PARIS: Le directeur général de Suez, Bertrand Camus, a jugé dimanche « aberrante pour Suez et funeste pour la France » l'offre faite par Veolia de racheter les parts d'Engie dans son groupe puis de lancer une OPA sur le reste de Suez, fustigeant « une tentative de déstabilisation majeure d'une entreprise phare de notre pays ».
Dans un entretien au Figaro publié dimanche soir, il dénonce « une opération financière opportuniste, avec une démarche baroque » qui « sous-valorise les actifs de Suez », dont les cours de Bourse sont « affectés par la Covid » alors même que Suez est « en train de renouer avec la croissance ».
« En achetant à Engie 29,9% de Suez, Veolia mettrait immédiatement la main sur son véritable concurrent avant même de lancer une éventuelle OPA » et « sur le plan opérationnel, nous serions paralysés pendant 12 à 18 mois, alors que nous devons répondre en permanence à des appels d'offres », plaide Bertrand Camus.
« L'opération proposée par Veolia est aberrante pour Suez et funeste pour la France. Il s'agit d'une tentative de déstabilisation majeure d'une entreprise phare de notre pays », selon lui.
Le patron de Suez rejette tout dialogue avec le PDG de Veolia Antoine Frérot, affirmant: « Nous avons trop de divergences sur l'avenir des deux groupes ». « Suez n'a pas besoin de se marier: nous sommes déjà le leader mondial de la distribution d'eau, avec 145 millions d'habitants desservis » et « depuis plusieurs années, Suez a un projet différent de Veolia, fondé sur des choix stratégiques qui accordent la priorité aux innovations technologiques et au digita ».
M. Camus estime que « Veolia ne propose pas un projet industriel » : « il propose de démanteler 40% de notre activité en France ».
Et « les 500 millions d'économies qu'il envisage auront un impact sur des milliers d'emplois en France et chez l'ensemble de nos clients dans le monde », met en garde le patron de Suez, en ajoutant : « les méga fusions sont synonymes de casse sociale ».
« Nous avons en France deux champions mondiaux, et l'on risque de finir avec un seul acteur, affaibli. C'est la France qui y perdrait », plaide M. Camus. « Ce qui compte c'est l'innovation, l'agilité pas la taille ! ».
« Avec Veolia, nous sommes embarqués dans un mirage industriel. Conformément à la décision du Conseil de Suez, ma priorité est de susciter une solution alternative ».