KABOUL: L'Afghanistan a rappelé dimanche son ambassadeur et d'autres hauts diplomates en poste à Islamabad, "à la suite de l'enlèvement de la fille" de son représentant au Pakistan et "tant que n'ont pas disparu les menaces sur leur sécurité", a annoncé le ministère afghan des Affaires étrangères.
Le ministère afghan avait convoqué samedi l'ambassadeur du Pakistan à Kaboul et émis "une vigoureuse protestation" après "l'enlèvement durant plusieurs heures" vendredi par des inconnus de Silsila Alikhil, fille de son ambassadeur à Islamabad, Najibullah Alikhil.
Le Pakistan avait annoncé parallèlement avoir renforcé la sécurité de l'ambassadeur et lancé une enquête pour retrouver les coupables de cet "enlèvement".
"Après l'enlèvement de Silsila Alikhil, fille de l'ambassadeur afghan au Pakistan, le gouvernement de la République islamique d'Afghanistan a rappelé à Kaboul son ambassadeur et d'autres hauts diplomates en poste à Islamabad, tant que les menaces sur leur sécurité ne seront pas levées, ce qui inclut l'arrestation des ravisseurs et des poursuites à leur encontre", fait savoir le ministère afghan dans un communiqué.
"Une délégation afghane se rendra au Pakistan dans un futur proche pour évaluer et suivre ces sujets. À la lumière de leurs conclusions, des mesures supplémentaires pourraient être prises", poursuit-il.
Samedi soir, le ministre pakistanais de l'Intérieur, Sheikh Rashid Ahmed avait indiqué sur Twitter "avoir reçu du Premier ministre Imran Khan l'ordre de mettre en œuvre tous les moyens pour arrêter les personnes impliquées dans l'enlèvement de la fille de l'ambassadeur afghan".
"La police et les autres agences des forces de l'ordre doivent enquêter sur cet incident en toute priorité, faire la lumière sur le sujet et arrêter les coupables sous 48 heures", a-t-il ajouté.
Les voisins afghans et pakistanais entretiennent des relations tendues depuis de nombreuses années.
Kaboul accuse son puissant voisin de l'Est de donner refuge aux talibans qui mènent une insurrection islamiste depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir en Afghanistan fin 2001 par une coalition internationale menée par les États-Unis.
Les insurgés ont lancé depuis deux mois une offensive tous azimuts contre les forces afghanes qui leur a permis de s'emparer de vastes pans de territoires dans les zones rurales.
Islamabad accuse de son côté Kaboul de fermer les yeux sur les attaques menées contre lui depuis l'Afghanistan par des groupes hostiles.
Le ton est monté ces derniers jours entre les deux pays, le premier vice-président afghan, Amrullah Saleh multipliant les accusations de soutien pakistanais aux talibans sur les réseaux sociaux. Il a notamment récemment accusé l'armée pakistanaise d’avoir fourni un "soutien aérien aux talibans dans certaines zones".
Le Pakistan a fermement démenti ces accusations.