LOURDES : Emmanuel Macron a été accueilli vendredi au sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes, devenant le premier président de la Ve République à visiter ce haut lieu du catholicisme où le nombre de pèlerins est en nette baisse à cause de la crise du Covid-19.
Arrivé en milieu d'après-midi, au second jour de son déplacement en Hautes-Pyrénées, le chef de l'Etat a rencontré pendant une heure et demie plusieurs dizaines de personnes massées sur l'esplanade, en face de la basilique et de la grotte où Bernadette Soubirous a vu des apparitions de la Vierge en 1858. Dans un esprit bon public, il a été interpellé sur de nombreux sujets: vaccination, handicap, retraite, agriculture, religion... "Monsieur Macron, donnez le meilleur de vous même!", lui a lancé une fillette jugée sur les épaules de sa mère.
Au début du bain de foule a été seulement perturbé par un homme qui a hurlé: "honte à vous, Macron" en l'accusant d'être un "athée primaire", avant d'être rapidement interpellé.
Plusieurs centaines de pèlerins étaient présents au sanctuaire, le plus grand centre de pèlerinage catholique français qui reçoit 15 000 personnes par jour.
Après avoir été fermé durant le confinement, "le sanctuaire revit mais nous accueillons essentiellement des Français. Les étrangers, qui représentaient 65% des pèlerins, ne sont pas là, notamment les grands groupes, à l'exception de quelques Italiens et Espagnols", a indiqué Mgr Antoine Hérouard, le délégué apostolique du lieu.
Le sanctuaire, qui s'étend sur 52 hectares avec notamment trois basiliques, compte recevoir un peu plus d'un million de visiteurs cette année contre 3,5 millions par an avant la crise.
Pour Mgr Hérouard, la visite de M. Macron "est une reconnaissance de l'importance du sanctuaire", "un lieu incontournable" dans la région qui a "une notoriété dans le monde entier".
Avant de visiter le sanctuaire, le chef de l'Etat s'est entretenu avec des élus et des professionnels du tourisme alors que l'affluence reste très inférieure aux années pré-Covid dans la deuxième ville hôtelière de France après Paris, qui dépend à 90% du tourisme. Il a promis que les aides accordées aux secteurs de l'hôtellerie-restauration seraient prolongées alors que, pour certains établissements, le chiffre d'affaires a chuté de plus de 80%. Au total, l'Etat a engagé 124 millions d'euros pour le tourisme lourdais depuis mars 2020, selon l'Elysée.
M. Macron s'est rendu à Lourdes le jour-même où a eu lieu, selon les croyants, la 18e et dernière apparition de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous dans la grotte de Massabielle. A cette occasion, un pèlerinage numérique mondial, "Lourdes United in Prayer", est organisé pendant 24 heures en 12 langues.
En avril 2018, le président Macron avait prononcé un discours inédit devant les évêques réunis dans le collège cistercien des Bernardins, à Paris, au cours duquel il avait évoqué son souhait de vouloir "réparer le lien entre l’Église et l’État" qui, selon lui, "s'est abîmé".
Avant lui, plusieurs présidents, comme Jacques Chirac et François Hollande, s'étaient rendus à Lourdes, mais sans visiter officiellement le sanctuaire.
Ce déplacement a fait réagir Jean-Luc Mélenchon: "seul depuis Pétain, Macron à #Lourdes pour la célébration d'une apparition. Les hypocrites sont au pouvoir", a-t-il twitté.
Et le député LFI Bastien Lachaud d'enfoncer le clou sur Twitter: "La République humiliée. La laïcité foulée aux pieds par celui qui est censé en être garant. Le dernier +chef de l’État+ à s'y être rendu était Pétain. Tout le blabla sur la loi laïcité ne servait bien qu'à stigmatiser les musulmans. Honteux".