PAPEETE: Le président Emmanuel Macron s'est arrêté au bord de la route pour discuter avec des militants de l'association anti-nucléaire 193, s'engageant à la transparence sur les essais nucléaires et assurant qu'il les avait "entendus", lors de sa visite en Polynésie française.
"Je ne peux pas vous demander d'avoir confiance en moi après qu'on vous ait menti si longtemps en ne partageant pas les informations, c'est vrai, et donc je pense que la confiance, ça se construit en disant tout, en partageant la totalité, en étant beaucoup plus transparent et c'est vrai qu'on n'a pas fait le boulot jusqu'à présent", a-t-il déclaré devant un groupe d'une cinquantaine de manifestants sur l'île de Moorea, parmi lesquels flottaient des drapeaux indépendantistes.
"Vous m'excuserez, mais on ne peut pas s'empêcher de penser que vous êtes en fin de mandature, donc des paroles c'est une chose, mais après, concrètement? Il y a des demandes urgentes, des personnes qui souffrent. On vous demande d'assumer ce que l'État a fait à ce peuple polynésien, un pardon et vraiment une prise en charge", a rétorqué Léna Lenormand, vice-présidente de l'association 193, qui fait référence au nombre d'essais nucléaires français réalisés en Polynésie.
"Je sais que pendant très longtemps il y a eu du silence et un refus de partage même d'information, d'assumer les choses, d'être transparents. (...) Je m'exprimerai ce soir, mais je vous ai entendus, et j'ai entendu ce que vous me demandiez, et vous verrez ma réponse", lui a répondu le chef de l'État.
"Je m'engage à ce que les choses changent en termes de procédures d'indemnisation parce que c'est vrai que la loi de 2010 aujourd'hui laisse des gens dans la détresse, avec des procédures qui sont trop longues", a poursuivi M. Macron.
En revanche, la solidarité nationale et la responsabilité de l'État, "ce n'est pas la même chose", a-t-il affirmé.
Pour le président, "il est normal, et c'est un devoir de la nation, d'accompagner toutes les Polynésiennes et les Polynésiens qui aujourd'hui sont frappés par les nouvelles formes de cancer. Et il faut qu'il y ait une offre de soins, des médecins et des chercheurs, compte tenu de la double insularité dans laquelle vous êtes".
"Une autre chose est de dire que tous les gens qui ont de nouvelles formes de cancer, combien même ils n'ont rien à voir avec les essais, doivent être pris en charge au titre des essais. Ce n'est pas la même chose", a-t-il estimé.