Macron va annoncer la riposte française aux progrès du variant Delta

Le président français Emmanuel Macron à Paris le 9 juillet 202. Photo AFP / POOL / STEPHANE DE SAKUTIN
Le président français Emmanuel Macron à Paris le 9 juillet 202. Photo AFP / POOL / STEPHANE DE SAKUTIN
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Publié le Lundi 12 juillet 2021

Macron va annoncer la riposte française aux progrès du variant Delta

  • Le président français doit parler à 18H00 GMT, pour détailler les mesures qui auront été prises plus tôt dans la matinée lors d'un conseil de défense au palais de l'Elysée
  • Objet de nombreuses concertations depuis plusieurs jours, la vaccination obligatoire des soignants devrait être à l'agenda, "une hypothèse très probable et légitime", selon le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune

PARIS : Emmanuel Macron va s'adresser aux Français lundi soir pour marteler le message en faveur de la vaccination afin d'essayer d'endiguer le variant Delta et pourrait notamment la rendre obligatoire pour les soignants.


Le président français doit parler à 18H00 GMT, pour détailler les mesures qui auront été prises plus tôt dans la matinée lors d'un conseil de défense au palais de l'Elysée. Il "parlera de la situation sanitaire et de son évolution, à la lumière des données de l'épidémie dans les autres pays, et de l'importance de la vaccination", indique-t-on dans son entourage.


Objet de nombreuses concertations depuis plusieurs jours, la vaccination obligatoire des soignants devrait être à l'agenda, "une hypothèse très probable et légitime", selon le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune.


En plus du volet d'accentuation de la vaccination, Emmanuel Macron pourrait annoncer certaines mesures durcissant l'accès à des évènements ou lieux potentiellements propices à la contagion, via une possible extension du pass sanitaire qui permet de vérifier le statut sanitaire d'une personne.


Cette intervention présidentielle intervient alors que les Français ont commencé à profiter des effets du déconfinement et que l'économie semble bien orientée. Restaurants, spectacles, tout un pan de la vie économique et sociale du pays est en train de repartir.


Mais la propagation du variant Delta préoccupe les autorités sanitaires qui veulent éviter de voir le système de santé submergé par une quatrième vague, et alors que notamment le taux de vaccination des soignants plafonne.


Samedi, près de 4.700 cas étaient ainsi enregistrés, contre 3.000 il y a une semaine, et le chiffre pourrait monter à "6.000 dans une semaine, 10.000 dans 15 jours et monter au-dessus de 20.000 début août si nous n'agissons pas", a estimé le ministre de la Santé Olivier Véran.


Sur une éventuelle extension du pass sanitaire, le Conseil scientifique prône un abaissement de la jauge (actuellement fixée à 1.000 personnes) pour les événements soumis à ce pass, ainsi que des "mesures partielles de restrictions" dans les zones géographiques les plus touchées, "y compris en juillet et août".

Les contaminations sont en hausse

Si la pression hospitalière baisse avec 947 personnes en soins critiques, la tendance est à la hausse des contaminations, avec 4.256 nouveaux cas enregistrés dimanche, contre 2.549 il y a une semaine.

D'autres mesures pourraient également être prises pour contrôler les voyages avec les pays où la situation se détériore, et pour abaisser les jauges pour les événements soumis à un pass sanitaire, comme le recommande le Conseil Scientifique.

Avec ou sans photo de McFly et Carlito  - gage d'un "concours d'anecdotes" avec les deux youtubeurs stars - l'allocution télévisée d'Emmanuel Macron devrait être similaire aux quatre précédentes depuis le début de la crise du Covid il y a un an et demi. 


Elle intervient deux mois et demi après son annonce du calendrier de déconfinement dans un entretien à la presse quotidienne régionale.


"Je ne suis pas sûr que l'été va être gâché. Mais il ne faut pas être grand clerc pour voir que ça va se tendre en août", confie un poids lourd du gouvernement.


Si la pression hospitalière baisse avec 947 personnes en soins critiques, la tendance est à la hausse des contaminations, avec 4.256 nouveaux cas enregistrés dimanche, contre 2.549 il y a une semaine.


Elles pourraient monter "au-dessus de 20.000 début août si nous n'agissons pas", a mis en garde le ministre de la Santé Olivier Véran dimanche sur radio J.


Pour autant, la situation est "différente" par rapport au début d'année parce qu'"on a un vaccin", qui protège à 95% des formes graves du variant Delta, a rappelé Clément Beaune.


Pour faciliter la vaccination des fonctionnaires, la ministre Amélie de Montchalin va demander lundi aux préfets d'ouvrir des "barnums" devant préfectures, directions départementales et régionales.

"Incertitudes"


Romain Colas, vice-président PS de l'association des petites villes de France, veut donner l'exemple dans sa ville de Boussy-Saint-Antoine (Essonne). Il lance lundi une campagne d'affichage avec son visage et des slogans comme "Je suis vacciné, et vous ?". 


D'autres mesures pourraient également être prises pour contrôler les voyages avec les pays où la situation se détériore comme l'Espagne ou le Portugal, et pour abaisser les jauges pour les événements soumis à un pass sanitaire, comme le recommande le Conseil scientifique.


Ce dernier suggère également des "restrictions" dans les territoires les plus touchés, "y compris en juillet et août et dans des zones de vacances". Il évoque aussi la possibilité d'un pass vaccinal pour accéder aux restaurants, activités culturelles ou sportives.


Dans son allocution, Emmanuel Macron, qui reçoit lundi les acteurs de la filière automobile, compte aussi insister sur la reprise économique et le plan de relance de 100 milliards d'euros, dont le déploiement doit "s'accélérer", selon le Premier ministre Jean Castex.


"De fait, le variant delta change beaucoup la donne et vient percuter l'agenda social, quelles qu'aient pu être les velléités réformatrices du président", selon un ministre.


Le patron des députés LREM Christophe Castaner a estimé qu'il y avait "trop d'incertitudes" pour qu'un projet de loi sur la réforme des retraites soit présenté à la rentrée. 


Mais pour le patron du MoDem François Bayrou, la réforme des retraites n'aura pas lieu avant la présidentielle.


Le président pourra mesurer l'écho de son intervention auprès des siens, en recevant ensuite à l'Elysée les parlementaires de la majorité pour marquer la fin de la session. Beaucoup attendent un moment de "communion" et de "remobilisation" pour 2022 après la cinglante défaite aux régionales.

                


Les députés ne voleront pas au secours de Le Pen, qui devra s'en remettre à la justice

(Photo AFP)
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  • Les députés ne voleront pas au secours de Marine Le Pen.
  • aucun groupe, hors extrême droite, ne devrait voter la proposition de Ciotti visant à supprimer l'inéligibilité immédiate, ne laissant à la cheffe de file du RN d'autre choix que de saisir les tribunaux.

PARIS : Les députés ne voleront pas au secours de Marine Le Pen : aucun groupe, hors extrême droite, ne devrait voter la proposition de Ciotti visant à supprimer l'inéligibilité immédiate, ne laissant à la cheffe de file du RN d'autre choix que de saisir les tribunaux pour pouvoir participer à l'élection présidentielle.

Mardi, le député des Alpes-Maritimes a reconnu, à demi-mot, que sa proposition de loi visant à « supprimer l’application immédiate de l’inéligibilité », qui serait débattue lors de la journée réservée à son groupe (UDR) le 26 juin, n'avait plus guère de chances de succès après les dernières prises de position des uns et des autres.

« On voit bien les yoyos politiques », a-t-il déploré, alors que « la semaine dernière, tout le monde semblait adhérer à ce qui relève d'un principe de bon sens ».

Un peu plus tôt, le porte-parole des députés LR, Vincent Jeanbrun, avait exclu de faire « une loi pour Marine Le Pen ».

Dans la foulée du jugement, la proposition d'Éric Ciotti n'avait pourtant pas été écartée d'un revers de main.

Le président du groupe LR, Laurent Wauquiez, avait déclaré vouloir attendre de connaître le contenu du texte. « Les autres pays européens font-ils ça ? Non (...) Donc oui, il y a débat et ce débat doit être ouvert », avait-il jugé.

François Bayrou avait laissé la porte ouverte en estimant que « la réflexion doit être conduite » par les parlementaires à propos de l'exécution provisoire qui « fait que des décisions lourdes et graves ne sont pas susceptibles de recours ».

Jean-Luc Mélenchon avait quant à lui semé le doute en clamant son opposition aux mesures exécutoires et en estimant que « la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple ». 

Mais lundi, le coordinateur de LFI Manuel Bompard a clarifié la position de son groupe, excluant de voter « une loi de confort pour Marine Le Pen », qui n'a « plus de raison de se plaindre » après avoir obtenu la possibilité d'être jugée rapidement en appel.

Aucun suspense non plus du côté des macronistes. « Si tu voles, tu payes, surtout quand on est un responsable politique. Alors non, nous ne voterons pas la proposition de loi de M. Ciotti », a lancé dimanche Gabriel Attal, cherchant à se positionner comme le principal opposant au RN.

Selon un sondage Ifop publié vendredi, 64 % des Français s’opposent à une modification de la loi pour supprimer l'exécution provisoire.

La justice semble donc bien être la seule voie de sortie pour Marine Le Pen, en dépit de l'avalanche de critiques contre l'institution qui secoue son camp depuis une semaine (« tyrannie des juges », « quarteron de magistrats », « juges rouges », etc.).

La cour d'appel de Paris a annoncé qu'elle rendrait sa décision à l'été 2026.

Si Marine Le Pen n'est pas relaxée en appel, alors tout dépendra de la durée de la peine d'inéligibilité qu'elle encourra et de son exécution provisoire ou non.

Si cette inégibilité n'est pas d'application immédiate, alors la députée a déjà indiqué qu'elle irait en cassation. Un tel pourvoi est a priori suspensif, ce qui lui permettrait de se présenter en 2027, vu les délais moyens devant la Cour de cassation.

Toutefois, il y a débat chez les juristes pour savoir si cette suspension s'appliquerait également à l'exécution provisoire.
 


Nouveau cri d'alarme sur l'aide sociale à l'enfance

La députée française et rapporteur de la Commission d'enquête parlementaire sur la protection de l'enfance, Isabelle Santiago (G), aux côtés de la députée française Laure Miller, s'exprime lors de la présentation du rapport de la commission sur la protection de l'enfance, à l'Assemblée nationale à Paris, le 8 avril 2025. (Photo JULIEN DE ROSA / AFP)
La députée française et rapporteur de la Commission d'enquête parlementaire sur la protection de l'enfance, Isabelle Santiago (G), aux côtés de la députée française Laure Miller, s'exprime lors de la présentation du rapport de la commission sur la protection de l'enfance, à l'Assemblée nationale à Paris, le 8 avril 2025. (Photo JULIEN DE ROSA / AFP)
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  • Dans son rapport final publié mardi, la commission d'enquête de l'Assemblée nationale alerte sur la situation de la protection de l'enfance : « Hier à bout de souffle, elle est aujourd’hui dans le gouffre ».
  • les mesures de protection sont en hausse de 44 % depuis 1998, alors que le nombre de personnel sur le terrain est lui en « baisse constante » sur la dernière décennie. 

PARIS : Dans un « cri d'alarme » face à un système « qui craque de toutes parts », une commission d'enquête parlementaire exhorte à « agir vite » pour refonder l'aide sociale à l'enfance, prônant notamment l'adoption d'une loi de programmation et un renforcement des contrôles.

Dans son rapport final publié mardi, la commission d'enquête de l'Assemblée nationale alerte sur la situation de la protection de l'enfance : « Hier à bout de souffle, elle est aujourd’hui dans le gouffre ». Cette commission avait été lancée au printemps 2024, quelques mois après le suicide de Lily, une adolescente de 15 ans placée dans un hôtel.

« Il ne s'agit plus seulement de constater, mais d’agir vite », ajoute-t-elle.

Selon le dernier bilan officiel, 396 900 jeunes sont suivis par la protection de l'enfance en France, compétence des départements depuis les années 1980. Mais sur le terrain, la dynamique s'enraye : les mesures de protection sont en hausse de 44 % depuis 1998, alors que le nombre de personnel sur le terrain est lui en « baisse constante » sur la dernière décennie. 

Résultat : les enfants sont accueillis en « sureffectif », les mesures de placement ne sont pas exécutées faute de place suffisante et les professionnels sont « en perte de sens ».

Pour « sortir de la crise », la commission préconise d'adopter une loi de programmation et de mettre en place un « nouveau fonds de financement » de la protection de l’enfance.

Face à des demandes de placement en déshérence, la commission recommande également d'augmenter le nombre de juges et de greffiers afin de permettre un suivi efficace.

Elle appelle par ailleurs à créer une commission de réparation pour les enfants placés ayant été victimes de maltraitance dans les institutions, et à renforcer les contrôles, avec « au moins une inspection tous les deux ans » pour les établissements et les assistants familiaux.

Écartant l'option d'une recentralisation, elle recommande plutôt la mise en place sans délai d'un comité de pilotage réunissant l'État, les départements et des associations, afin de relancer une stratégie ministérielle. 

« Scandale d'État »

« Les rapports ne peuvent plus se permettre de prendre la poussière, on est face à une urgence absolue », déclare à l'AFP la rapporteure de la commission, la députée socialiste Isabelle Santiago.

« Nous sommes face à un enjeu de santé publique, notre action aura un impact sur le devenir de centaines de milliers d'enfants », ajoute-t-elle, évoquant les conséquences « dramatiques » de la situation sur la santé physique et mentale des jeunes ainsi que sur leur parcours scolaire. « C'est un scandale d'État, il faut passer à l'action maintenant. »

S'exprimant avant la publication du rapport, la ministre des Familles, Catherine Vautrin, a présenté dimanche des pistes pour améliorer la protection de l'enfance (prévention, réflexion sur l'adoption, santé, etc.), mais sans s'avancer sur les moyens financiers, admettant une situation budgétaire « difficile ». 

Elle a notamment évoqué des mesures visant à mieux prévenir le placement des enfants, à aider les assistants familiaux ou à mieux suivre leur santé.

Si ces mesures constituent « des premiers pas », Isabelle Santiago a déploré, mardi lors d'une conférence de presse, qu'on ne dise pas « comment, où et avec quel budget ».

Avant la commission d'enquête, des dizaines de rapports (Cour des comptes, Conseil économique, social et environnemental, Défenseure des droits, etc.) et d'alertes (Unicef, syndicat de magistrats, associations, etc.) se sont succédé ces dernières années.

Tout en reconnaissant les défaillances du système actuel, le gouvernement et les départements se renvoient régulièrement la balle, les seconds estimant ne plus être en mesure d'assurer leur mission en raison des coupes budgétaires et de la hausse du nombre de mineurs étrangers non accompagnés. 

Mardi, une dizaine d'anciens enfants placés ont brandi des pancartes et organisé une manifestation près de l'Assemblée nationale afin d'appeler l'État à reconnaître « ses défaillances » et à agir sans délai.

« L'urgence est d'apporter une bonne fois pour toutes du crédit aux rapports », estime Deborah, ancienne enfant de l'Ase et travailleuse sociale. « On se contente de répéter des constats accablants, et pendant ce temps-là, quel avenir pour ces enfants ? »

Face aux « promesses non tenues », un appel à la mobilisation nationale a par ailleurs été lancé par le « collectif des 400 000 », qui réunit une soixantaine d'associations et de fédérations.


Face aux taxes douanières de Trump, l'industrie française se concerte ce mardi

vue extérieure du ministère de l'Economie et des Finances, le 05 avril 2000, rue de Bercy à Paris. (Photo by LAURENT HUET / AFP)
vue extérieure du ministère de l'Economie et des Finances, le 05 avril 2000, rue de Bercy à Paris. (Photo by LAURENT HUET / AFP)
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  • Les industriels français se réunissent ce mardi à Bercy autour du ministre Marc Ferracci, afin d'élaborer une position commune dans la riposte européenne à la crise commerciale mondiale
  • l'Union européenne a proposé lundi aux États-Unis une exemption totale de droits de douane pour les produits industriels

PARIS : Les industriels français se réunissent ce mardi à Bercy autour du ministre Marc Ferracci, afin d'élaborer une position commune dans la riposte européenne à la crise commerciale mondiale déclenchée par la hausse des droits de douane américains.

Alors que l'Union européenne a proposé lundi aux États-Unis une exemption totale de droits de douane pour les produits industriels dans le but de tenter d'éviter une guerre commerciale dévastatrice, le ministre va consulter « l'ensemble des filières et les représentants des employeurs et des salariés » français sur la réponse à apporter.

Les marchés ont plongé pour le troisième jour consécutif lundi, suite à l'offensive protectionniste américaine sans équivalent depuis les années 1930, avec l'annonce par le président américain Donald Trump, mercredi, d'une série de droits de douane supplémentaires à hauteur de 20 % sur les produits en provenance de l'Union européenne. 

La Bourse de Paris, qui n'avait pas connu une chute pareille depuis mars 2022, a dévissé de 4,78 % lundi. La Bourse de New York est parvenue pour sa part à limiter ses pertes.

En France, le président Emmanuel Macron avait appelé la semaine dernière les industriels français à suspendre leurs investissements aux États-Unis, dans le cadre d'une riposte européenne qu'il souhaite « proportionnée » afin de laisser sa chance à la négociation avec les Américains.

Dans cette période de turbulences, il est important « d'éviter l'escalade », avait ajouté vendredi Marc Ferracci à Toulouse.

« Nous allons procéder à une analyse extrêmement fine. Nous attendons que toutes les filières industrielles nous fassent remonter leurs analyses sur le niveau de réponse approprié. Le mot d'ordre, c'est l'unité et le travail collectif pour établir le diagnostic », a-t-il ajouté. 

Le 10 avril, le commissaire européen à l'Industrie, Stéphane Séjourné, doit également rencontrer les principales filières industrielles européennes afin de trouver le bon dosage de réponse à Washington.