BEYROUTH: Un candidat antipouvoir a été élu dimanche nouveau bâtonnier de l'ordre des ingénieurs de Beyrouth, une victoire écrasante applaudie sur les réseaux sociaux comme un nouveau revers à une classe dirigeante honnie par la rue et sous pression internationale.
A la tête d'une liste de dix membres baptisée "Al Nakaba tantafed" ("Le syndicat se révolte"), Aref Yassine, 58 ans, a remporté le scrutin avec 5 798 voix.
Sa liste est notamment composée d'une coalition issue du mouvement de contestation né en octobre 2019 contre une classe politique accusée de corruption, d'indifférence et de laisser couler le pays.
En face, les candidats Bassem al-Oueini, soutenu par des partis au pouvoir, et Abdo Soukariya, ont respectivement remporté 1 528 et 1 289 voix.
A l'annonce des résultats, de nombreux ingénieurs et de militants rassemblés au siège du syndicat ont laissé éclater leur joie.
"Félicitations pour avoir récupéré l'ordre des ingénieurs", a lancé sur Facebook Aline Fleihan, ayant participé au scrutin.
"Le rouleau compresseur de la révolution ne s'arrêtera plus", a renchéri le militant Tarek Charaf.
Le mouvement inédit de contestation de l'automne 2019 contre l'ensemble des dirigeants libanais avait déjà entraîné l'élection d'un indépendant à la tête de l'ordre des avocats, Melhem Khalaf, face au candidat des partis au pouvoir.
Miné par la pire crise économique de son histoire en raison de l'inaction "délibérée" de ses dirigeants, selon la Banque mondiale, le Liban est toujours sans gouvernement depuis onze mois, sur fond de marchandages et de blocages politiciens, alors que plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté et que la monnaie nationale ne cesse de dévisser.
Jeudi, le Premier ministre désigné Saad Hariri a annoncé renoncer à former un nouveau gouvernement censé lancer des réformes indispensables pour débloquer notamment des aides internationales cruciales.
La France, qui chapeaute les efforts internationaux pour une sortie de crise, a évoqué un nouvel "épisode dramatique" et une "autodestruction cynique".