GREZ-DOICEAU: "En moins de dix minutes l'eau est montée à presque 1 mètre": Isabelle Bervoets, restauratrice à Grez-Doiceau, dans la campagne au sud-est de Bruxelles, compte parmi les milliers de sinistrés des inondations en Belgique désormais occupés à nettoyer et inventorier les dégâts.
Ces inondations dues aux pluies diluviennes des derniers jours et qui n'ont épargné que l'extrême nord du pays ont fait au moins 18 morts et 19 disparus, selon un bilan officiel vendredi à la mi-journée. Des médias évoquent au moins 23 morts.
La ville de Pepinster, où le roi Philippe était attendu dans l'après-midi, concentre à elle seule la moitié de ces victimes, selon le bourgmestre, Philippe Godin.
Dans cette commune où se rejoignent plusieurs rivières, les crues ont provoqué l'effondrement d'une vingtaine de maisons. Vendredi il n'y avait plus d'eau potable, plus d'électricité, plus de réseau de téléphonie mobile.
"C'est le marasme, le tsunami", a résumé M. Godin. "Il faut penser à ces personnes qui ont perdu tous leurs souvenirs, c'est terrible".
Le Premier ministre Alexander De Croo devait s'exprimer vendredi après-midi sur cette catastrophe naturelle d'une ampleur rare.
Vingt-quatre heures après la brusque crue qui a inondé jeudi les rives du Train, un affluent de la Dyle qui traverse le Brabant (centre), l'eau s'est désormais retirée à Grez-Doiceau dans le restaurant d'Isabelle Bervoets, qui est passée à l'étape nettoyage.
Le sol est boueux, les tabourets ont été retournés pieds en l'air sur le bar, l'odeur d'égoût est forte. Côté dégâts, "le frigo avec la cave à vin au rez-de-chaussée est foutu", déplore-t-elle, en reprochant à la municipalité son manque de prévoyance.
"Je suis assez furax contre la commune", poursuit cette femme de 53 ans, "ce sont des jeunes qui nous ont apporté des sacs de sable car quand j'ai téléphoné à la commune, ils n'en avaient plus".
Le Brabant wallon, banlieue résidentielle huppée et très bâtie au sud de la capitale belge, est habitué aux inondations. Celles des étés 2002 et 2005 sont encore dans les mémoires.
«Vigilance extrême»
"Mais depuis 2005 on n'avait rien eu de tel, et surtout on n'imaginait pas que ça allait être d'une telle force", souligne encore Isabelle Bervoets.
Non loin de là, Amandine Bosquet fait aussi l'inventaire des dégâts dans sa maison au milieu des cartons posés en hauteur. "Tout ce qui était au rez-de-chaussée, on a tout perdu", lâche la jeune femme en train d'éponger le carrelage.
Angleur à côté de Liège, Chaudfontaine, Theux, Verviers, Pepinster, Spa... Quantité de communes belges se sont retrouvées sous l'eau depuis mercredi notamment sur les rives de la Vesdre et de l'Ourthe, affluents de la Meuse, à l'est du pays.
À partir de jeudi la dépression est progressivement remontée vers le nord du pays, causant des dégâts dans le Hainaut, le Brabant et la province flamande du Limbourg.
Pour aider les sinistrés, pompiers et militaires étaient partout à pied d'œuvre vendredi, assistés de secouristes venus de France, d'Italie et d'Autriche.
Le trafic ferroviaire pourrait rester perturbé de longues semaines dans les zones les plus touchées.
Dans le centre-ville de Liège (est), en bord de Meuse, le scénario catastrophe redouté jeudi ne s'est heureusement pas produit. Le niveau de l'eau n'a finalement pas augmenté au cours de la nuit.
"La Meuse n'a pas été plus loin que les quais, ouffffff", a twitté un Liégois content d'être réveillé par le bruit des voitures.
"Mais il ne faut pas crier victoire, le niveau d'alerte et de vigilance reste extrême", a prévenu la bourgmestre en fonction, Christine Defraigne.
À mesure que l'eau se retire "nous allons probablement encore trouver des situations catastrophiques", a ajouté l'élue sur la chaîne d'information en continu LN24.