COACALCO: Lorsque Diego a recommencé à remettre le nez dehors et sortir avec ses amis, il ne s'attendait pas à rejoindre la cohorte grandissante de jeunes Mexicains contaminés par le variant Delta du Covid-19.
"J'ai baissé ma garde en pensant que je n'allais pas l'attraper, mais j'ai eu tort", confie cet étudiant de 20 ans hospitalisé dans une clinique privée de la banlieue nord de Mexico.
"Ce n'est pas une blague. C'est une maladie sans pitié", ajoute Diego qui préfère ne pas révéler son nom de famille.
Le jeune homme est l'un des 16 patients atteints du coronavirus traités dans ce même hôpital de Coacalco, dans une banlieue du nord de Mexico. Seuls trois d'entre eux ont plus de 60 ans.
Il est aussi l'un des contaminés de la troisième vague de la pandémie qui, contrairement aux deux premières, touche surtout les 20-30 ans.
Le bilan officiel de l'épidémie de Covid-19 au Mexique est le quatrième le plus élevé au monde, avec quelque 3 millions de cas confirmés et près de 245 000 morts. Mais les données réelles pourraient être plus alarmantes, selon des experts.
Le gouvernement attribue ce chiffre à des problèmes de santé très répandus au sein de la population mexicaine comme l'obésité, l'hypertension et le diabète.
Pas de confinement
Cette nouvelle vague s'explique par la dissémination du variant Delta, plus contagieux. Au cours des huit dernières semaines, la part du variant Delta sur l'ensemble des cas est passé de 31 à 67 %, selon l'Organisation panaméricaine de la santé.
Les autorités de la ville de Mexico (9,2 millions d'habitants) ont exclu vendredi d'imposer de nouvelles mesures de confinement, bien que le ministère de la Santé ait élevé l'alerte à la Covid dans la capitale à son niveau le plus haut.
"Pour l'instant, il semble que ni le gouvernement ni personne ne souhaite que les gens restent à nouveau confinés chez eux", a expliqué Jesus Victoria, chef infirmier à l'hôpital de Coacalco.
Bien que les personnes âgées de 18 à 29 ans aient commencé à être vaccinées fin juillet, il était déjà trop tard pour certains des patients de la clinique, a-t-il déploré.
"Nous avons pu faire sortir la plupart d'entre eux, mais nous avons également eu de nombreux décès parmi des jeunes", poursuit Jesus Victoria.
"Je ne sais pas si, en tant que société, nous échouons ou si le gouvernement échoue. Mais les centres commerciaux sont ouverts, les cinémas, les centres sportifs aussi. Cela complique les choses", ajoute-t-il.
Grâce aux vaccinations, le nombre d'hospitalisations reste bien inférieur au pic observé en janvier, lorsque le taux d'occupation dépassait 90 %.
Désormais, environ la moitié des lits d'hôpitaux et 58% de ceux qui sont équipés de respirateurs sont disponibles, selon le gouvernement.
Près de 50 millions de personnes dans ce pays de 126 millions d'habitants ont reçu au moins une dose de vaccin contre le coronavirus, et 27 millions d'entre elles ont bénéficié des deux doses, a précisé le ministère de la Santé.
Bars, fêtes
Hector Lopez, un programmeur informatique de 26 ans, également hospitalisé admet avec le recul que sa famille n'a pas été assez prudente.
"Habituellement, je ne sors pas, mais ce n'est pas le cas de mes proches", regrette-t-il.
Il évoque ses amis qui se répandent sur les réseaux sociaux en racontant leurs sorties en dépit des risques. "Ils vont dans des bars ou dans des fêtes comme si rien ne se passait", observe-t-il.
Mayra Jimenez, une autre patiente, estime que le variant Delta est si contagieux que tous ceux qui réussissent à y échapper sont chanceux.
"Heureusement, je m'en sors bien mais ce n'est pas le cas pour tout le monde", ajoute cette femme de 39 ans sous assistance respiratoire.