PARIS : Le parquet de Paris a requis un procès pour trois policiers pour "homicide involontaire", dans l'enquête sur la mort d'un homme lors de son arrestation en 2015, a-t-on appris mercredi.
La décision finale revient au juge d'instruction chargé de ce dossier. Dans la nuit du 5 au 6 mars 2015, le décès d'Amadou Koumé, 33 ans, père de trois enfants, avait été constaté dans un commissariat après son arrestation dans un bar proche de la gare du Nord à Paris. Le personnel avait appelé la police à cause de l'attitude agitée et menaçante du trentenaire, manifestement sous l'emprise d'une crise psychotique.
L'expertise médicale finale a conclu que M. Koumé a succombé à un "œdème pulmonaire" causé par "l'association d'une asphyxie mécanique lente et d'une intoxication à la cocaïne". Elle ajoutait que "le traumatisme cervical et laryngé" entraîné par l'étranglement avait "participé à la survenue de cette asphyxie", également "favorisée" par son immobilisation au sol.
Un premier équipage n'était pas parvenu à maîtriser M. Koumé, un homme de 1,90 m et 107 kg qui se débattait en pleine crise d'angoisse. Le policier de la BAC avait alors prêté main forte en procédant à une clé d'étranglement de quelques dizaines de secondes. Il avait ensuite reçu un coup de menotte et repris l'étranglement pendant deux minutes.
La clé d'étranglement, technique controversée et bannie de la gendarmerie mais encore pratiquée dans la police, est régulièrement au coeur d'enquêtes en France. Le policier s'est défendu en invoquant l'urgence face à un "risque très important" que M. Koumé, doté d'une "force herculéenne", se saisisse d'une des armes de ses collègues présents.
Selon son réquisitoire rendu le 8 juillet et consulté par l'AFP, le parquet estime que les trois fonctionnaires sont responsables de négligences qui ont conduit au décès, justifiant leur procès pour "homicide involontaire".
"Une fois amené au sol, face contre terre, mains entravées dans le dos et membres inférieurs tenus par des serre-flex, Amadou Koumé ne présentait plus aucun danger pour autrui. C'est donc par manque de discernement qu'il a été maintenu en position de décubitus ventral durant 6mn30, sans le moindre contrôle de son intégrité", selon le parquet.