MANILLE: Le chef de la Police nationale des Philippines (PNP), le général Guillermo Eleazar, a ordonné lundi une «purification en profondeur» dans les rangs de la police après qu'un membre du personnel civil a été identifié comme un membre clé du groupe Abou Sayyaf (ASG).
Dans un communiqué, Eleazar révèle que des agents du service de renseignement de la police ont arrêté vendredi Masckur Adoh Patarasa, aussi connu sous le nom de «Makong» et d’«Omair Sali Taib», dans la ville de Jolo, la capitale de la province de Sulu.
Selon le chef de la PNP, Patarasa serait le beau-frère de l’ancien chef de Daech en Asie du Sud-Est, Isnilon Hapilon, tué en 2017. Il est accusé d’avoir géré les finances et la logistique de l'ASG, le groupe intégriste le plus violent du sud des Philippines.
«Patarasa est un membre actif du personnel civil de la PNP. Il est actuellement affecté au poste de police municipale de Banguingui, au Bureau de la police provinciale de Sulu. Mais il a précédemment occupé le poste d’agent de liaison des finances et de la logistique de Daulah Islamiyah et de l'ASG, et [son nom] figurait dans le mandant d'arrêt de la loi martiale No1 lors du siège de Marawi, en 2017», explique Eleazar.
«Patarasa a été arrêté dans la municipalité d’Asturias, à Jolo, dans la province de Sulu, à 19 heures le vendredi 30 juillet lors d'une opération policière motivée par des informations [du service de] renseignement [...]. Inculpé, il fait l'objet de mandats d'arrêt [...] dans sept affaires distinctes d'enlèvement et de détention illégale grave», précise-t-il.
Les informations des services de renseignement relatives au suspect indiquent que, au mois de mai 2017, «Patarasa, accompagné d’un individu non identifié lié à l'ASG, avait prévu d'effectuer un virement de fonds à des membres d'Abou Sayyaf qui participaient aux combats dans la ville de Marawi par le biais de son beau-frère, Isnilon Hapilon».
Hapilon, également connu sous le nom d'«Abou Abdallah al-Filipini», figure sur la liste des personnes les plus recherchées des États-Unis. Il a été tué pendant le siège de Marawi.
À cette époque, il aurait été l'émir ou le chef de Daech aux Philippines.
Eleazar affirme que Patarasa a rejoint l'ASG en 2001, alors que le groupe armé était dirigé par Khadaffy Janjalani, sur l’île de Basilan. Il a ensuite travaillé pour le haut dirigeant de l'ASG Radullan Sahiron à Sulu.
Il aurait également eu des contacts directs avec le terroriste malaisien Amin Baco, dit «Abou Jihad». Ce dernier compte parmi les personnes qui auraient remplacé Hapilon en tant que chef de Daech dans la région.
«Une enquête approfondie nous a appris que Patarasa avait reçu des fonds d'Almaida Salvin, un terroriste qui figure sur la liste des sanctions du Trésor américain [...], via [un certain] Merhama Sawari», poursuit le chef de la PNP sans fournir davantage de détails.
Salvin a été arrêté dans la ville de Zamboanga au mois d’avril 2019 pour possession illégale d'explosifs. Quant à Sawari, il se trouvait parmi les quatre militants tués lors d'une fusillade avec la police à Paranaque le 20 juin de l'année dernière.
Eleazar n'écarte pas la possibilité que Patarasa ait divulgué des informations à l'ASG, ce qui expliquerait l'échec d’un certain nombre d’opérations policières dans la province de Sulu.
«Je suis heureux que nos policiers aient pu arrêter l’individu en question. [Cette arrestation] s’inscrit dans le cadre de la politique de purification en profondeur que nous poursuivons. La pureté des rangs doit être maintenue afin de regagner la confiance des gens au sein de notre organisation», explique Eleazar.
Le chef avait en outre intimé au Service des affaires intérieures (SAI) de la PNP d'accélérer la procédure de mise à pied du suspect.
Des enquêtes sont en cours pour déterminer si d'autres membres du personnel de la PNP entretiennent des liens avec l'ASG ou sont impliqués dans des activités criminelles ou terroristes.
«Nous aimerions également savoir comment Patarasa a réussi à intégrer la PNP malgré la multitude de mandats d'arrêt [dont il fait l’objet] et d’affaires [liées à] son nom en raison de son appartenance à l'ASG», déclare Eleazar. Ce dernier précise que les informations du renseignement montrent que le suspect a continué à exercer son rôle au sein de l'ASG tandis qu’il travaillait au sein de la PNP.
Eleazar cite le cas de Patarasa pour montrer combien il est important de purifier les rangs de la police au moment du processus de recrutement. «C'est l'une des raisons pour lesquelles nous devons rigoureusement contrôler ceux qui souhaitent rejoindre la PNP comme policiers ou employés civil», affirme-t-il.
Eleazar a félicité les policiers qui ont permis l'arrestation de Patarasa. «Vos actions montrent l’efficacité de notre campagne pour protéger notre l'organisation des personnes mal intentionnées», leur a-t-il dit.
Pour conclure, il a exhorté tous les membres de la PNP «à s’entraider pour que l'organisation policière reste respectable et demeure fidèle à son engagement, qui consiste à servir et à protéger la population».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com