fait des déclarations pendant que de jeunes combattants prenaient des selfies.

Dans la ville de Mazar-i-Sharif, dans le nord du pays, des combattants ont été vus tirer sur un panneau d'affichage de puissants seigneurs de guerre et de leur ennemi acharné Rashid Dostum, le piétinant lorsqu'il est tombé. D'autres parcouraient sa résidence, faisant des vidéos de ses intérieurs somptueux. 

Dans la ville occidentale de Herat, appelée «Little Iran» (Petit Iran), les combattants talibans ont eu des séances de photos avec des hélicoptères et d'énormes réserves d'armes américaines saisies.

La plupart de ces jeunes combattants sont nés après le 11 septembre ou étaient des enfants lorsque les États-Unis ont envahi l'Afghanistan.

Alors que les commandants supérieurs sont aguerris au combat contre les Soviétiques ou étaient le produit de la radicalisation dans les madrasas (écoles religieuses) ou les camps de réfugiés, bon nombre de ceux qui étaient en première ligne des offensives talibans sont des recrues relativement nouvelles qui ont grandi sous le nez des Américains. 

Conduisant des Humvees (véhicules tout-terrain de l'US Army, popularisés par leurs variantes civiles, les Hummer) et montant sur des chars, ils ont hissé le drapeau blanc des talibans dans tout le pays. Ce ne sont pas seulement leurs vêtements qui sont différents. Au lieu des postes de radio des commandants, ils ont des téléphones intelligents et téléchargent leurs propres vidéos.

«Ils sont colériques et intrépides», a confié Javed Khan, un commerçant du marché de Lashkar Gah, où les forces gouvernementales afghanes et les talibans ont livré des batailles féroces. «J'en ai vu quatre ou cinq tirer d'une main et lancer des grenades de l'autre. Ils sont beaucoup plus dangereux, car j'ai aussi vu leurs aînés se battre».

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Des combattants talibans assis au-dessus d'un véhicule dans une rue de la province de Laghman, le 15 août 2021. (Photo, AFP)

Maulvi Yahya, un leader taliban, a déclaré à Arab News : «C'est la nouvelle génération de moudjahidines talibans… L'ancienne génération a vaincu la Russie, la nouvelle génération a vaincu l'Amérique».

Les publications sur les réseaux sociaux montrent une partie de la nouvelle génération jouant avec des autos tamponneuses dans un parc d'attractions et sautant sur un trampoline peu après la prise de contrôle du pays par les talibans.

Noor Mohammad de la province de Helmand a révélé qu'il avait été rappelé de l'école un jour parce que son frère et son cousin avaient été tués.

«J'ai vu leurs corps… Tous deux ont été tués par des soldats de l'armée afghane, ciblés à tort parce qu'ils étaient avec les talibans», a-t-il affirmé, ajoutant qu'un religieux local et un commandant taliban se sont rendus peu après pour offrir des prières pour les défunts.

«Ils les ont déclarés martyrs et ont promis qu'ils iraient au paradis. Ils m'ont dit que c'était mon devoir de me venger. Le lendemain, je les ai rejoints au lieu d'aller à l'école».

Khaliq, un autre jeune combattant originaire d'un village à la périphérie de la ville de Kandahar, a perdu son père lors d'une frappe aérienne américaine lorsqu'il était enfant.

«Quand j'ai grandi, j'ai été inspiré par les moudjahidines talibans parce qu'ils essayaient de libérer notre terre des forces d'occupation», a-t-il signalé.

Pour ces jeunes combattants talibans dont les familles ont été tuées par les forces gouvernementales afghanes, il sera difficile d'accepter l'amnistie annoncée pour les fonctionnaires du gouvernement de Kaboul et les Américains.

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Des combattants talibans et des habitants sont assis sur un véhicule Humvee de l'armée nationale afghane (ANA) dans une rue de la province de Jalalabad, le 15 août 2021. (Photo, AFP)

Mais les commandants talibans sont pour la plupart des diplômés de madrasas et sont respectés en tant que religieux et enseignants.

«Nous avons gracié tous ceux qui se sont battus contre nous», a annoncé mardi Zabihullah Mujahid, le porte-parole des talibans. «Nous ne cherchons pas à nous venger».

L'amnistie offre également une couverture sûre aux soldats, aux ONG, aux fonctionnaires et à la police, entre autres. 

Des pressions importantes sont exercées sur les hauts dirigeants des talibans pour qu'ils s'abstiennent de se venger ou de commettre des actes brutaux susceptibles de saper les réalisations du groupe.

Un ancien de la tribu du Helmand a déclaré à Arab News que les talibans ont visité des villages et des villes de la province pas plus tard que le Ramadan cette année pour recruter des jeunes.

Il a affirmé que les visiteurs ont prononcé des sermons et leur ont offert une chance de faire partie d'une victoire historique contre les États-Unis.

L'ancien de la tribu a ajouté qu'après l'Aïd, les commandants talibans sont revenus avec des convois de jeunes recrues des villages.

La campagne des talibans s'est renforcée lorsque les États-Unis ont commencé à retirer leurs troupes d'Afghanistan en mai après avoir signé un accord avec le groupe à Doha.

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Un combattant taliban (2eme à gauche) avec des habitants à Pul-e-Khumri le 11 août 2021 après que les talibans ont pris le contrôle de la capitale de la province de Baghlan. (Photo, AFP)

Une fois que les États-Unis ont annoncé leur départ, les talibans ont senti la victoire, ce qui a remonté le moral des combattants sur le terrain alimenté par le zèle religieux.

Les talibans ont nourri leur prochaine génération à l'ombre des forces américaines, et la vitesse de leurs récentes victoires a complètement stupéfié l'Occident. 

Les États-Unis ont mal calculé la force des forces gouvernementales afghanes après avoir injecté 100 milliards de dollars dans leur armée et ignoré des facteurs clés tels que les désertions et la corruption dans leurs rangs. 

«Il s'agit d'un échec monumental des États-Unis, qui les hantera pendant très longtemps», a souligné le Dr Asfandyar Mir, analyste de la sécurité en Asie du Sud basé aux États-Unis. «Les talibans d'aujourd'hui sont aussi régressifs que la première génération, mais deux décennies de combat les ont décidément rendus politiquement et militairement bien meilleurs et plus forts».

Les Américains ont mal interprété la force des talibans, supposant qu'elle avait diminuée comme celle d'Al-Qaïda. Mais contrairement à Al-Qaïda, les talibans, dont on estime actuellement qu'ils comptent entre 55 000 et 85 000 combattants entraînés, ont eu le choix de se retirer et de se fondre dans la société.

Certains analystes sont optimistes sur le fait que les talibans apporteront cette fois un peu de pragmatisme à leur style de gouvernance. Leurs garanties aux musulmans chiites et leur accord d'interviews à des femmes journalistes pourraient être des indications positives.

Mais beaucoup refusent de croire que les talibans ont changé. «Le monde a vu ce qu'ils ont fait la dernière fois qu'ils étaient au pouvoir », a témoigné Fatimeh Noori, diplômée universitaire travaillant dans la ville d'Herat.

«Pourquoi devrions-nous croire qu'ils seront différents cette fois-ci alors que leur idéologie reste la même ?»

Les leaders politiques des talibans ont de l'expérience en diplomatie et ont fait preuve de flexibilité, mais ses combattants idéologiques sont plus rigides et croient qu'ils se sont battus contre l'Amérique pour ramener leur ancien régime en Afghanistan.

Étant donné que les talibans sont avant tout une force militaire avec une image dure, son sort dépend de la prépondérance des leaders politiques sur les aspirations militaires.

Pendant ce temps-là, des images de scènes horribles sur les pistes de l'aéroport international de Kaboul ont inondé les réseaux sociaux. Arab News a reçu un message Facebook d'un Afghan inquiet pour ses deux filles adolescentes.

«J'étais à Kaboul lorsque, après le 11 septembre, les Américains ont atterri sur le même tarmac en prétendant qu'ils étaient là pour libérer les Afghans. Maintenant, ils nous abandonnent aux talibans», se désole Hachem Ali.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Ukraine: la Russie a lancé une attaque nocturne record avec 188 drones, selon Kiev

Sur cette photo prise et diffusée par le service de presse présidentiel ukrainien le 25 novembre 2024, le président ukrainien Volodymyr Zelensky participe à une réunion avec le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Oleksandr Syrsky par appel vidéo à Kiev. (AFP)
Sur cette photo prise et diffusée par le service de presse présidentiel ukrainien le 25 novembre 2024, le président ukrainien Volodymyr Zelensky participe à une réunion avec le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Oleksandr Syrsky par appel vidéo à Kiev. (AFP)
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  • Moscou et Kiev ont intensifié leurs attaques de drones et de missiles ces dernières semaines, l'Ukraine ayant récemment tiré des missiles américains à longue portée sur la Russie et le Kremlin ayant lancé un missile hypersonique expérimental
  • "Malheureusement, des sites d'infrastructures essentielles ont été touchés" et "dans plusieurs régions, des maisons et immeubles résidentiels ont été endommagés"

KIEV: L'Ukraine a annoncé mardi avoir été la cible durant la nuit d'une attaque russe avec un nombre record de 188 drones de combat qui ont endommagé, selon Kiev, des immeubles résidentiels et des "infrastructures essentielles", mais n'a pas fait de victimes.

"Pendant l'attaque nocturne, l'ennemi a lancé un nombre record de drones de combat de type Shahed et non identifiés", ainsi que quatre missiles balistiques Iskander-M, a indiqué l'armée de l'air ukrainienne dans un communiqué sur Telegram.

Moscou et Kiev ont intensifié leurs attaques de drones et de missiles ces dernières semaines, l'Ukraine ayant récemment tiré des missiles américains à longue portée sur la Russie et le Kremlin ayant lancé un missile hypersonique expérimental sur une ville ukrainienne, menaçant également de frapper l'Europe et les Etats-Unis.

"Malheureusement, des sites d'infrastructures essentielles ont été touchés" et "dans plusieurs régions, des maisons et immeubles résidentiels ont été endommagés", a-t-elle ajouté. Selon les données préliminaires, l'attaque n'a pas fait de "morts ou blessés", a indiqué l'armée de l'air.

Vers le matin, la défense aérienne a réussi à abattre 76 drones dans 17 régions ukrainiennes alors que 95 de ses appareils sont probablement tombés en raison du brouillage électronique par l'armée ukrainienne, a ajouté le communiqué.

Cinq autres drones se sont envolés vers le territoire bélarusse, pays allié de Moscou situé au nord de l'Ukraine, selon la même source.

A Kiev, les journalistes de l'AFP ont entendu des explosions pendant l'alerte aérienne qui a duré plus de cinq heures. Selon l'administration militaire de la ville, "plus de 10 drones" russes visant la ville ont été détruits, sans causer de dommages cette fois-ci.


Borrell: Israël n'a «pas d'excuse» pour refuser un cessez-le-feu au Liban

"Mettons la pression sur Israël pour approuver la proposition de cessez-le-feu dès aujourd'hui", a affirmé mardi M. Borrell, s'inquiétant d'avoir "entendu des déclarations de ministres extrémistes du gouvernement israélien désireux de poursuivre les bombardements". (AFP)
"Mettons la pression sur Israël pour approuver la proposition de cessez-le-feu dès aujourd'hui", a affirmé mardi M. Borrell, s'inquiétant d'avoir "entendu des déclarations de ministres extrémistes du gouvernement israélien désireux de poursuivre les bombardements". (AFP)
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  • "Espérons qu'aujourd'hui le gouvernement de (Benjamin) Netanyahu approuvera l'accord de cessez-le-feu proposé par les Etats-Unis et la France", a affirmé Josep Borrell en marge d'une réunion du G7 près de Rome.
  • Le cabinet de sécurité israélien doit se prononcer mardi sur un cessez-le-feu dans la guerre contre le Hezbollah libanais, les Etats-Unis affirmant qu'un  accord était "proche"

FIUGGI: Israël n'a "pas d'excuse" pour refuser le cessez-le-feu au Liban négocié par les Etats-Unis et la France, a affirmé mercredi le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell.

"Espérons qu'aujourd'hui le gouvernement de (Benjamin) Netanyahu approuvera l'accord de cessez-le-feu proposé par les Etats-Unis et la France", a-t-il affirmé en marge d'une réunion du G7 près de Rome.

"Plus d'excuses, plus de requêtes supplémentaires, arrêtez ces combats, arrêtez de tuer des gens, et commençons à penser à la paix", a-t-il martelé.

Le cabinet de sécurité israélien doit se prononcer mardi sur un cessez-le-feu dans la guerre contre le Hezbollah libanais, les Etats-Unis affirmant qu'un  accord était "proche".

"Nous pensons être arrivés au point où nous sommes proches" d'un accord, a déclaré John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, tout en soulignant que rien n'était encore acquis et appelant à la prudence.

"Mettons la pression sur Israël pour approuver la proposition de cessez-le-feu dès aujourd'hui", a affirmé mardi M. Borrell, s'inquiétant d'avoir "entendu des déclarations de ministres extrémistes du gouvernement israélien désireux de poursuivre les bombardements".

"Un cessez-le-feu est absolument nécessaire si nous voulons que des centaines de milliers de déplacés puissent rentrer chez eux", a-t-il dit, déplorant que "tout le sud du Liban a été détruit".

Le 8 octobre 2023, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en soutien au Hamas, son allié palestinien, cible d'une offensive destructrice à Gaza lancée par Israël en riposte à une attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste contre son territoire le 7 octobre.


Climat : les pays se préparent à une déception générale à Bakou

COP29 Azerbaïdjan 2024
COP29 Azerbaïdjan 2024
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  • L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement.
  • Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

BAKOU : L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement. Mais quoi qu'il arrive d'ici la nuit, nombre de pays semblent résignés à repartir mécontents de la conférence sur le climat de l'ONU à Bakou.

La présidence azerbaïdjanaise de la COP29 prévoit de publier son ultime proposition de compromis vers 14 h 00 (10 h 00 GMT), avant de le soumettre à l'approbation des près de 200 pays réunis ici vers 18 h 00 (14 h 00 GMT), soit 24 heures après la fin théorique de la conférence.

La plupart des stands de nourriture ont fermé et le service de navettes entre le stade de la ville a cessé. Des délégués commencent à rejoindre l'aéroport.

Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

« Mieux vaut un mauvais accord qu'aucun accord », dit à l'AFP le chef des négociateurs du groupe africain, le Kényan Ali Mohamed. Il exige d'aller plus loin que les 250 milliards, « sinon cela mènera à l'échec de la COP ».

« Personne ne sera satisfait de tout, c'est sûr », ajoute-t-il.

L'Union européenne soutient un relèvement à 300 milliards annuels, ont confirmé plusieurs sources au sein de délégations à l'AFP. Mais les Européens conditionnent ce chiffre à d'autres avancées dans le compromis final. L'UE pousse notamment pour une revue annuelle des efforts de réduction des gaz à effet de serre, ce qui la met en opposition avec des pays comme l'Arabie saoudite.

« Les Saoudiens ont fait un effort extraordinaire pour qu'on obtienne rien », s'étrangle un négociateur européen.

« Je ne suis pas optimiste », confie à l'AFP le ministre de l'Environnement de Sierra Leone, Joseph Abdulai.

Alden Meyer, expert qui a participé à presque toutes les COP, prédit que « les pays en développement ne seront pas contents, que ce soit du nouveau chiffre de 300 ou de 350 ».

La question sera alors : accepteront-ils ce qu'ils considéreront être un mauvais accord, ou bloqueront-ils tout texte final ? Aux COP, toute décision doit être prise par consensus des 198 membres.

- Pression des ONG -

Le premier chiffre publié vendredi a été jugé « inacceptable » par les pays africains au regard des catastrophes qu'ils subissent et de leurs énormes besoins d'investissement dans les énergies bas carbone. Les petits États insulaires ont dénoncé le « mépris » dont leurs « peuples vulnérables » font l'objet.

Ils ont calculé que, compte tenu de l'inflation, l'effort financier réel des pays concernés (Europe, États-Unis, Canada, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande) serait bien inférieur, a fortiori si l'on tient compte des efforts déjà prévus par les banques multilatérales de développement.

« Si rien de suffisamment fort n'est proposé lors de cette COP, nous vous invitons à quitter la table des négociations pour vous battre un autre jour, et nous mènerons le même combat », ont écrit dans la nuit 335 organisations à une alliance de 134 pays regroupant les pays en développement et la Chine, appelée G77+Chine.

Une stratégie qui contredit le message d'urgence porté par de nombreux pays en développement. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, qui a d'autres priorités en vue pour la COP30 de Belém l'an prochain, a insisté pour « ne pas repousser » à 2025 la tâche confiée à Bakou.

« Nous devons redonner espoir au monde et montrer que le multilatéralisme fonctionne », a déclaré à l'AFP le ministre irlandais Eamon Ryan.

Les pays en développement chiffrent leurs demandes à entre 500 et 1 300 milliards de dollars par an, afin de les aider à sortir des énergies fossiles et à s'adapter au réchauffement climatique.

Quel nouveau chiffre proposera la présidence azerbaïdjanaise samedi ?

Il faudrait monter à 390 milliards d'ici 2035, ont réagi des économistes mandatés par l'ONU, Amar Bhattacharya, Vera Songwe et Nicholas Stern.

Un chiffre également repris vendredi soir par le Brésil et sa ministre de l'Environnement, Marina Silva.

- Austérité occidentale -

Mais les Européens sont sous pression budgétaire et politique.

L'Europe veut « assumer ses responsabilités, mais doit faire des promesses qu'elle peut tenir », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

Le précédent projet d'accord fixait séparément l'objectif de lever 1 300 milliards de dollars par an d'ici 2035 pour les pays en développement ; ce total inclurait la contribution des pays développés et d'autres sources de financement (multilatérales, privées, taxes, autres pays du Sud, etc.).

La Chine semble pour l'instant avoir obtenu ce qu'elle souhaitait : l'exemption d'obligations financières. Il n'est pas question de renégocier la règle onusienne de 1992 qui stipule que la responsabilité de la finance climatique incombe aux pays développés.

Dont acte : le texte de vendredi « invite » les pays en développement, dont la Chine fait officiellement partie, à contribuer.

- Organisation azerbaïdjanaise -

Des négociateurs et des ONG critiquent la gestion de la conférence par les Azerbaïdjanais, qui n'avaient jamais organisé un événement mondial d'une telle ampleur.

La COP s'est déroulée dans une atmosphère pesante. Le président Ilham Aliev a attaqué la France, alliée de son ennemi l'Arménie. Les deux pays ont alors convoqué leurs ambassadeurs respectifs.

Deux parlementaires américains disent avoir été harcelés à Bakou. Plusieurs militants environnementaux azerbaïdjanais sont actuellement détenus.

Pour Alden Meyer, personne ne souhaite suspendre la COP29 pour la reprendre plus tard : « Cela obligerait à travailler encore cinq mois sous cette présidence. »