PARIS, France : "C'est l'incompréhension": Une centaine de centres commerciaux en France, sans compter de nombreux grands magasins, pourraient être concernés par l'obligation de pass sanitaire après le tour de vis du gouvernement annoncé mercredi, "surprenant" les professionnels.
"C'est l'incompréhension pour les commerçants. On a des allées larges, un sens de circulation, un système de ventilation et les gens vont aller s'entasser dans des centres commerciaux de moins de 20.000 mètres carrés, c'est aberrant", s'est étonné auprès de l'AFP Franck Ayat, président de l'association des commerçants de Rosny 2, en Seine-Saint-Denis, qui compte 180 boutiques.
"La solution n'est pas de mettre un service de sécurité à l'entrée du centre commercial car il va y avoir un flux bloquant, une tension", a-t-il expliqué proposant que "chaque commerce gère lui-même la vérification du pass sanitaire en y affectant un vendeur".
La préfecture de Seine-Saint-Denis n'avait pas encore imposé jeudi de pass sanitaire à l'entrée de ses grands centres commerciaux. Avec un taux d'incidence de 217 pour 100.000 habitants mercredi, le département est l'un des deux seuls susceptibles d'être concernés à ce jour en Ile-de-France avec le Val-de-Marne (203) par les mesures décrétées la veille par le gouvernement.
Ce dernier a fixé le critère épidémique pour imposer le pass sanitaire pour les centres commerciaux de plus de 20.000 m², soit un taux d'incidence supérieur à 200 pour 100.000 habitants sur une semaine.
La Loire-Atlantique qui avait imposé le pass sanitaire depuis lundi est ainsi revenue sur sa décision, son taux d'incidence étant de 149.
- "Un casse-tête" -
La mesure pourrait être potentiellement applicable à 129 centres commerciaux répartis dans les 38 départements de métropole et d'outre-mer avec un taux d'incidence élevé, selon un calcul tiré de la liste des centres de plus de 20.000 m2 communiquée jeudi à l'AFP par le Conseil National des Centres Commerciaux (CNCC).
A cette liste s'ajoutent les grands magasins d'une surface également supérieure à 20.000 m2 s'ils sont dans une zone à forte incidence.
"En termes pratiques, ce n'est pas évident à mettre en place. Cela va créer des files d'attente avec un risque sanitaire possible, un coût économique à court terme en recrutant des agents de sécurité supplémentaires, et une baisse de fréquentation", a déploré le délégué général du CNCC Gontran Thüring auprès de l'AFP.
M. Thüring a estimé à 30.000 euros par mois et "par porte d'entrée" de chaque centre, les dépenses supplémentaires liées à la vérification du pass sanitaire.
"Un casse-tête", confirme à l'AFP Grégory Lebacle, directeur de la sécurité d'une société prestataire du centre commercial de Roques-sur-Garonne d'une superficie de 50.000 m² et qui reçoit 13.000 visiteurs par jour, près de Toulouse.
"Il va falloir recruter entre cinq et huit agents de sécurité supplémentaires, ce qui représente un coût colossal de plusieurs dizaines de milliers d'euros", selon lui.
A cela s'ajoute la difficulté de "trouver du personnel qualifié en pleine période estivale, dans un laps de temps si court et en même temps que tous les autres centres commerciaux de la région".
La décision reste entre les mains des préfets qui, selon la loi validée la semaine dernière par le Conseil Constitutionnel, ne peuvent rendre obligatoire le pass sanitaire si cela compromet "l'accès des personnes aux biens et services de première nécessité ainsi qu'aux moyens de transport".
Certains grands centres commerciaux accolés à des gares de transport, comme le gigantesque centre La Part Dieu de Lyon (161.000 m2), l'un des plus grands d'Europe, se préparaient dans l'inconnu.
"Nous sommes très surpris par les annonces gouvernementales. Nous attendons les différents arrêtés préfectoraux qui varieront selon les seuils d’incidence (et) les caractéristiques propres à chaque centre", a indiqué son directeur Jean-Philippe Pelou Daniel.