RENNES, France : Une vieille caravane Airstream de 1975, toute en rondeurs, et ils ont pris la route: privés par la pandémie de leurs traditionnels rendez-vous au long de l'année, les cercles celtiques sillonnent cet été la Bretagne pour retrouver le public, habitants ou vacanciers.
"On se doutait que l'été serait une nouvelle fois particulier en raison du contexte sanitaire. On a donc lancé un festival itinérant en changeant de commune chaque jour, avec l'idée de valoriser à la fois les pratiques amateurs mais aussi d'accompagner la reprise des intermittents qui en ont bien besoin après tout ce qu'ils ont traversé", explique à l'AFP Mathieu Lamour, directeur de la fédération Kenleur, qui rassemble plus de 200 associations de cercles, dont une vingtaine en région parisienne, et 22.000 adhérents.
Parti de Cancale (Ille-et-Vilaine) le 12 juillet, le "Kenleur Tour" a programmé 54 étapes, toujours gratuites, du nord du Finistère au littoral de Loire-Atlantique en passant par l'intérieur, jusqu'au final, le 22 août à Guingamp (Côtes d'Armor) pour la fête annuelle de la Saint-Loup.
Chaque fin de journée, la vieille caravane se déploie sur un nouveau site: "elle sert de scène ambulante pour les musiciens, elle est équipée de micros et de lumières (...) On s'installe en fin d'après-midi et ça se prolonge généralement jusqu'à 23H00. On a du temps à rattraper", plaisante le directeur de Kenleur.
Chaque soirée est différente: concert, défilés en costume, animations, mais aussi ateliers de danse bretonne ou de broderie. Elles sont organisées avec les associations locales, cercles ou bagadou (réunis au sein de leur propre fédération, Sonerion, avec environ 10.000 musiciens).
"On a au moins 300 personnes tous les soirs. Les gens ont le sourire, et nous, on est extrêmement contents de ces retrouvailles", se réjouit Mathieu Lamour.
Habituellement, la vie des cercles et des bagadou comme des chanteurs traditionnels, est ponctuée de rassemblements, de formations et de concours tout au long de l'année, souvent suivis par un large public. Sans compter bien sûr les festivals de l'été, en format réduit, voire supprimés, depuis le printemps 2020. Autant de manifestations, gérées en distanciel depuis le début de la pandémie, sans contact avec le public. "Il a fallu s'adapter, se réinventer", commente le responsable de cette fédération culturelle, à la créativité souvent méconnue.
"On est content d'aider à redémarrer cette dynamique culturelle" par ce festival itinérant qui fait travailler en moyenne trois intermittents par soirée, souligne Mathieu Lamour.
Le "Kenleur Tour" est financé à part égale en auto-financement, par la région Bretagne et, "pour la première fois", par la Drac (Direction régionale des Affaires culturelles, ministère de la Culture).