CANNES : Un mystérieux virus a fait trembler le festival de Cannes vendredi, ingrédient d'un film catastrophe sud-coréen à grand spectacle, mêlant action et peinture d'une humanité qui oscille entre la peur et le courage.
Présenté hors compétition, "Etat d'urgence", du réalisateur Han Jae-rim, était cette année l'un des rares représentants d'une industrie du cinéma sud-coréen prospère où le genre horrifique et le thriller à sensations fortes se portent bien.
Dans le film, les passagers d'un avion sont victimes de la vengeance d'un biochimiste qui sème la mort en infectant l'air de la cabine avec un virus mortel.
Ecrite bien avant la pandémie, l'histoire a instantanément ramené les festivaliers aux réalités de la pandémie et ses ravages depuis 2020.
Et instinctivement, dès les premières minutes de la projection presse, chacun a pris soin de réajuster son masque, obligatoire en séance durant le festival.
"Ce n'est pas +Covid, le film!+", se défend pourtant le réalisateur. "Quand nous avons préparé le film, il n'y avait pas le Covid-19. Nous connaissions certes le SRAS (syndrôme respiratoire aigu sévère) mais personne ne parlait du Covid-19", précise-t-il.
De l'action, un rythme enlevé: le vol dure près de 2h30 sans ennui, le réalisateur ayant soin de tourner de façon "hyper réaliste" tout en évitant les clichés pour faire vivre à l'écran la panique qui règne dans l'avion, tandis qu'au sol, la police cherche des solutions pour son atterrissage.
Pour les séquences en cabine, les caméramens ont filmé, retenus par des sangles, à l'intérieur d'une maquette cylindrique pouvant tourner sur elle-même.
"Quelque chose qu'Hollywood ne fait pas souvent", selon Han Jae-rim. Beaucoup de scènes sont filmées la caméra au poing pour "procurer la sensation d'être à l'intérieur de l'avion et non pas d'observer ce qui se passe à distance", ajoute-t-il.
Au-delà de ce morceau de bravoure technique, qui vient servir un film voulu comme un divertissement, Han Jae-ril s'est attaché, dit-il, à "décrire la façon dont les gens réagissent quand ils sont confrontés à une catastrophe", peur, lâcheté, égoïsme mais aussi courage et solidarité jusqu'au sacrifice. "Malgré tout, on voit que l'humanité progresse car il y a toujours des gens courageux", dit-il.
Le film a été tourné exclusivement durant la pandémie et brièvement interrompu à l'été 2020 à cause d'un cas contact parmi les acteurs, testé finalement négatif.
"Au début du Covid, j'ai pensé que ça pourrait aider les spectateurs à s'identifier au film", raconte l'acteur principal Lee Byung-hun qui s'est ensuite senti dépassé.
"Quand la réalité dépasse la fiction, un film peut perdre en force. Aujourd'hui, je pense quand même que n'importe qui a fait l'expérience de la crise Covid peut ressentir le film avec encore plus d'intensité", ajoute-t-il.