Plan climat: les Etats de l'UE affichent leur «scepticisme», dures négociations en vue

Frans Timmermans (à gauche), en charge du «Pacte vert», a réclamé mardi aux États «une évaluation objective»: «Donnez-nous le respect d'analyser correctement notre proposition!». (Photo, AFP)
Frans Timmermans (à gauche), en charge du «Pacte vert», a réclamé mardi aux États «une évaluation objective»: «Donnez-nous le respect d'analyser correctement notre proposition!». (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 21 juillet 2021

Plan climat: les Etats de l'UE affichent leur «scepticisme», dures négociations en vue

  • La proposition d'étendre le marché du carbone européen au transport routier et au chauffage résidentiel suscite la controverse
  • Si les Vingt-Sept ont salué mardi «l'architecture complète et ambitieuse» du plan climat, le nouveau marché carbone suscite «du scepticisme»

KRANJ: Les ministres de l'Environnement de l'UE ont exprimé mardi des inquiétudes sur l'impact social du plan climat proposé par Bruxelles, face à un exécutif européen récusant "l'argument gilets jaunes" – de quoi augurer de négociations difficiles.

Réunis en Slovénie, les représentants des Vingt-Sept examinaient l'arsenal de mesures dévoilées le 14 juillet par la Commission européenne pour réduire de 55% d'ici 2030 par rapport à 1990 les émissions carbone de l'UE.

Si une partie de ce tentaculaire plan climat (taxe carbone aux frontières, taxation du kérosène, fin des voitures à essence...) fait consensus dans les grandes lignes, la proposition d'étendre le marché du carbone européen au transport routier et au chauffage résidentiel suscite la controverse.

"Beaucoup de réserves se sont exprimées. Ce sera un casse-tête difficile à résoudre, la Commission aura pas mal d'explications à donner", a commenté le ministre slovène Andrej Vizjak, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE.

Le projet obligerait les fournisseurs de carburants et fioul domestique à acheter des quotas d'émissions sur un second marché du carbone, opérationnel en 2025, au risque de répercuter ce surcoût sur la facture des ménages les plus vulnérables.

La mesure doit être approuvée par les eurodéputés et une majorité qualifiée d'États membres.

«Piège à pauvreté»

Si les Vingt-Sept ont salué mardi "l'architecture complète et ambitieuse" du plan climat, le nouveau marché carbone suscite "du scepticisme" et "beaucoup de ministres ont rappelé que cela devait être socialement acceptable", confie la ministre luxembourgeoise Carole Dieschbourg.

"Il ne faut pas introduire de nouveaux clivages et inégalités, mais créer une stratégie de croissance qui ne soit pas un piège à pauvreté. Ce débat a beaucoup résonné", avivant le spectre d'"une Europe à deux vitesses", renchérit le polonais Michal Kurtyka.

Bruxelles propose l'établissement d'un fonds social, évalué à quelque 70 milliards d'euros sur sept ans et alimenté par les recettes du marché carbone, pour compenser l'impact sur les ménages les plus modestes.

Mais la solution peine à convaincre: "Le diable est dans les détails et dans l'arithmétique. Un certain déséquilibre est inscrit dans cette politique", tranche M. Kurtyka, interrogé après la rencontre.

Il invoque le précédent de la contestation des "gilets jaunes" en France, née d'un projet de taxe carbone, mais aussi le "piège" pour les pays d'Europe centrale, "dont une partie de la population ne peut simplement pas se permettre" de payer davantage essence et chauffage.

Concernant les investissements colossaux dans les technologies vertes, "les pays qui peuvent se le permettre sont privilégiés", note-t-il.

La Hongrie a jugé la proposition européenne "inacceptable", tandis que Paris s'est dit "réservé sur la pertinence du dispositif et ses conséquences sur les ménages et petites entreprises", appelant à préserver "justice sociale et solidarité".

«Boulot énorme»

Au château de Brdo, le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, en charge du "Pacte vert", a réclamé mardi aux États "une évaluation objective": "Donnez-nous le respect d'analyser correctement notre proposition!".

"Il y a toujours un risque que la population rejette des propositions, mais parfois, l'argument 'gilets jaunes' est utilisé par ceux qui ont des intérêts très précis à défendre", s'est énervé M. Timmermans, rappelant la nécessité de sabrer les émissions de CO2 en forte croissance du secteur des transports.

Pour lui, le plan de la Commission est "juste et solidaire", même s'il se dit ouvert à d'éventuelles alternatives: "Nos propositions permettent de soutenir massivement les personnes menacées de précarité énergétique (...) Je vois mal comment une taxe ou réglementation pourrait faire ça", juge-t-il.

M. Vizjak prévoit un "boulot énorme et compliqué" pour trouver un compromis entre Commission, Parlement européen et États, sans doute pas avant fin 2022. "Le partage des efforts doit être efficace et équitable (....) Avec des situations différentes au départ selon les pays, il n'y a pas de solution uniforme", a plaidé le ministre slovène.

Si la majorité qualifiée des États suffit pour approuver le texte, "il faudra quand même qu'on construise des coalitions, et convaincre par la force des arguments", prévient Michal Kurtyka.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.