LONDRES : Le football anglais a retrouvé certains de ses vieux démons dimanche lors de la finale de l'Euro qui a vu des supporters, sans billets, forcer l'entrée du stade de Wembley et des bagarres éclater au sein de l'enceinte sportive.
L'Angleterre n'a pas seulement perdu l'Euro dimanche soir en s'inclinant en finale contre l'Italie. Elle a perdu aussi le contrôle de certains supporters, rassemblés autour du stade londonien dès le petit matin avant la finale: éméchés, ils ont jeté des pierres et des projectiles, ils ont insulté des supporters italiens et pour finir, "un petit nombre de personnes" a forcé des contrôles de sécurité et réussi à entrer dans le stade sans billet, selon la police londonienne et un porte-parole du stade.
Cette incursion interroge sur le dispositif de sécurité prévu pour l'enceinte sportive dans laquelle se trouvaient notamment le prince William, son épouse Kate et leur fils de 7 ans, George, l'acteur Tom Cruise ou encore l'ancien footballeur David Beckham.
Elle pourrait compromettre aussi la candidature à l'organisation de la Coupe du monde 2030 du pays, qui a beaucoup oeuvré ces dernières années pour résoudre le problème des hooligans, dont les débordements avaient entraîné l'exclusion des clubs anglais des Coupes d'Europe à la fin des années 1980.
"Les voyous sont évidemment et à juste titre condamnés, mais la sécurité de Wembley doit être meilleure. Les scènes et les attaques envers les Italiens et leur hymne sont une honte et aussi un désastre pour la candidature @FA 2030 à la Coupe du monde", a tweeté Henry Winter, journaliste pour le journal The Times.
La Fédération anglaise de football (FA) a "condamné vigoureusement" ces intrus et promis de "travailler avec les autorités compétentes" pour les sanctionner.
«Voyous ivres»
Lors d'une conférence de presse, le Premier ministre britannique Boris Johnson, qui a assisté au match, a estimé "honteux qu'une petite minorité (...) se soit mal comportée". Il a reconnu "des difficultés" de la part de la police à faire respecter la distanciation sociale.
Mais il s'est dit persuadé que le Royaume-Uni avait toujours "un très bon dossier" pour accueillir le Mondial de 2030 conjointement avec l'Irlande,
Le directeur général de la FA, Mark Bullingham, s'est excusé.
"Nous avons une équipe de sécurité fantastique au stade et ils n'ont jamais rien vu de tel", a-t-il expliqué sur la BBC. "Il y avait un grand nombre de voyous ivres essayant de forcer le passage, nous gérons un stade, pas une forteresse".
Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des dizaines de supporters sans billet renverser des barrières face à des agents de sécurité submergés.
Dans une vidéo, visiblement prise dans les couloirs du stade, on voit aussi un groupe d'hommes en frapper d'autres à coups de pieds et de poings, dont des gens à terre, alors que des agents du stade tentent d'intervenir.
Mike Keegan, journaliste du Daily Mail, a évoqué sur Twitter sa "pire expérience" lors de cette finale avec une "organisation chaotique, une police invisible, des fans sans billets incontrôlables" et un stade de Wembley rempli de plus de 60 000 spectateurs et transformé en "énorme terrain propice au Covid".
La police londonienne, la "Met", a procédé à 86 arrestations et annoncé que 19 policiers avaient été blessés lors de "confrontations avec des foules violentes". "C'est totalement inacceptable", a-t-elle tweeté.
Risque Covid
"Ce ne sont pas des fans. Ce sont des voyous", a fustigé la Fédération de la police métropolitaine, qui représente des milliers de policiers de Londres.
Dans le centre de la capitale britannique, la police a également été confrontée à des fans déchaînés, notamment autour de la fan zone de Trafalgar Square.
Sur le plan sanitaire, les images du match montrant des dizaines de milliers de spectateurs hurlant ou se prenant dans les bras en tribune, souvent sans masque, ont pu choquer au moment où plus de 30 000 nouvelles contaminations quotidiennes sont enregistrées au Royaume-Uni.
"Suis-je censée prendre plaisir à regarder la transmission se dérouler sous mes yeux ?", a tweeté Maria Van Kerkhove, chargée de coordonner la lutte contre la pandémie à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), prévenant que le Covid-19 ne ferait pas de "pause" pendant la finale.