LONDRES: Le revirement du gouvernement britannique, qui a annoncé que les résidents au Royaume-Uni pleinement vaccinés de retour de France devront finalement continuer à observer une quarantaine, a semé frustration et colère, juste avant un assouplissement attendu des règles.
A partir de lundi, les personnes entièrement vaccinées au Royaume-Uni et venant de pays classés "orange", dont de nombreuses destinations touristiques en Europe comme l'Italie ou l'Espagne, n'auront plus besoin d'observer de quarantaine à leur arrivée en Angleterre.
Mais la France fera exception en raison de la "présence persistante" de cas du variant Beta du coronavirus, a annoncé le gouvernement vendredi soir.
Il est probable que les gouvernements du Pays de Galles, d'Ecosse et d'Irlande du Nord, compétents en matière de santé, adoptent la même mesure.
De son côté, la France a durci ses règles et annoncé qu'à partir de dimanche, les voyageurs non vaccinés en provenance du Royaume-Uni devront présenter un test PCR ou antigénique négatif datant de moins de 24 heures.
La décision britannique représente un coup dur pour l'industrie du voyage qui espérait une "reprise significative" de son activité.
"Bien que nous comprenions que la santé publique doit primer, cette annonce ébranlera sans aucun doute la confiance des consommateurs dans les voyages à l'étranger", a réagi un porte-parole de l'association des voyagistes britanniques (ABTA).
Le directeur général d'Easyjet, Johan Lundgren, a aussi accusé le gouvernement de "provoquer confusion et incertitude".
Ce "chaos" touchant des milliers de vacanciers faisait la Une de plusieurs quotidiens samedi.
"Je suis médecin donc je comprends très bien les enjeux sanitaires mais là ça n'a aucun sens!", a déclaré à l'AFP le Dr Maud Lemoine, consultante en hépatologie à l'hôpital St Mary, à l'Imperial College de Londres, et actuellement en France.
Elle dénonce un "paradoxe" au moment où le gouvernement s'apprête à lever lundi la quasi-totalité des restrictions restantes en Angleterre, y compris le masque et la distanciation sociale.
"On enlève toutes les mesures barrières le 19 juillet et en revanche on met en quarantaine les Anglais ou résidents doublement vaccinés qui reviennent de France", souligne-t-elle, jugeant que cela envoie un "message très confus".
Au Royaume-Uni, le nombre de nouveaux cas quotidiens a dépassé les 50.000 vendredi, du jamais vu depuis janvier. Le ministre de la Santé, Sajid Javid, a annoncé samedi avoir lui-même été testé positif et se placer en isolement.
Résistance aux vaccins
Le variant Beta, identifié pour la première fois en Afrique du Sud, figure parmi les quatre variants dits inquiétants recensés par l'OMS, aux côtés d'Alpha, Gamma et Delta.
En France, il est majoritaire à la Réunion où l'état d'urgence sanitaire a été déclaré, mais minoritaire en métropole. Dans la semaine du 6 au 12 juillet, le variant Beta était détecté dans 11% des tests PCR positifs "criblés" réalisés dans l'Hexagone, selon Santé publique France.
Au Royaume-Uni, le variant Delta, initialement détecté en Inde et très contagieux, est ultramajoritaire.
Le professeur John Edmunds, membre du Groupe de scientifiques (Sage) conseillant le gouvernement, a jugé que les ministres avaient raison de s'inquiéter du variant Beta en raison de sa résistance aux vaccins.
"Il existe de bonnes preuves en provenance d'Afrique du Sud qu'il peut échapper plus efficacement à la réponse immunitaire générée par le vaccin AstraZeneca", a expliqué John Edmunds sur BBC Radio 4.
Produit au Royaume-Uni, ce vaccin a été massivement utilisé dans le pays depuis le lancement de la campagne de vaccination début décembre.
Le gouvernement s'appuie sur le succès de cette campagne, qui a permis à plus de deux tiers des adultes d'être entièrement vaccinés et a "affaibli" le lien entre contaminations et hospitalisations ainsi que décès, pour justifier la levée de la quasi-totalité des restrictions en Angleterre, malgré la flambée des contaminations.