PARIS : Emmanuel Macron va s'adresser aux Français lundi soir pour marteler le message en faveur de la vaccination afin d'essayer d'endiguer le variant Delta et pourrait notamment la rendre obligatoire pour les soignants.
Le président français doit parler à 18H00 GMT, pour détailler les mesures qui auront été prises plus tôt dans la matinée lors d'un conseil de défense au palais de l'Elysée. Il "parlera de la situation sanitaire et de son évolution, à la lumière des données de l'épidémie dans les autres pays, et de l'importance de la vaccination", indique-t-on dans son entourage.
Objet de nombreuses concertations depuis plusieurs jours, la vaccination obligatoire des soignants devrait être à l'agenda, "une hypothèse très probable et légitime", selon le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune.
En plus du volet d'accentuation de la vaccination, Emmanuel Macron pourrait annoncer certaines mesures durcissant l'accès à des évènements ou lieux potentiellements propices à la contagion, via une possible extension du pass sanitaire qui permet de vérifier le statut sanitaire d'une personne.
Cette intervention présidentielle intervient alors que les Français ont commencé à profiter des effets du déconfinement et que l'économie semble bien orientée. Restaurants, spectacles, tout un pan de la vie économique et sociale du pays est en train de repartir.
Mais la propagation du variant Delta préoccupe les autorités sanitaires qui veulent éviter de voir le système de santé submergé par une quatrième vague, et alors que notamment le taux de vaccination des soignants plafonne.
Samedi, près de 4.700 cas étaient ainsi enregistrés, contre 3.000 il y a une semaine, et le chiffre pourrait monter à "6.000 dans une semaine, 10.000 dans 15 jours et monter au-dessus de 20.000 début août si nous n'agissons pas", a estimé le ministre de la Santé Olivier Véran.
Sur une éventuelle extension du pass sanitaire, le Conseil scientifique prône un abaissement de la jauge (actuellement fixée à 1.000 personnes) pour les événements soumis à ce pass, ainsi que des "mesures partielles de restrictions" dans les zones géographiques les plus touchées, "y compris en juillet et août".
Les contaminations sont en hausse
Si la pression hospitalière baisse avec 947 personnes en soins critiques, la tendance est à la hausse des contaminations, avec 4.256 nouveaux cas enregistrés dimanche, contre 2.549 il y a une semaine.
D'autres mesures pourraient également être prises pour contrôler les voyages avec les pays où la situation se détériore, et pour abaisser les jauges pour les événements soumis à un pass sanitaire, comme le recommande le Conseil Scientifique.
Avec ou sans photo de McFly et Carlito - gage d'un "concours d'anecdotes" avec les deux youtubeurs stars - l'allocution télévisée d'Emmanuel Macron devrait être similaire aux quatre précédentes depuis le début de la crise du Covid il y a un an et demi.
Elle intervient deux mois et demi après son annonce du calendrier de déconfinement dans un entretien à la presse quotidienne régionale.
"Je ne suis pas sûr que l'été va être gâché. Mais il ne faut pas être grand clerc pour voir que ça va se tendre en août", confie un poids lourd du gouvernement.
Si la pression hospitalière baisse avec 947 personnes en soins critiques, la tendance est à la hausse des contaminations, avec 4.256 nouveaux cas enregistrés dimanche, contre 2.549 il y a une semaine.
Elles pourraient monter "au-dessus de 20.000 début août si nous n'agissons pas", a mis en garde le ministre de la Santé Olivier Véran dimanche sur radio J.
Pour autant, la situation est "différente" par rapport au début d'année parce qu'"on a un vaccin", qui protège à 95% des formes graves du variant Delta, a rappelé Clément Beaune.
Pour faciliter la vaccination des fonctionnaires, la ministre Amélie de Montchalin va demander lundi aux préfets d'ouvrir des "barnums" devant préfectures, directions départementales et régionales.
"Incertitudes"
Romain Colas, vice-président PS de l'association des petites villes de France, veut donner l'exemple dans sa ville de Boussy-Saint-Antoine (Essonne). Il lance lundi une campagne d'affichage avec son visage et des slogans comme "Je suis vacciné, et vous ?".
D'autres mesures pourraient également être prises pour contrôler les voyages avec les pays où la situation se détériore comme l'Espagne ou le Portugal, et pour abaisser les jauges pour les événements soumis à un pass sanitaire, comme le recommande le Conseil scientifique.
Ce dernier suggère également des "restrictions" dans les territoires les plus touchés, "y compris en juillet et août et dans des zones de vacances". Il évoque aussi la possibilité d'un pass vaccinal pour accéder aux restaurants, activités culturelles ou sportives.
Dans son allocution, Emmanuel Macron, qui reçoit lundi les acteurs de la filière automobile, compte aussi insister sur la reprise économique et le plan de relance de 100 milliards d'euros, dont le déploiement doit "s'accélérer", selon le Premier ministre Jean Castex.
"De fait, le variant delta change beaucoup la donne et vient percuter l'agenda social, quelles qu'aient pu être les velléités réformatrices du président", selon un ministre.
Le patron des députés LREM Christophe Castaner a estimé qu'il y avait "trop d'incertitudes" pour qu'un projet de loi sur la réforme des retraites soit présenté à la rentrée.
Mais pour le patron du MoDem François Bayrou, la réforme des retraites n'aura pas lieu avant la présidentielle.
Le président pourra mesurer l'écho de son intervention auprès des siens, en recevant ensuite à l'Elysée les parlementaires de la majorité pour marquer la fin de la session. Beaucoup attendent un moment de "communion" et de "remobilisation" pour 2022 après la cinglante défaite aux régionales.