DHAKA : Au Bangladesh, plus de 50 % des infections du coronavirus à l’origine de Covid-19 et près de 44 % des décès subséquents sont attribuables au variant hautement transmissible Delta, ont révélé mardi les autorités sanitaires.
La Direction générale des services de santé (DGHS), une agence publique, a déclaré lundi que plus de 15 000 infections et 246 décès ont été signalés au cours des dernières 24 heures. Ceci porte le nombre total de cas à 1 280 317 et le bilan des décès à 21 500 depuis le début de la pandémie en mars de l'année dernière.
«Certaines de nos organisations, dont l'Institut d'épidémiologie du contrôle et de la recherche sur les maladies (IEDCR), ont effectué le séquençage du génome sur un petit nombre d’échantillons. Les explique a déclaré à Arab News le Dr Moushtaq Hussein, conseiller de l'IEDCR, ajoutant : «Dans les derniers décès, près de 44% étaient infectés par le variant Delta».
La tendance inquiétante survient au milieu de plusieurs avertissements d'experts de la santé. Il estiment que l'épidémie pourrait s'aggraver après que les autorités aient assoupli les restrictions liées à la Covid-19 avant la fête de l'Aïd Al-Adha à la fin juillet.
Des dizaines de milliers de Bangladais ont voyagé de diverses villes, dont la capitale Dhaka, vers leurs villages d'origine avant que le confinement ne soit réimposé pendant deux semaines supplémentaires, jusqu'au 5 août.
S'adressant aux journalistes, le ministre de la Santé Zahid Maleque avait alors signalé que la crise est «des plus difficiles». Il a mentionné un taux d'occupation de près de 90% dans les hôpitaux, et appelé le public à suivre les restrictions sanitaires.
«Nous n'avons pas respecté les protocoles de sécurité sanitaire, et les mesures de confinement ont également échoué lamentablement car les usines et les banques étaient opérationnelles à cette époque», révèle à Arab News le professeur Robed Amin, porte-parole de la DGHS.
«La plupart des gens étaient réticents à respecter les mesures de sécurité sanitaire, notamment le port de masques lorsqu'ils sortaient. Nous aurions dû impliquer le public davantage dans la sensibilisation», poursuit-il, ajoutant qu'un confinement strict était nécessaire pour «avoir de bons résultats».
Le Bangladesh, qui partage une longue frontière avec l'Inde, a commencé à subir la hausse des cas du variant Delta à la mi-mai. Le pic est atteint deux mois plus tard, avec plus de 200 décès quotidiens au cours de la première semaine de juillet.
Le Dr Hussain précise que bien que le variant frappe huit districts limitrophes, Dhaka reste la «plus touchée».
«Si la tendance actuelle se poursuit, il faudra peut-être attendre quelques semaines pour que le taux d'infection soit réduit», a-t-il jugé.
Néanmoins, Hussein croit que le Bangladesh «se porte toujours mieux que les autres pays de la région».
«Par rapport à l'Inde voisine, au Népal et à plusieurs autres pays de la région, le Bangladesh n'est pas en retard dans la gestion de la pandémie de la Covid-19. En Inde, il a fallu trois mois pour contenir la flambée causée par le variant Delta», rappelle-t-il.
En avril, la nation sud-asiatique de près de 170 millions d'habitants a été contrainte de suspendre sa campagne de vaccination à l'échelle nationale, après l'arrêt des exportations du vaccin AstraZeneca en provenance d'Inde. Le Bangladesh a repris sa campagne de vaccination avec le vaccin chinois Sinopharm et celui de Pfizer, fourni par le programme Covax, une initiative mondiale de partage de vaccins.
Toutefois, moins de 3% de la population avait été complètement vaccinée au 1er août.
Le professeur Amin insiste sur l’importance d'obtenir une immunité collective contre le virus mortel à travers une «campagne de vaccination massive».
«Si nous pouvons vacciner environ 10 millions de personnes par mois, tel que prévu dans le plan qui débute samedi prochain, le taux d'infection diminuera certainement bientôt», assure-t-il.
«Au cours des deux prochains mois, nous pourrons vacciner environ 20 millions de personnes avec les vaccins provenant de l'initiative Covax et ceux achetés par le gouvernement du Bangladesh».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com