Cinq ans après, Nice commémore l'attentat de la promenade des Anglais

Dans cette photo d'archives prise le 15 juillet 2016, des soldats, des policiers et des pompiers marchent près de cadavres recouverts de draps bleus sur le front de mer de la Promenade des Anglais à Nice (AFP)
Dans cette photo d'archives prise le 15 juillet 2016, des soldats, des policiers et des pompiers marchent près de cadavres recouverts de draps bleus sur le front de mer de la Promenade des Anglais à Nice (AFP)
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Publié le Mercredi 14 juillet 2021

Cinq ans après, Nice commémore l'attentat de la promenade des Anglais

  • Le 14 juillet 2016, soir de Fête nationale en France, environ 30 000 personnes s’étaient rassemblées sur le front de mer qui borde la baie des Anges pour le traditionnel feu d'artifice
  • C'est dans cette foule que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, Tunisien d'une trentaine d'années demeurant à Nice, a foncé au volant d'un camion de 19 tonnes, fauchant des dizaines de personnes pendant deux minutes, avant que la police ne l'abatte

NICE : Quatre-vingt six morts et 206 blessés de tous âges et de toutes nationalités, une violence inouïe "comme un chasse-neige projetant les corps", dira un témoin: cinq ans après, Nice commémore mercredi l'attentat jihadiste de la promenade des Anglais.

Le 14 juillet 2016, soir de Fête nationale en France, environ 30 000 personnes s’étaient rassemblées sur le front de mer qui borde la baie des Anges pour le traditionnel feu d'artifice.

C'est dans cette foule que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, Tunisien d'une trentaine d'années demeurant à Nice, a foncé au volant d'un camion de 19 tonnes, fauchant des dizaines de personnes pendant deux minutes, avant que la police ne l'abatte.

L'attaque avait été revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique, qui contrôlait alors des territoires en Irak et en Syrie, même si l'enquête n'a confirmé aucune connexion entre l'organisation ultraradicale et son auteur.

Le Premier ministre Jean Castex, accompagné entre autres du garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti et de la ministre déléguée en charge de la citoyenneté Marlène Schiappa, participera à la cérémonie d’hommage à 16 heures à la villa Massena, près de la Promenade des Anglais.

A ses côtés également, le maire LR Christian Estrosi, qui sera dans la matinée à Paris pour voir défiler "sa" police municipale --un hommage à son intervention lors d'une attaque qui avait fait en octobre dernier trois morts dans une basilique, réveillant les douleurs de la ville.

Sobre et intimiste selon le vœu des familles, la cérémonie sera clôturée par le lâcher de 86 colombes. Un concert-hommage de Grand Corps Malade est prévu dans la soirée, à l’issue duquel seront allumés sur le front de mer, à 22H34 précises, l’heure de l’attentat, 86 faisceaux lumineux.

«Mémoire douloureuse»

"La mémoire est douloureuse mais l'oubli est insupportable. Ce sont des moments très douloureux pour nous, d'y aller, de préparer la cérémonie. Mais qu'on soit tout seuls, dans ces moments-là, ce serait vraiment insupportable", confie à l'AFP Anne Murris, présidente de l'association Mémorial des Anges qui a perdu sa fille de 27 ans dans l'attaque.

"Que chacun ait une pensée pour eux et pour nous au fond de son coeur", souhaite-t-elle.

Pour beaucoup de proches de victimes, il est toujours impossible de faire son deuil. Plusieurs parents n’ont pu récupérer que l'an dernier les organes prélevés sur leurs enfants à des fins d’autopsie et mis sous scellés par la justice. Certains en contestent l’authenticité et ont saisi le Défenseur des droits après le refus d’une analyse ADN.

Certaines victimes, directes ou indirectes, n'ont pas encore été indemnisées. Au 5 juillet, une offre d’indemnisation définitive a été adressée à 85% des 2.429 victimes recensées par le Fonds de garantie des victimes (FGTI), pour un total de 83 millions d’euros versés.

Pour les 15% restants, "il s’agit en majorité de personnes dont l’état de santé n’est pas encore stabilisé", note le FGTI: impossible dès lors d'évaluer le préjudice, ajoute l'organisme, qui verse à ces 360 personnes, en attendant, des provisions financières.

«Peur des camions, de la foule»

Outre les 86 victimes tuées et les 206 victimes blessées physiques, le FGTI a identifié un total de 1683 blessés psychiques. 

Le mois dernier, la justice a quant à elle fixé la date du procès des personnes suspectées d’avoir aidé Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. A Paris du 5 septembre au 15 novembre 2022, comparaîtront huit personnes, dont trois pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle".

Si les parties civiles (plus de 850) et leurs avocats se sont félicités de ce renvoi aux assises, elles déplorent cependant que deux des accusés, poursuivis pour des faits de droit commun, aient été remis en liberté en novembre suite à un vice de procédure.

Plusieurs victimes regrettent la lenteur de l'instruction conduite à Nice pour "homicides et blessures involontaires" sur le dispositif de sécurité déployé ce soir-là, copiloté par la préfecture et la mairie, dont les représentants ont été entendus par les juges comme témoins assistés.

Au coeur des interrogations notamment: la course folle du camion aurait-elle pu être modifiée, voire stoppée, par l'installation de plots en béton ou de jardinières?

Cinq ans après l'attentat, 300 enfants sont toujours suivis à l'hôpital Lenval de Nice pour le psychotraumatisme subi. Certains gardent des phobies persistantes: "Peur des camions, de la foule, des pétards, des feux d'artifice, ou plus classiquement, la peur du noir mais qui se maintient chez des jeunes de 17, 18 voire 20 ans", décrit Morgane Gindt, psychologue chercheuse.

 

 


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".