Kaboul déploie des centaines de commandos dans une ville attaquée par les talibans

Les milices afghanes montent la garde à un avant-poste alors qu'elles patrouillent contre les combattants talibans (AFP)
Les milices afghanes montent la garde à un avant-poste alors qu'elles patrouillent contre les combattants talibans (AFP)
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Publié le Jeudi 08 juillet 2021

Kaboul déploie des centaines de commandos dans une ville attaquée par les talibans

  • Le gouvernement a envoyé par hélicoptère des centaines de commandos dans la province de Badghis pour contrer cette offensive talibane, la première contre une capitale provinciale depuis le début de la dernière phase du retrait des troupes américaines
  • Selon Abdul Latif Rostaee, directeur de la santé à Badghis, dix civils blessés ont été amenés à l'hôpital central de la ville depuis le matin, dont des femmes et des enfants

HERAT : Des combats entre talibans et forces afghanes faisaient rage jeudi pour le deuxième jour consécutif à Qala-i-Naw et d'épais nuages de fumée noire s'élevaient au dessus de cette capitale provinciale dans le nord-ouest de l'Afghanistan.

Le gouvernement a envoyé par hélicoptère des centaines de commandos dans la province de Badghis pour contrer cette offensive talibane, la première contre une capitale provinciale depuis le début de la dernière phase du retrait des troupes américaines. 

"Les talibans sont toujours dans la ville (...) On peut les voir passer et repasser sur leurs motos", a déclaré à l'AFP Aziz Tawakoli, un habitant de Qala-i-Naw, capitale de la province de Badghis.

"Les magasins sont fermés, il n'y a presque personne dans les rues", a-t-il ajouté, précisant que presque la moitié des résidents ont fui. 

Selon Abdul Latif Rostaee, directeur de la santé à Badghis, dix civils blessés ont été amenés à l'hôpital central de la ville depuis le matin, dont des femmes et des enfants.

Mercredi, quelques heures seulement après que l'armée américaine a annoncé avoir achevé "à plus de 90%" son retrait d'Afghanistan, les talibans, qui se sont emparés depuis mai de vastes portions rurales du territoire et rapprochés de plusieurs grandes villes, sont entrés dans Qala-i-Naw, une ville d'environ 75 000 habitants.

"Les talibans ont repris leurs attaques dans plusieurs parties de la ville", a indiqué à l'AFP Hessamuddin Shams, gouverneur de Badghis, assurant cependant que "l'ennemi est en train d'être repoussé et s'enfuit."

Les forces afghanes ont lancé une contre-offensive pour reprendre la ville.

"Personne ne pouvait dormir la nuit dernière à cause des bombardements", a raconté Parisila Herawai, une militante de Qala-i-Naw.

"En tant que femmes, nous sommes très inquiètes (...) Si les talibans restent dans la ville, nous ne pourrons plus travailler et nous allons perdre tous les progrès en matière de droits des femmes des 20 dernières années", a-t-elle ajouté. 

Zia Gul Habibi, un membre du conseil provincial de Badghis, a confirmé que "la situation n'a pas vraiment changé depuis (mercredi)", faisant état de combats "sporadiques" dans la ville.

"Certains membres des forces de sécurité qui ont rejoint les talibans les aident et les guident", a-t-il déploré.

Mercredi, les insurgés ont libéré des centaines de détenus de la prison de la ville, et pris le contrôle du commissariat. 

Sur Twitter, le porte-parole du ministère de la Défense Fawad Aman, a déclaré que "de nouveaux commandos sont arrivés à Badghis la nuit dernière et vont lancer une opération de grande envergure".

Avancée inexorable 

Selon un responsable sécuritaire, l'offensive a également "affecté les provinces voisines" dont celle d'Herat, frontalière de l'Iran, où un district frontalier de Badghis est tombé aux mains des insurgés dans la nuit. 

"Cela a semé un petit peu la peur partout", a continué cette source sous couvert d'anonymat.

Selon des responsables locaux et les insurgés, deux districts de Herat en tout ont été pris dans la nuit, alors que les talibans se rapprochent du centre de la province. 

Ross Wilson, le chargé d'affaires américain, a fortement critiqué l'offensive de Badghis, qui selon lui "viole les droits humains" et "rend encore plus difficile la vie de civils afghans qui luttent déjà face à la sécheresse, à la pauvreté et au coronavirus".

Selon Human Rights Watch, les talibans ont expulsé des personnes de leurs domiciles, et pillé ou incendié certaines habitations. 

Les insurgés avaient déjà brièvement tenté en juin d'attaquer Kunduz, capitale de la province du même nom dans le nord du pays. 

Pendant ce temps, le retrait des troupes de Washington continue tambour battant, malgré l'avancée inexorable des talibans à travers le pays et le recul des forces afghanes.

Ces dernières sont désormais privées du crucial appui aérien américain.

Les forces étrangères ont été évacuées de nombreuses bases, y compris la semaine dernière, de la base aérienne de Bagram, au nord de Kaboul.

Il s'agissait de la plus importante installation militaire de la coalition en Afghanistan et du centre névralgique de ses opérations sur place depuis l'entrée des troupes américaines dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

Le retrait définitif de l'armée américaine sera terminé d'ici la fin août, selon la Maison Blanche. Il mettra un point final à 20 ans d'intervention américaine dans le pays, la plus longue guerre menée par les Etats-Unis dans leur histoire.


Liban: un mort dans une frappe israélienne dans le sud

Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban
  • Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban

GHAZIYEH: Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant viser combattants et infrastructures du mouvement islamiste libanais soutenu par l'Iran.

"Le raid mené par l'ennemi israélien contre une voiture sur la route Saïda-Ghaziyeh a fait un mort", a indiqué le ministère de la Santé.

Après la frappe, le véhicule tout-terrain a pris feu, provoquant un nuage de fumée noire dans le ciel, selon un journaliste de l'AFP sur place. L'armée libanaise a bouclé la zone et les pompiers sont intervenus pour maîtriser les flammes.

La frappe n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais l'armée israélienne a affirmé avoir tué plusieurs combattants du Hezbollah parmi lesquels des "commandants" cette semaine dans le sud du pays.

Après le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas sur le sol israélien, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes sur le territoire israélien, disant agir ainsi en soutien aux Palestiniens.

En septembre 2024, le conflit a dégénéré en guerre ouverte avec des bombardements israéliens intenses au Liban qui ont décimé la direction du Hezbollah et fait plus de 4.000 morts, selon les autorités.


Explosion au port de Beyrouth: première comparution d'un ex-ministre

Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
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  • Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020
  • En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques

BEYROUTH: Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques.

Une série d'actions en justice avaient en outre été intentées contre lui par des responsables politiques et fonctionnaires cités dans l'enquête, notamment l'ancien ministre de l'Intérieur, Nohad al-Machnouk, soupçonné de "négligence et manquements".

Le juge a repris en février ses investigations, après l'élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et la nomination d'un Premier ministre réformateur, Nawaf Salam, qui se sont tous deux engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.

Selon la source judiciaire qui a requis l'anonymat, l'interrogatoire a porté sur un rapport que M. Machnouk avait reçu le 5 avril 2014, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, concernant la "détention d’un navire dans les eaux territoriales libanaises, dont l’équipage avait demandé à être autorisé à reprendre la mer".

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale libanaise.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium acheminées par navire, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités libanaises, qui étaient au courant des dangers encourus, ont rejeté toute enquête internationale.

L'enquête avait notamment été suspendue après les accusations de partialité du juge proférées par le Hezbollah, désormais très affaibli par sa dernière guerre contre Israël fin 2024. Le parti qui dominait la vie politique libanaise avait demandé le renvoi de M. Bitar.

Deux juges de la direction des enquêtes de Paris sont attendus à Beyrouth à la fin du mois, pour présenter à M. Bitar les éléments recueillis par la justice française, trois ressortissants français figurant parmi les victimes, selon une source judiciaire.

Le 11 avril, deux anciens hauts responsables de la sécurité avaient également comparu pour la première fois devant M. Bitar.


Cellule terroriste: Amman partage les détails de l’enquête avec Beyrouth

Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
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  • Beyrouth ne sait pas si des citoyens libanais sont impliqués dans un groupe de fabrication de missiles
  • Les services de renseignement de l'armée arrêtent deux Palestiniens pour contrebande d'armes à la frontière libano-syrienne

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a été informé, mercredi, par le roi Abdallah de Jordanie des résultats de l'enquête sur une cellule de fabrication de missiles découverte en Jordanie. Deux membres de cette cellule avaient été envoyés au Liban pour y suivre une formation.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a exprimé la «pleine disposition du Liban à la coordination et à la coopération» entre les deux pays et a chargé le ministre de la Justice Adel Nassar de travailler avec son homologue jordanien, en coopération avec les agences de sécurité et judiciaires, sur les enquêtes et l'échange d'informations.

Une source judiciaire a déclaré à Arab News que les services de renseignement de l'armée libanaise «suivaient de près l'affaire de la cellule terroriste et nous ne savons pas encore si des Libanais sont impliqués».

«Cette agence a demandé à la Jordanie de lui fournir des informations concernant les enquêtes, de s'appuyer sur les enquêtes libanaises et, dans le cas où une implication libanaise serait prouvée, l'affaire serait alors renvoyée à la justice libanaise», a déclaré cette personne.

Parallèlement, les services de renseignement de l'armée libanaise ont déclaré avoir arrêté deux Palestiniens dans la ville de Sidon, dans le sud du pays, pour «commerce et contrebande d'armes militaires à travers la frontière libano-syrienne, et ont saisi plusieurs armes et munitions militaires en leur possession».

Le commandement de l'armée a déclaré que les détenus faisaient l'objet d'une enquête sous la supervision du pouvoir judiciaire.

Les médias ont rapporté que les deux hommes étaient des membres de l'appareil de sécurité du mouvement Hamas à Sidon.

Aucune agence de sécurité officielle n'a confirmé l'existence d'un lien entre les arrestations et la cellule jordanienne.

Mardi, l'agence de presse jordanienne a cité des responsables des services de renseignement qui ont déclaré qu'«une série de complots visant la sécurité nationale du pays ont été déjoués et 16 personnes soupçonnées de préparer des actes de chaos et de sabotage ont été arrêtées».

Les plans prévoyaient la production de missiles à l'aide de matériaux locaux et de composants importés. Des explosifs et des armes à feu ont été découverts, ainsi qu'un missile dissimulé prêt à être utilisé.

Les 16 suspects sont soupçonnés d'avoir participé à la mise au point de drones, d'avoir recruté et formé des individus au niveau national et d'en avoir envoyé d'autres à l'étranger pour qu'ils y poursuivent leur formation.

Selon les déclarations des suspects, deux membres de la cellule – Abdallah Hicham et Muath al-Ghanem – ont été envoyés au Liban pour coordonner leurs activités avec une figure importante de l'organisation et recevoir une formation.

En décembre, l'armée libanaise a lancé un processus de désarmement des factions palestiniennes situées à l'extérieur des camps de réfugiés palestiniens. Ces factions, fidèles à l'ancien régime syrien, étaient principalement basées dans la région de la Békaa, le long de la frontière avec la Syrie, et dans la région méridionale.

Le Premier ministre Nawaf Salam a exprimé «l'entière solidarité du Liban avec la Jordanie dans la lutte contre les complots qui menacent sa sécurité et sa stabilité» et sa «volonté de coopérer avec les autorités jordaniennes en cas de besoin concernant les informations selon lesquelles certaines personnes impliquées dans ces complots ont reçu une formation au Liban», selon son bureau de presse.

Lors du lancement du projet de réhabilitation de la route de l'aéroport de Beyrouth, M. Salam a déclaré que les questions de sécurité sur la route de l'aéroport étaient «en cours d'examen avec le ministre de la Défense Michel Menassa et le ministre de l'Intérieur Ahmed Hajjar».

Au cours des dernières 48 heures, la municipalité de Beyrouth a entrepris des efforts pour retirer des rues de la capitale les drapeaux des partis et les images des politiciens et des chefs de partis, en particulier ceux qui sont associés au Hezbollah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com