Pour des Afghanes, le retour des talibans marque «la fin du monde»

Cette photo d'archives prise le 3 août 2019 montre la réalisatrice Sahraa Karimi assistant à l'ouverture du Festival du film afghan à l'Université de Kaboul. Dans les semaines qui ont précédé leur retour au pouvoir, les dirigeants des talibans se sont efforcés de présenter une image plus douce que lorsqu'ils ont dirigé l'Afghanistan pour la dernière fois entre 1996 et 2001, mais les femmes peuvent avoir du mal à se réconforter de telles assurances.
Cette photo d'archives prise le 3 août 2019 montre la réalisatrice Sahraa Karimi assistant à l'ouverture du Festival du film afghan à l'Université de Kaboul. Dans les semaines qui ont précédé leur retour au pouvoir, les dirigeants des talibans se sont efforcés de présenter une image plus douce que lorsqu'ils ont dirigé l'Afghanistan pour la dernière fois entre 1996 et 2001, mais les femmes peuvent avoir du mal à se réconforter de telles assurances.
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Publié le Mardi 17 août 2021

Pour des Afghanes, le retour des talibans marque «la fin du monde»

  • «C'est un cauchemar pour les femmes qui ont fait des études, qui envisageaient un avenir meilleur pour elles-mêmes et les générations futures»
  • Au cours des dernières heures, des femmes très connues à Kaboul se sont exprimées sur les réseaux sociaux pour témoigner de leur tristesse

HONG KONG : Sa première nuit sous le régime des talibans, Aisha Khurram, 22 ans, l'a passée sans fermer l'oeil. Entre le bruit des balles et des avions évacuant des étrangers, elle n'est pas prête d'oublier cette journée qui "a brisé nos âmes et nos esprits".

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Aisha Khurram, 22 ans.

 

"Pour toute la nation, voir ainsi tout s'effondrer en un instant, c'était la fin du monde", a confié lundi matin à l'AFP cette étudiante afghane, quelques heures après l'entrée des talibans dans Kaboul.

Mme Khurram, qui a représenté la jeunesse afghane auprès de l'ONU, devait être diplômée de l'université de Kaboul dans les mois à venir.

Mais dimanche matin, ses camarades et elle n'ont pas pu accéder au campus et leur avenir est désormais plus qu'incertain.

"Le monde et les dirigeants afghans ont laissé tomber la jeunesse afghane de la manière la plus cruelle que l'on puisse imaginer", tempête-t-elle.

"C'est un cauchemar pour les femmes qui ont fait des études, qui envisageaient un avenir meilleur pour elles-mêmes et les générations futures".

Lorsqu'ils dirigeaient ce pays, entre 1996 et 2001, les talibans avaient imposé leur version ultra-rigoriste de la loi islamique.

Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier.

Le port de la burka était obligatoire en public et elles ne pouvaient quitter leur domicile qu'accompagnées d'un "mahram", un chaperon masculin de leur famille.

Les flagellations et les exécutions, y compris les lapidations pour adultère, étaient pratiquées sur les places des villes et dans les stades.

Le départ des talibans du pouvoir n'a pas pour autant amélioré la vie de toutes les Afghanes, notamment dans les régions rurales.

Les talibans ont affirmé à plusieurs reprises qu'ils respecteraient les droits humains si ils revenaient au pouvoir en Afghanistan, en particulier ceux des femmes, mais en accord avec les "valeurs islamiques".

Les Afghanes ont le plus grand mal à croire à ces promesses, notamment celles qui, pendant deux décennies, sont allées à l'université, ont occupé des postes à responsabilité, notamment en politique, dans le journalisme et même au sein de la magistrature et des forces de sécurité.

Au cours des dernières 24 heures, des femmes très connues à Kaboul se sont exprimées sur les réseaux sociaux pour témoigner de leur tristesse en voyant leur pays et toute leur vie tomber à nouveau aux mains des talibans.

"J'ai commencé ma journée en regardant les rues vides de Kaboul, horrifiée (pour) les habitants", écrit Fawzia Koofi, une militante des droits et ancienne vice-présidente du Parlement afghan. "L'histoire se répète si vite".

"La peur reste en vous comme un oiseau noir", ajoute Muska Dastageer, maître de conférences à l'Université américaine d'Afghanistan, inaugurée cinq ans après le départ des talibans. "Il ouvre ses ailes et vous ne pouvez plus respirer".

Le compte Twitter de Rada Akbar, une femme de 33 ans, était rempli lundi d'émoticônes "coeur brisé".

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Rada Akbar, 33 ans.

 

"Mon Afghanistan bien-aimé s'est effondré sous mes yeux", écrit-elle dans un message.

Sur un autre tweet, une photo devenue virale montre un homme recouvrant de peinture la photo d'une mariée souriante affichée sur la vitrine d'un magasin.

Pour elle, le geste de cet homme montre qu'il faut désormais "effacer les femmes de l'espace public" car les talibans ne tolèrent pas de reproduction d'images des femmes.

Cette peintre et photographe est connue pour ses autoportraits qui constituent sa déclaration d'indépendance et la revendication de son héritage, au nom des Afghanes.

Cette année, elle a été contrainte d'organiser son exposition, qui rendait hommage à des personnalités féminines afghanes, en ligne, après avoir reçu des menaces.

Lundi matin, sa peur était palpable.

"Je veux devenir invisible et me cacher du monde", écrit-elle dans son dernier tweet.

Samedi, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres s'est dit "horrifié"  de "voir que les droits durement acquis par les filles et les femmes afghanes sont en train de leur être enlevés".

Sahraa Karimi, l'une des réalisatrices afghanes les plus connues, a dit ne pas avoir l'intention de quitter l'Afghanistan.

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Sahraa Karimi.

 

"Jusqu'au bout, je n'abandonnerai pas mon pays", a-t-elle déclaré dans une vidéo publiée sur Twitter, essuyant des larmes.

"Peut-être, beaucoup penseront que c'est de la folie. Mais la folie, c'est ce qu'ont fait ceux qui ont abusé de notre patrie (...). La bêtise, c'est ce que le monde a montré en nous tournant le dos".

 


Robert Francis Prevost devient Léon XIV, le premier pape américain

Le pape nouvellement élu Léon XIV, Robert François Prévost, arrive pour la première fois sur le balcon de la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre, après que les cardinaux ont terminé le conclave, au Vatican, le 8 mai 2025. (AFP)
Le pape nouvellement élu Léon XIV, Robert François Prévost, arrive pour la première fois sur le balcon de la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre, après que les cardinaux ont terminé le conclave, au Vatican, le 8 mai 2025. (AFP)
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  • Pour la première fois de son histoire, l'Eglise catholique a élu un pape américain, Robert Francis Prevost, 69 ans, devenu jeudi Léon XIV
  • Son premier message au balcon de la basilique Saint-Pierre a été un "appel de paix" à "tous les peuples" devant une foule en liesse

Cité du Vatican, Saint-Siège: Pour la première fois de son histoire, l'Eglise catholique a élu un pape américain, Robert Francis Prevost, 69 ans, devenu jeudi Léon XIV, dont le premier message au balcon de la basilique Saint-Pierre a été un "appel de paix" à "tous les peuples" devant une foule en liesse.

C'est le cardinal "protodiacre", le Français Dominique Mamberti, qui a prononcé la célèbre formule "Habemus papam" ("nous avons un pape") et a présenté le successeur de François, près de 24 heures après le début du conclave des cardinaux dans la chapelle Sixtine.

Dans la foulée, Léon XIV s'est adressé, très ému, aux plus de 1,4 milliard de catholiques: "Que la paix soit avec vous tous!", ont été ses premiers mots, dans un italien teinté d'accent américain. "Merci au pape François", décédé le 21 avril à 88 ans, a-t-il aussi lancé remerciant ses collègues cardinaux de l'avoir élu.

Fidèles et touristes massés sur la place Saint-Pierre ont salué par un tonnerre d'applaudissements son apparition tandis que les cloches sonnaient à toute volée, un peu plus d'une heure après que la fumée blanche fut sortie de la mince cheminée installée sur le toit de la chapelle Sixtine.

Vêtu d'une mozette rouge et d'une étole, des habits liturgiques que François avait abandonnés, Léon XIV a appelé à "construire des ponts par le dialogue, par la rencontre, nous unissant tous pour être un seul peuple, toujours en paix".

Une vidéo diffusée par le Vatican dans la soirée le montre sortant de la chapelle Sixtine après son élection, chaleureusement salué par les cardinaux, avant une prière dans la chapelle Pauline voisine.

Du Liban à l'Espagne en passant par l'Italie, l'UE ou Israël, les réactions internationales se sont multipliées dès l'annonce de son élection.

Donald Trump a félicité le nouveau pape, parlant d'un "grand honneur" pour les Etats-Unis tandis que le président français Emmanuel Macron a plaidé pour que le "nouveau pontificat soit porteur de paix et d'espérance".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lui a souhaité de "réussir à promouvoir l'espoir" et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a souhaité qu'il "poursuive l'héritage de François".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit espérer que le Vatican continue à soutenir "moralement et spirituellement" Kiev, et Vladimir Poutine s'est dit certain qu'une coopération constructive se poursuivra entre la Russie et le Vatican.

- "Critères géopolitiques" -

Au Vatican la joie était grande chez les Américains présents place Saint-Pierre. "On ne s'attendait pas à ça, c'est une surprise complète et merveilleuse", affirme à l'AFP Kathy Hewitt, 58 ans, venue de Philadelphie, en agitant un petit drapeau américain.

"C'est l'Histoire, je n'ai pas de mots. Quand j'ai entendu qu'il était de Chicago... Je suis heureuse d'être ici", ajoute Gabrielle Estrada, une Américaine de 30 ans venue de San Antonio au Texas.

Robert Francis Prevost, homme d'écoute et de synthèse, classé parmi les cardinaux modérés et connaissant autant le terrain que les rouages du Vatican, était considéré comme l'un des candidats sérieux pour succéder au pape François, qui l'avait placé à la tête du puissant ministère chargé des nominations de évêques.

Les cardinaux ont donc opté pour la continuité, même si cet Américain, créé cardinal en 2023 par François qui a porté son ascension au Vatican, devrait mettre davantage les formes que son prédécesseur, qui avait bousculé le Saint-Siège avec son exercice du pouvoir personnel, voire cassant, froissant les plumes de la hiérarchie vaticane.

"C'est à la fois une opposition au gouvernement américain et la prise en considération des critères géopolitiques", a affirmé à l'AFP François Mabille, directeur de l'Observatoire géopolitique du religieux.

"Et c'est également, à la fois par le choix de son nom Léon XIV, et par son origine missionnaire, un lien qui est fait avec l'Amérique latine, où il vivait", a-t-il ajouté.

Léon XIV célèbrera vendredi à 11H00 (09H00 GMT) une messe avec les cardinaux dans la chapelle Sixtine, présidera la prière du Regina Coeli dimanche à 12H00 (10H00 GMT) et rencontrera lundi matin les journalistes au Vatican.

- Consensus -

Le 267e pape de l'Eglise catholique est le quatrième non italien de suite après le Polonais Jean-Paul II (1978-2005), l'Allemand Benoît XVI (2005-2013) et l'Argentin François (2013-2025).

Il a été élu au deuxième jour du conclave, qui s'annonçait très ouvert, du fait notamment des 133 cardinaux présents, un record. Il a réuni une majorité des deux tiers, soit au moins 89 voix. Mais le secret absolu entourant le conclave empêche de connaître les détails du scrutin.

Le natif de Chicago devra rapidement affronter des défis considérables pour une Eglise en perte de vitesse en Europe: finances, lutte contre la pédocriminalité, baisse des vocations...

Mais il devra aussi ressouder les différents courants d'une institution où cohabitent des sensibilités culturelles très diverses, entre une Europe sécularisée et des "périphéries" en croissance.

Il devra aussi apaiser une institution parfois bousculée par un pontificat de 12 ans ponctué de réformes qui ont fait l'objet de vives critiques internes.

Sa connaissance parfaite de l'ensemble de la Curie romaine (l'appareil administratif du Saint-Siège) devrait l'aider grandement dans sa tâche.


Commémorations du 8-Mai: Charles III mène l'hommage du Royaume-Uni

Le roi Charles III de Grande-Bretagne marche avec le doyen de Westminster David Hoyle alors qu'il arrive pour assister à un service d'action de grâce pour marquer le 80e anniversaire du VE Day, ou Jour de la Victoire en Europe, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, à l'abbaye de Westminster à Londres, le 8 mai 2025. (AFP)
Le roi Charles III de Grande-Bretagne marche avec le doyen de Westminster David Hoyle alors qu'il arrive pour assister à un service d'action de grâce pour marquer le 80e anniversaire du VE Day, ou Jour de la Victoire en Europe, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, à l'abbaye de Westminster à Londres, le 8 mai 2025. (AFP)
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  • Charles III a rendu hommage aux soldats britanniques morts durant la Seconde Guerre mondiale lors d'une cérémonie jeudi à l'abbaye de Westminster, à l'occasion du 80e anniversaire de la fin du conflit en Europe

LONDRES: Charles III a rendu hommage aux soldats britanniques morts durant la Seconde Guerre mondiale lors d'une cérémonie jeudi à l'abbaye de Westminster, à l'occasion du 80e anniversaire de la fin du conflit en Europe.

Le roi et la reine Camilla sont accompagnés notamment par le prince héritier William et son épouse Kate sans leurs trois enfants (George, Charlotte et Louis) qui avaient été présents lundi, au premier jour des commémorations au Royaume-Uni.

A 12H00 locale, (11H00 GMT) deux minutes de silence ont été observées lors de cette cérémonie --qui se déroule en présence du Premier ministre Keir Starmer et d'anciens combattants-- et partout dans le pays.

L'arrière-arrière-petit-fils de Winston Churchill, âgé de 10 ans, doit allumer une bougie de la paix.

"C'est vraiment super de pouvoir représenter ma famille et aussi la jeune génération afin qu'elle se souvienne de tous ceux qui ont participé à la Seconde Guerre mondiale", a déclaré jeudi matin le garçon à la chaine de radio BBC 4.

Le souverain de 76 ans et son fils William doivent déposer des couronnes de fleurs sur la tombe du soldat inconnu. Le roi le fera au nom de la nation et William au nom des anciens combattants.

À l'extérieur de l'abbaye, Camilla et Kate doivent déposer des fleurs au mémorial des victimes, en hommage aux morts de la guerre.

Un concert sur la place de Horse Guards Parade de Londres doit conclure la journée, marquant ainsi la fin des quatre jours d'événements pour le 80e anniversaire de la fin du conflit.

Cet anniversaire est l'une des dernières grandes commémorations de la Seconde Guerre mondiale à avoir lieu en présence d'un nombre substantiel de vétérans.

Lundi, un défilé militaire en fanfare et une apparition de la famille royale au balcon du palais de Buckingham avaient lancé les célébrations dans le pays.


Israël menace de faire à Téhéran ce qu'il a "fait au Hamas à Gaza"

Des Iraniens brandissent les drapeaux palestinien et iranien lors d'un rassemblement pro-palestinien à Téhéran, le 2 mai 2025. L'Iran a déclaré le 2 mai que le maintien des sanctions américaines contre ses partenaires commerciaux ne modifiera pas sa politique, après que le président Donald Trump a menacé de pénaliser les pays ou les individus qui font le commerce du pétrole iranien. (AFP)
Des Iraniens brandissent les drapeaux palestinien et iranien lors d'un rassemblement pro-palestinien à Téhéran, le 2 mai 2025. L'Iran a déclaré le 2 mai que le maintien des sanctions américaines contre ses partenaires commerciaux ne modifiera pas sa politique, après que le président Donald Trump a menacé de pénaliser les pays ou les individus qui font le commerce du pétrole iranien. (AFP)
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  • Israël fera subir aux dirigeants à Téhéran ce qu'il a "fait au Hamas à Gaza", a menacé jeudi le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, quatre jours après un tir des rebelles yéménites Houthis

JERUSALEM: Israël fera subir aux dirigeants à Téhéran ce qu'il a "fait au Hamas à Gaza", a menacé jeudi le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, quatre jours après un tir des rebelles yéménites Houthis, alliés de la République islamique, sur l'aéroport de Tel-Aviv.

"J'avertis (...) les dirigeants iraniens qui financent, arment et exploitent l'organisation terroriste des Houthis: le système de (vos) mandataires est terminé et l'axe du mal s'est effondré", déclare M. Katz dans un communiqué.

"Vous êtes directement responsables. Ce que nous avons fait au (mouvement islamiste libanais) Hezbollah à Beyrouth, au (mouvement islamiste palestinien) Hamas à Gaza, (au dirigeant syrien Bachar al-)Assad à Damas, nous vous le ferons aussi à Téhéran", a-t-il ajouté.

En riposte à un tir de missile des Houthis dimanche sur le principal aéroport international d'Israël, l'armée israélienne a mené des frappes cette semaine contre l'aéroport de Sanaa --la capitale du Yémen--, des stations électriques de la région et des cimenteries.

Soutenus par l'Iran, ennemi juré d'Israël, les Houthis font partie, avec le Hamas et le Hezbollah notamment, de ce que Téhéran présente comme "l'axe de la résistance" face à Israël. L'Iran dément néanmoins leur fournir une aide militaire.

Affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ils ont revendiqué des dizaines d'attaques de missiles et de drones contre Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

S'ils ont conclu un accord de cessez-le-feu avec les Etats-Unis, les Houthis ont affirmé qu'ils continueraient à s'en prendre à Israël et disent avoir lancé trois drones contre le territoire israélien mercredi.

Parallèlement, Israël poursuit son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza en riposte à l'attaque sans précédent perpétrée sur son sol par des commandos du mouvement palestinien le 7 octobre 2023.