LE LUC : Attisé par un vent capricieux toute la journée, l'incendie qui ravage depuis lundi le massif des Maures et l'arrière-pays de Saint-Tropez (Var) s'est étendu vers le nord mercredi, alourdissant encore un bilan dramatique avec désormais deux morts confirmés.
Mercredi soir, à 22h00, les pompiers du Var se félicitaient cependant de l'arrêt total du vent et des température en baisse: "Il faut rester humble et prudent, mais il faut en profiter pour lui faire mal à ce feu", a expliqué le commandant Florent Dossetti, échaudé par les nombreuses reprises du brasier durant la journée.
"Nous allons traiter les lisières et les points incandescents avant de reprendre le combat demain, mètre par mètre", a expliqué le représentant du SDIS 83, en espérant alors profiter "du rempart bâti par les Dash avec une barrière de plusieurs kms de produit retardant posée le long de l'autoroute A8", cet axe qui relie Nice et l'Italie.
Après deux journées sans victime humaine, le sinistre a fait ses deux premiers morts mercredi, deux corps calcinés retrouvés dans une maison touchée par les flammes, sur la commune de Grimaud, au coeur du massif des Maures.
En annonçant ces deux premiers décès, en plus de 24 blessés légers (19 civils, victimes d'intoxications, et sept sapeurs pompiers), mercredi après-midi, le préfet du Var, Evence Richard, a seulement confirmé qu'une des deux victimes était bien un homme, insistant sur le fait qu'il n'y avait "aucune certitude" pour le deuxième corps.
Selon plusieurs proches d'une jeune femme portée disparue depuis lundi soir alors qu'elle séjournait dans un gîte à Grimaud, la seconde victime serait pourtant bien cette touriste francilienne de 32 ans.
Contactée par l'AFP dans l'après-midi sur Facebook, une jeune femme proche de la disparue confirmait mercredi soir sur le réseau social la mort de son amie. Ce décès était également confirmé par son frère, dans un post titré "adieu petite soeur".
Contacté par l'AFP, le procureur de Draguignan, Patrice Camberou, n'a pas confirmé cette information, le corps n'ayant pas été encore formellement identifié: "Mais cette hypothèse est très très fortement plausible", a-t-il reconnu.
A l'abri dans les vignes
Olivier Carimatrand, 50 ans, autre habitant de Grimaud, au hameau du Val de Gilly, a cru sa dernière heure arrivée dans la nuit de lundi à mardi, même si sa maison est une des rares du quartier à ne pas avoir brûlé.
"Je savais que les vignes vertes n'allaient pas flamber, alors avec ma femme, mon chien et le chat, on s'est allongé à terre dans les vignes pour se protéger des vagues de chaleur produites par l'incendie", a-t-il expliqué.
Ce n'est qu'au milieu de la nuit qu'il verra finalement un gyrophare, celui du maire de Grimaud, Alain Benedetto: "Il a traversé les flammes avec le véhicule, il nous a sauvés, je n'oublierai jamais".
Sur le terrain, jusqu'à 1.200 soldats du feu ont été déployés contre les flammes mercredi, avant que les Canadairs, les Dash et les hélicoptères bombardiers d'eau soient contraints d'interrompre leurs rotations à la tombée de la nuit.
Mercredi, les pompiers ont dû affronter de nouveaux départs de feu, sur le front nord du sinistre. Après le mistral des deux premiers jours, le vent a en effet tourné au sud-est, poussant les flammes vers des zones jusque là épargnées. "Ce soir, c'est la commune de Vidauban, proche de l'A8, qui reste le point le plus chaud", a confirmé le commandant Dossetti.
Retour au camping
En trois jours, depuis le début de l'incendie lundi vers 17h45, à côté d'une aire d'autoroute sur l'A57, au nord de Toulon, ce sont désormais 6.300 hectares de forêt, de vigne et de garrigue qui ont été brûlés.
Certains des quelque 10 000 touristes évacués ont toutefois pu regagner leur camping mercredi soir, signe d'une sensible amélioration de la situation.
Escortés en convoi par les gendarmes, les 1 300 vacanciers du camping PachaCaïd du village de La Môle, réfugiés depuis lundi soir dans un gymnase de Bormes-les-Mimosas, sur la côte, ont ainsi été autorisés à retrouver leurs tentes ou leurs mobile-home.
Pour les 8.700 autres évacués, c'est en revanche une troisième nuit qui se profile, dans les centres d'accueil montés à la hâte dans sept communes côtières.
Dans le sud-est de la France, un autre incendie était toujours en cours mercredi soir, dans la région viticole et touristique de Beaumes-de-Venise (Vaucluse). Mais il était contenu, après avoir parcouru quelque 250 hectares. De même 400 pompiers étaient déployés dans l'Hérault, avec deux incendies vers Sète et Béziers qui ont parcouru plus de 250 hectares de garrigue, de vignes et de pinèdes.
La France avait jusqu'ici été relativement épargnée par les feux qui ont dévasté des milliers d'hectares et fait des dizaines de victimes dans plusieurs pays méditerranéens, de la Turquie à l'Algérie.