PARIS: Il est à peine 8H30 et déjà 16 personnes s'agglutinent en file indienne à l'entrée d'un laboratoire de biologie médicale parisien. Toutes viennent se faire tester à la Covid-19 mais une minorité le font en prévision de l'arrivée du pass sanitaire mercredi.
"J'en ai besoin pour rentrer en Caroline du Nord", explique Emily Lanie, Américaine en visite dans la capitale. "Moi, pour aller voir ma famille en Israël", poursuit derrière elle Gabriel Ruben, épicier. "De mon côté, je suis cas contact après une semaine de vacances à Saint-Tropez", confie Sarah Franschini, étudiante.
Malgré l'instauration d'un "pass sanitaire" à partir de mercredi dans les lieux accueillant au moins 50 personnes (musées, salles de spectacles, établissements sportifs, foires-expositions, parcs d'attractions, etc.), les Français non-vaccinés (un peu plus de la moitié de la population) ne se sont pas rués la veille en pharmacie ou en laboratoire pour se faire tester.
Étudiant en kinésithérapie de 23 ans dont le job d'été consiste à réaliser des tests RT-PCR et antigéniques à la pharmacie Lafayette des Halles (IVe arrondissement), Adam Sabbah le confirme. "La majorité des patients viennent parce qu'ils doivent voyager", même si "certaines personnes sont venues me poser des questions sur le pass, en m'affirmant qu'elles reviendraient mercredi".
"On s'attend à ce que ce week-end tout le monde arrive à la dernière minute", prédit de son côté Nicolas Sinitambirivoutin, docteur en pharmacie boulevard de Sébastopol (IVe arrondissement.)
Explosion de la vaccination
Les pharmaciens et biologistes interrogés remarquent une augmentation de la fréquence de tests d'environ 30%, non significative selon eux. À l'inverse de la vaccination qui "explose".
"Depuis les annonces d'Emmanuel Macron, on m'appelle toutes les 5 minutes pour se faire vacciner", témoigne M. Sinitambirivoutin, pour qui la plupart des réticents au vaccin finiront bien par le faire pour éviter les "tests antigéniques à vie".
"Les gens commencent à prendre leurs responsabilités. Ils arrêtent enfin de procrastiner et prennent le chemin de la vaccination", abonde Juan Diego Ocando Ruiz, informaticien vénézuélien à Paris depuis 6 mois venu faire "un test de routine" à la pharmacie Lafayette.
Pour Marie-Noëlle Ben Zadhdane, retraitée, qui patiente devant lui, "le gouvernement à raison de rendre payant les tests dans un futur proche, ça encouragera ceux qui ne sont pas encore vaccinés à le faire". Malgré une double dose, elle est contrainte de passer un test pour partir en Tunisie.
Mais un peu plus loin dans la file, le discours n'est pas le même. "C'est n'importe quoi de forcer les gens en bonne santé. Moi je n'en ai pas envie et je ne le ferai pas", fustige par exemple Guillaume Lecuirot, coiffeur depuis 10 ans, présent, lui, en prévision de l'instauration du pass sanitaire dans les salles de sport.
"C'est le seul test de l'été que je ferai. Après je modifierai la date du certificat. On est nombreux à le faire", affirme-t-il.
"Je comprends qu'on n'ait pas envie de se faire vacciner, mais bon, si on veut s'en sortir, il faut passer par là", tempère Ludovico Franchini, conseiller manager, cas contact.
Juste derrière, Céline Blanchard, résidente des Pays-Bas venue faire un test pour rentrer chez elle, regrette à l'avance que cet été, "ceux qui ne sont pas vaccinés viennent faire plein de tests", rallongeant d'autant les files d'attente pour "ceux qui en ont un besoin urgent pour le travail ou pour voyager".