À la prison de Rennes, bientôt un quartier à part pour les femmes radicalisées

Le passage dans ces QPR est d'une durée de six mois, renouvelable, sachant que les premiers bilans des QPR chez les hommes montrent que ce travail de «désengagement» doit généralement durer 18 mois pour porter ses fruits, avant le retour en détention ordinaire. (Photo, AFP)
Le passage dans ces QPR est d'une durée de six mois, renouvelable, sachant que les premiers bilans des QPR chez les hommes montrent que ce travail de «désengagement» doit généralement durer 18 mois pour porter ses fruits, avant le retour en détention ordinaire. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 30 juillet 2021

À la prison de Rennes, bientôt un quartier à part pour les femmes radicalisées

  • La prison de Rennes a été retenue pour les femmes car «il y a un savoir faire, une tradition, une expérience de l'établissement qui a l'habitude d'accueillir des personnes détenues terroristes»
  • La quinzaine de personnes affectées à la surveillance du quartier, toutes volontaires, ont reçu une formation spécifique de trois semaines

RENNES: Le centre pénitentiaire de Rennes va ouvrir en septembre un Quartier de prise en charge de la radicalisation (QPR) pour femmes, présenté comme une première en Europe, avec comme objectif de "désengager" ces détenues de la violence islamiste.

"C'est tout sauf un quartier d'isolement renforcé", lance Véronique Sousset, la directrice, en présentant jeudi à plusieurs médias les cellules encore en travaux qui seront occupées par six femmes en septembre, et une trentaine à terme. 

Depuis 2016, l'administration pénitentiaire a ouvert des QPR pour les hommes, désormais au nombre de six. Et c'est la prison de Rennes qui a été retenue pour les femmes car "il y a un savoir faire, une tradition, une expérience de l'établissement qui a l'habitude d'accueillir des personnes détenues terroristes", comme les Basques, relève Mme Sousset. Il s'agit du plus grand établissement du parc pénitentiaire français exclusivement féminin, avec près de 200 détenues.

Ce QPR pour femmes "est une première en France et en Europe", selon Mme Sousset.

Pour entrer dans ce QPR, il faut traverser une grande cour en forme de cloitre dans cette prison bâtie au XIXe et qui a la particularité d'être implantée en plein centre-ville, à une centaine de mètres de la gare futuriste de Rennes. 

Puis il faut franchir une grille au premier étage pour découvrir des cellules de 11m2, d'où l'on aperçoit à travers les barreaux des maisons de la capitale bretonne. Pour éviter tout prosélytisme avec les autres détenues, "ces cellules sont étanches du reste de la détention", précise Mme Sousset, soulignant que ces femmes bénéficieront d'une salle d'activité ou d'une cour pour la promenade à part.

À noter également que le mobilier (lit, armoire, WC) sera scellé pour des questions liées à la sécurité alors que six attentats islamistes ont eu lieu dans les prisons françaises depuis celui d'Osny (Val d'Oise) en 2016. Toutes les ouvertures de cellule s'effectueront par un binôme.

Autre preuve du caractère atypique du QPR, la quinzaine de personnes affectées à la surveillance du quartier, toutes volontaires, ont reçu une formation spécifique de trois semaines.

«Pas de baguette magique»

Lors de leur passage dans ces QPR, "elles auront un véritable emploi du temps et vont être assez occupées", promet Marie Fageot, conseillère d'insertion et probation. Au programme: du sport, des actions sur le désengagement de la violence, un travail sur l'estime de soi, la place de la femme en société ou la venue d'une vice-championne paralympique. 

En outre, "nous allons faire appel à des médiateurs du fait religieux qui sont des islamologues et vont permettre d’aborder le fait religieux d’un point de vue historico-critique", explique François Toutain, directeur des Services pénitentiaires d'insertion et de probation d'Ille-et-Vilaine. 

L'objectif n'est pas de constituer une unité de "déradicalisation": "on n'a ni recette miracle, ni baguette magique. La déradicalisation est un fantasme, ça n’existe sans doute pas", juge Ismaël Righi, directeur adjoint à la lutte contre la radicalisation. Le dessein est bien d'"insuffler chez elles un doute sur leur croyance et sur ce qu'on a pu leur faire croire". 

Aussi, le passage dans ces QPR est d'une durée de six mois, renouvelable, sachant que les premiers bilans des QPR chez les hommes montrent que ce travail de "désengagement" doit généralement durer 18 mois pour porter ses fruits, avant le retour en détention ordinaire.

Selon la sociologue Géraldine Casutt, chercheuse à l'université de Fribourg (Suisse) et spécialiste des questions du jihadisme féminin, "le fait qu’une politique pénale se mette en place pour les femmes montre qu’il y a une prise de conscience de l’importance des femmes dans la place jihadiste", dans une opinion désormais marquée par l'attentat manqué contre Notre-Dame par un commando de femmes jihadistes en 2016.

"On a longtemps voulu les considérer avant tout comme des victimes de cette radicalisation, finalement c’était toujours des 'radicalisations accidentelles', car elles sont tombées amoureuses ou se sont fait manipuler sans jamais être vraiment perçues comme actrices de cet engagement jihadiste", note-t-elle.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".