Se préparer à la «guerre des drones», un impératif stratégique

Une photo montre un drone General Atomics MQ-9 Reaper lors d'une visite du ministre français de la Défense à un escadron de drones de l'armée de l'air française à une base aérienne militaire  dans le centre de la France (AFP)
Une photo montre un drone General Atomics MQ-9 Reaper lors d'une visite du ministre français de la Défense à un escadron de drones de l'armée de l'air française à une base aérienne militaire dans le centre de la France (AFP)
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Publié le Dimanche 04 juillet 2021

Se préparer à la «guerre des drones», un impératif stratégique

  • A l'instar d'Israël et de la Chine, la Turquie et l'Iran se sont lancés dans la production à grande échelle et l’exportation de ces drones "bon marché", rappellent ses auteurs
  • L'enjeu est de taille, au vu de l'importance croissante des drones sur le champ de bataille

PARIS : La France doit impérativement étoffer son parc de drones et se doter de capacités de protection face à cette menace croissante qui pèse à la fois sur le territoire national et sur le champ de bataille, alerte un rapport parlementaire dont l'AFP s'est procuré copie.

Intitulé "se préparer à la guerre des drones: un enjeu stratégique", ce rapport de la commission de la Défense du Sénat, qui doit être présenté mercredi, constate que  "depuis 2019, un rattrapage capacitaire est en cours: les forces armées disposeront de plusieurs milliers de drones d'ici 2025, contre quelques dizaines seulement il y a quatre ans".

En 2020, 58% des frappes en bande sahélo-saharienne ont été assurées par des drones Reaper, armés depuis fin 2019. Le programme Eurodrone, qui a vocation à remplacer les Reaper à partir de 2028, est "enfin sur des rails" après une longue période de négociations avec les partenaires allemand, espagnol et italien.

D'autre part, la France a accéléré l'acquisition de petits drones, dits de contact, salue le rapport en rappelant que 210 nanodrones Drop et 67 microdrones NX 70 ont été livrés depuis 2019, et que 150 microdrones Anafi de Parrot destinés aux trois armées viennent d'être commandés, avec un objectif de 900 en 2025.

L'enjeu est de taille, au vu de l'importance croissante des drones sur le champ de bataille. "Plusieurs conflits récents, non seulement la guerre au Haut-Karabagh en 2020 mais aussi les combats en Libye en septembre 2019 et la campagne turque dans le nord de la Syrie en mars 2020 ont été marqués par l'utilisation massive de drones tactiques et de petits drones", selon des modes opératoires nouveaux (guidage de tirs d'artillerie, leurrage, vols en essaims, attaques suicides) "pour pénétrer les défenses sol-air adverses" et qui "préfigurent les conflits de demain, où les drones seront omniprésents", note le rapport.

A l'instar d'Israël et de la Chine, la Turquie et l'Iran se sont lancés dans la production à grande échelle et l’exportation de ces drones "bon marché", rappellent ses auteurs.

Selon le rapport, il faut ainsi envisager d'"acquérir une capacité semblable de drones peu coûteux et +sacrifiables+": microdrones simples destinés à servir de leurres ou à mener des attaques saturantes, microdrones armés (qui ne seraient cependant pas des armes autonomes) et drones d’attaque un peu plus gros, capables d’emporter des munitions téléopérées.

Il convient enfin de faire de la lutte antidrones une priorité, y compris sur le territoire national où le nombre de drones, en majorité civils, est passé de 400.000 en 2017 à 2,5 millions aujourd’hui.

Des premières capacités ont été acquises en urgence après le survol en 2014 de sites sensibles par des drones, notamment de centrales nucléaires.

Il faut pouvoir détecter la menace et ensuite la neutraliser, qu'il s'agisse de leurrer, de brouiller ou de détruire le drone, suivant que l'on se trouve en terrain dégagé ou non.

Pour un usage militaire, les lasers, comme le Helma-P de la société Cilas, peuvent constituer une "solution prometteuse", estiment les sénateurs, même s'il "n'existe pas de solution totalement adaptée et satisfaisante" à toutes les situations.

Le ministère des Armées a lancé un marché, baptisé Parade, pour développer une protection antidrones pour les sites militaires. Il prévoit d'y consacrer 350 millions d'euros sur 11 ans, mais seulement 70 millions d'ici 2025, s'inquiètent les élus.

"Il faut privilégier des processus d'acquisition agiles, rapides. J'ai le sentiment qu'on n'a pas adapté nos processus d'acquisition à l'évolution galopante des technologies", estimait récemment l'un des auteurs du rapport, Cédric Perrin, lors d'une intervention sur le sujet au Paris Air Forum.

 

 


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".