ATHENES : Ils sont enseignants, peintres, professionnels de santé ou agriculteurs: les demandeurs d’asile arrivent en Grèce avec différentes qualifications, qui peuvent faciliter leur propre intégration et la vie de tous dans les camps, explique le HCR, qui a réalisé une enquête de profilage remise au ministère grec des Migrations.
Sur les îles grecques, les réfugiés et demandeurs d’asile sont les premiers à pouvoir venir en aide aux autres. "Vous avez un expert sur place, utilisez-le, d’autant plus que cette personne voit le problème de l’intérieur", a déclaré à l’AFP Mireille Girard, représentante en Grèce du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR).
Lors de la crise sanitaire et pour la campagne de vaccination, "le HCR a mobilisé tous les réfugiés et demandeurs d’asile avec un profil médical de façon à ce qu’ils disséminent de façon plus crédible l’information sur le Covid", a ajouté la responsable, en commentant le rapport du HCR intitulé "Des talents derrière les chiffres".
C'est le cas d’Abdoulaye Amadou, demandeur d’asile venu du Cameroun en novembre 2019, dont le profil est dressé dans le rapport du HCR. Diplômé d'un bachelor en management, il commence à apporter son aide peu après son arrivée, en tant qu'interprète au sein des groupes médicaux à Lesbos.
Il fait partie des nombreuses personnes dans les camps des îles qui ont contribué à expliquer la pandémie et les gestes barrières. Aujourd’hui, il participe à la campagne de vaccination, précise le rapport dont l'AFP a obtenu une copie.
"C’est important pour la perception que les réfugiés ont d’eux-mêmes et la confiance en leur avenir", ajoute Mireille Girard.
Car avant de fuir guerres et misère, de tout abandonner dans leur pays et de traverser la mer pour arriver dans une culture inconnue, les migrants avaient une vie, un métier et une expérience qui peuvent être "apportées à leur propres communautés ainsi qu'au marché du travail grec", souligne le rapport.
«Gagnant-gagnant»
Une situation "gagnant-gagnant" pour les réfugiés et leurs hôtes, estime le HCR, qui dit vouloir "guider" et "soutenir la politique d'intégration" de la Grèce, en fournissant ces données sur le niveau d'éducation et l'expérience professionnelle des demandeurs d'asile.
Et de citer aussi Loghman, réfugié d'Iran, qui a ouvert sa propre pâtisserie à Thessalonique, la deuxième ville de Grèce. Ou encore Safar, tailleur couturier en Irak, qui à Trikala, au centre du pays, a fabriqué des masques pour les locaux et les réfugiés quand la pandémie a frappé la Grèce.
Entre avril et mai 2021, le HCR a réuni le niveau d'éducation et le profil de plus de 7.000 migrants sur les îles de Lesbos, Chios, Samos, Kos, Leros, Rhodes et Tilos, un travail que l'agence onusienne s'apprête aussi à réaliser dans les camps du continent grec.
Selon ce rapport dressé en juin et remis ensuite au ministère des Migrations, 86% des demandeurs d'asile interrogés ont un niveau d'éducation moyen ou supérieur. Le spectre des compétences est large, en majorité dans le commerce, l'industrie, l'exploitation minière, l'agriculture et l'alimentaire. Parmi eux, il y a aussi nombre de médecins, avocats, enseignants et comptables.
Principale porte d’entrée de l’Europe pendant plusieurs années, la Grèce connaît un nombre décroissant d'arrivées sur son sol, à 4.338 cette année selon les chiffres du HCR actualisés au 1er août, loin derrière l'Espagne et l'Italie.