Les investissements culturels favorisent l’économie de la créativité au Moyen-Orient

Gros plan architectural d'une arche de Qasr Al Hosn, mettant en évidence les couloirs de cette attraction et son emblématique tour, éclairée par de vives lumières la nuit. (Fourni)
Gros plan architectural d'une arche de Qasr Al Hosn, mettant en évidence les couloirs de cette attraction et son emblématique tour, éclairée par de vives lumières la nuit. (Fourni)
Le Saadiyat Cultural District (District culturel de Saadiyat) à Abou Dhabi. (Fourni)
Le Saadiyat Cultural District (District culturel de Saadiyat) à Abou Dhabi. (Fourni)
Le Zayed National Museum aux Émirats arabes unis. (Fourni)
Le Zayed National Museum aux Émirats arabes unis. (Fourni)
Une troupe de danse de Corée du Sud se produit à la cérémonie d'ouverture du musée en 2017. (Fourni
Une troupe de danse de Corée du Sud se produit à la cérémonie d'ouverture du musée en 2017. (Fourni
Etihad Arena à Abou Dhabi. (Fourni)
Etihad Arena à Abou Dhabi. (Fourni)
 Une statue de Goudéa qui remonte à l'an 2150 avant J.-C. au Louvre d'Abou Dhabi. (AFP)
Une statue de Goudéa qui remonte à l'an 2150 avant J.-C. au Louvre d'Abou Dhabi. (AFP)
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Publié le Samedi 03 juillet 2021

Les investissements culturels favorisent l’économie de la créativité au Moyen-Orient

Gros plan architectural d'une arche de Qasr Al Hosn, mettant en évidence les couloirs de cette attraction et son emblématique tour, éclairée par de vives lumières la nuit. (Fourni)
Le Saadiyat Cultural District (District culturel de Saadiyat) à Abou Dhabi. (Fourni)
Le Zayed National Museum aux Émirats arabes unis. (Fourni)
Une troupe de danse de Corée du Sud se produit à la cérémonie d'ouverture du musée en 2017. (Fourni
Etihad Arena à Abou Dhabi. (Fourni)
 Une statue de Goudéa qui remonte à l'an 2150 avant J.-C. au Louvre d'Abou Dhabi. (AFP)
  • Certains pays ont poursuivi leurs investissements dans les arts, la culture et le patrimoine tout au long de la pandémie, en dépit des contraintes financières
  • Selon l'UNESCO, le chiffre d'affaires annuel des industries liées à la culture et à la créativité s'élève à 2 250 milliards de dollars par an

DUBAÏ : Dans le contexte des difficultés financières vécues ces 18 derniers mois, peu de gens espèrent que les gouvernements auront à cœur de consacrer des investissements importants aux arts et à la culture. Mais alors que les économies émergent de la morosité provoquée par la pandémie, de nombreux pays arabes déversent des milliards de dollars dans l'économie de la créativité – telles que les galeries d'art, les sites historiques et les musées – et ce, afin d'attirer les visiteurs et de relancer la croissance sur le long terme.

Selon l'UNESCO, les industries liées à la culture et à la créativité comptent parmi les secteurs à plus forte croissance dans le monde. Leur chiffre d'affaires annuel s'élève à 2 250 milliards de dollars, elles créent 30 millions d'emplois et représentent quelque 10 % du produit intérieur brut (PIB) à l'échelle mondiale.

Conscientes du potentiel de ce secteur, les Nations unies ont désigné 2021 comme l'Année internationale de l'économie créative au service du développement durable.

L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l'Égypte occupent une place prépondérante parmi les pays qui s'investissent dans de vastes projets culturels pour diversifier leurs sources de revenus futurs et tirer parti d'autres avantages : célébrer la richesse de la beauté naturelle et du patrimoine, instruire les jeunes et faire venir sur leur territoire des enseignes et des visiteurs internationaux.

À l'instar des autres pays du monde, les secteurs liés à l'économie créative au Moyen-Orient ont été particulièrement affectés par la pandémie de Covid-19. Mais là aussi, la réaction du public à cette crise a fait ressortir l'importance de la créativité et de la culture dans la résilience des communautés.

L'Arabie saoudite consacre des fonds à des projets culturels depuis de longues années. Ainsi, le Royaume a tout récemment redoublé ses efforts en faveur de son ambitieux projet Diriyah Gate, un complexe culturel et de loisirs au cœur historique de Riyad, qui se veut un rival des pyramides d'Égypte et du Colisée de Rome.

Le PDG de l'Autorité de développement de Diriyah Gate, Jerry Inzerillo, a déclaré à Arab News au mois de juin que le budget du projet est passé de 20 à 40 milliards de dollars. Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammad ben Salmane est le cerveau de cette extension du budget et de la portée du projet, a affirmé Inzerillo dans l'émission « Frankly Speaking ».

Siège du premier royaume saoudien au 18e siècle, Diriyah passe pour être l'une des pièces maîtresses de la Vision 2030. Elle comprend une série d'initiatives de développement et de diversification inaugurées en 2016, parmi lesquelles figurent d'importants investissements dans les domaines de la culture, des loisirs et du tourisme.

Siège du premier royaume saoudien au 18e siècle, le Diriyah Cultural District à Riyad a conservé ses anciennes structures. (Fourni)
Siège du premier royaume saoudien au 18e siècle, le Diriyah Cultural District à Riyad a conservé ses anciennes structures. (Fourni)

L'un des projets culturels les plus ambitieux de l'Arabie saoudite concerne le plan directeur du « Voyage dans le temps » (Journey Through Time), projet qui vise, sur 15 ans, à convertir en un musée animé la vallée d'AlUla, qui abrite l'Hégra ainsi que de nombreux sites historiques. Ce musée proposera aux touristes un voyage dans l'histoire naturelle et humaine vieille de 200 000 ans.

Par ailleurs, le Fonds saoudien pour le développement culturel a été institué au titre de la Vision 2030. Il est destiné à soutenir les individus, les entreprises et les groupes de la société civile qui opèrent dans ce domaine. En 2021, le fonds a octroyé 180 millions de SAR (47,9 millions de dollars) à une série de projets.

« L'Arabie saoudite se situe au cœur d'un mouvement culturel important », déclare à Arab News Reem Al-Sultan, PDG du Misk Art Institute. « L'institut a dernièrement fait passer à 1 million de SAR sa subvention annuelle Misk Art Grant. Celle-ci représente la plus grosse subvention artistique de la région. L'institut a également lancé l'Art Library, une nouvelle initiative en matière d'héritage qui a pour but de documenter le travail des principaux artistes saoudiens et arabes ».

C'est le prince héritier Mohammad ben Salmane qui a fondé le Misk Art Institute en 2017 pour stimuler la production artistique en Arabie saoudite, promouvoir le goût pour l'art saoudien et arabe, et promouvoir la diplomatie et les échanges sur le plan culturel.

« En apportant un soutien, des infrastructures et des opportunités pour l'art et les artistes saoudiens, on sensibilise le monde au patrimoine culturel riche de la région, ce qui favorise un dialogue international plus intense et améliore nos relations avec nos homologues culturels aux quatre coins du monde », souligne Mme Al-Sultan.

Le Misk Art Institute a conçu la résidence Masaha pour permettre aux artistes de réaliser leurs nouveaux projets et idées. (Fourni)
Le Misk Art Institute a conçu la résidence Masaha pour permettre aux artistes de réaliser leurs nouveaux projets et idées. (Fourni)

Dans les EAU avoisinants, Abou Dhabi a annoncé en juin sa volonté d'investir 6 milliards de dollars dans les industries culturelles et créatives, outre les 2,3 milliards promis au préalable dans le cadre de son initiative de relance post-pandémie.

Initiée en 2019, la Stratégie d'Abou Dhabi pour la culture et les industries créatives (CCI) se veut un plan exhaustif sur cinq ans qui vise à accélérer la croissance des entreprises et à créer des emplois dans les domaines du cinéma et de la télévision, des arts visuels et du spectacle, des jeux, des sports électroniques, du patrimoine, de l'artisanat et de l'édition.

Cette initiative prévoit un investissement global supérieur à 30 milliards de AED (soit 8,1 milliards de dollars) répartis sur les secteurs public et privé, avec un engagement de consacrer 8,5 milliards de AED pour la mise en œuvre de projets monumentaux, notamment le Yas Creative Hub et le Saadiyat Cultural District.

Le Yas Creative Hub sera une nouvelle zone pour les médias qui abritera notamment une salle de rédaction régionale pour la chaîne CNN. Il comptera 8 000 employés d'ici la fin de l'année. Quant au Saadiyat Cultural District, qui devrait entrer en service d'ici à 2025, il abritera l'Abrahamic Family House, un centre dédié au dialogue entre les religions, qui réunira une mosquée, une église et une synagogue.

Le Saadiyat Cultural District à Abou Dhabi. (Fourni)
Le Saadiyat Cultural District à Abou Dhabi. (Fourni)

Près de 20 000 personnes travaillent actuellement dans le secteur de la créativité et de la culture à Abou Dhabi. 15 000 emplois supplémentaires sont prévus au cours des quatre prochaines années – un objectif ambitieux qui ne serait sans doute pas possible sans le système de visa flexible qui permet d'attirer les talents étrangers –. Dans cette optique, Abou Dhabi adopte le visa créatif, un programme spécial réservé aux professionnels et approuvé par le ministère de la Culture et du Tourisme.

EN CHIFFRES

 

6 milliards de dollars - la valeur du tout dernier investissement consenti par Abou Dhabi dans les industries culturelles et créatives.

 

40 milliards de dollars - la valeur du budget étendu alloué au Diriyah Gate Project en Arabie Saoudite.

 

1 milliard de dollars - la valeur de l'investissement dans le Grand Musée Egyptien, en Egypte.

« Cette tendance n'est pas entièrement nouvelle. Abou Dhabi investit de façon importante dans la culture depuis plus de dix ans », explique à Arab News Dyala Nusseibeh, directrice d'Abu Dhabi Art.

« Cet investissement fondamental est déjà en cours. Ce qui a été annoncé, c'est la poursuite et l'expansion de cet investissement. Pourquoi ? Parce que le gouvernement a réalisé ses recherches qui ont révélé que cette industrie représentait plusieurs milliards de dollars. La stratégie consiste à identifier les moyens de tirer parti de cette croissance, au niveau local ».

L'émirat, qui abrite déjà le Louvre Abou Dhabi, accueillera bientôt le Zayed National Museum mais aussi le Guggenheim d'Abou Dhabi. Au cours des cinq années à venir, une somme supplémentaire de 22 milliards d'AED  sera consacrée au financement de nouveaux musées et d'activités créatives.

Le Zayed National Museum à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis. (Fourni)
Le Zayed National Museum à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis. (Fourni)

« L'industrie de la culture et de la créativité (ICC) fait partie des secteurs économiques à la croissance la plus rapide dans le monde », explique à Arab News Saood Al-Hosani, sous-secrétaire du département de la culture et du tourisme. « Abou Dhabi a connu une croissance importante de l'ICC, qui apparaît aujourd'hui comme un vecteur essentiel de la croissance sociale et économique, et de la diversification ».

« Ce secteur emploie déjà plus de 20 000 personnes, et nous prévoyons que ce chiffre augmentera considérablement dans les années à venir. En outre, l'industrie de la culture et de la créativité s'est toujours montrée très résilinte et adaptable face à l'évolution de la dynamique économique ».

« Ainsi, alors que le monde émerge des suites de la Covid-19, nous prévoyons que les produits et services à valeur ajoutée liés a ce secteur contribueront à la reprise économique ».

L'Égypte a elle aussi décidé d'investir dans la culture pour revigorer le secteur du tourisme à la traîne. Le Grand Musée Egyptien, un nouvel édifice qui s'étend sur 5,2 millions de pieds carrés au bord du plateau de Gizeh fait partie d'un investissement public d'un milliard de dollars dans le patrimoine et la culture. Son ouverture est attendue dans le courant de l'année.

Une fois achevé, le Grand Musée Egyptien, connu également sous le nom de Musée de Gizeh, deviendra le plus grand musée archéologique du monde. (GEMCC via Facebook)
Une fois achevé, le Grand Musée Egyptien, connu également sous le nom de Musée de Gizeh, deviendra le plus grand musée archéologique du monde. (GEMCC via Facebook)

Le ministère du Tourisme et des Antiquités dit vouloir améliorer le niveau des services offerts aux visiteurs dans 30 de ses principales attractions, musées et sites archéologiques, notamment la rue Al-Moez dans le vieux Caire, la Citadelle de la capitale et les musées d'Alexandrie, du Fayoum, de Sohag et de Louxor.

Par ailleurs, l'Égypte procède actuellement à la construction d'une nouvelle capitale administrative à l'est du Caire, qui comportera selon les prévisions de nombreux théâtres, salles d'exposition, bibliothèques, musées et galeries. La première phase de la construction de cette ville est prévue pour l'année 2030, et représente une enveloppe de 58 milliards de dollars.

Il n'y a pas que l'État qui investit des sommes considérables dans le redressement de la culture en Égypte. Orascom Investments, dirigée par le milliardaire égyptien Naguib Sawiris, a conclu un contrat de 12,7 millions de dollars pour mettre au point et gérer les spectacles de son et lumière aux pyramides de Gizeh.

Le tourisme constitue une source de revenus importante pour l'économie de l'Égypte, à hauteur de 13 milliards de dollars notamment en 2019. Cependant, le pays n'a accueilli que 3,5 millions de touristes en 2020, contre 13,1 millions l'année d'avant. Les responsables escomptent que le nombre de visiteurs retrouvera sa valeur pré-pandémique d'ici à 2022.

On espère que la décision des gouvernements des pays arabes de poursuivre leurs dépenses en faveur de la culture sera largement récompensée par le rendement des investissements et par d'autres résultats favorables, lorsque la pandémie sera progressivement contrôlée et que l'économie mondiale amorcera sa reprise.

 

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• Twitter: @rebeccaaproctor

 

 

 


Cannes: le conflit israélo-palestinien en filigrane

L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
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  • Sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza
  • Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité »

CANNES, France : Un symbole palestinien ou un portrait d'otage: à l'heure où le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza embrase les campus et les réseaux sociaux, les stars présentes au 77e Festival de Cannes préfèrent afficher un soutien discret.

Ruban jaune accroché à la veste, l'acteur Philippe Torreton a gravi mardi les marches du Festival. Un symbole en soutien aux quelque 250 personnes prises en otage par le Hamas le 7 octobre.

L'actrice Leïla Bekhti, qui a récemment enregistré un message en faveur des enfants de Gaza pour l'Unicef, a arboré mercredi un pin's pastèque, l'un des symboles de la résistance palestinienne.

Des positionnements très discrets quant au conflit israélo-palestinien, au moment où sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza. Beyoncé et Kim Kardashian figurent parmi les cibles de cette mobilisation propalestinienne et ont déjà perdu des centaines de milliers d'abonnés.

En réponse, des célébrités comme Omar Sy, membre du jury à Cannes, ont mis en ligne en début de semaine un appel au cessez-le-feu sur Instagram.

Sur le tapis rouge cannois, le message le plus fort à propos de ce conflit est venu jusqu'ici d'une survivante de l'attaque du Hamas le 7 octobre, Laura Blajman-Kadar, vêtue d'une robe jaune affichant des portraits d'otages israéliens et une écharpe noire «Bring them home» («Ramenez-les à la maison»).

Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité, ont indiqué à l'AFP ses organisateurs.

Ce film, composé d'extraits des caméras et téléphones des assaillants du Hamas et d'images captées par des victimes et des secouristes, avait été diffusé le 14 novembre à l'Assemblée nationale en France. Des projections privées ont déjà eu lieu en marge de sommets comme Davos, selon les organisateurs.

- Haute surveillance -

Mais point de manifestation politique, ni côté public, ni côté montée des marches. Une discrétion à l'extrême, qui pourrait basculer avec la présentation vendredi à 18H00 de «La belle de Gaza», documentaire dans le milieu très fermé des femmes transgenres palestiniennes réfugiées à Tel-Aviv.

Même si le conflit israélo-palestinien, évoqué à travers la dureté des autorités pour les «clandestines» venues de Cisjordanie sans permis de travail, s'efface totalement dans ce film de Yolande Zauberman, supplanté par un autre type de conflit intime et universel.

Si aucun film palestinien n'est présent en sélection, «Vers un pays inconnu» du réalisateur danois d'origine palestinienne Mahdi Fleifel, suit deux jeunes cousins palestiniens se retrouvant en Grèce, après avoir fui un camp au Liban. Le film est présenté à la Quinzaine des cinéastes.

Au Marché du film, le plus grand au monde, le pavillon du «film arabe» a déroulé une grande banderole appelant à soutenir l'industrie des territoires occupés ou ses cinéastes en exil.

Le seul film israélien présenté cette année est le court-métrage d'Amit Vaknin, étudiante en cinéma à l'Université de Tel-Aviv. «It's no time for pop» s'attache à une jeune femme qui refuse de prendre part à des festivités patriotiques.

Le pavillon israélien a été maintenu, sous très haute surveillance, avec un filtrage sécuritaire drastique à l'entrée.

L'équipe de l'ambassade israélienne a déclaré à l'AFP avoir douté jusqu'au dernier moment du maintien de sa présence, moins d'une semaine après les manifestations monstre lors de l'Eurovision en Suède.

 


Pour sa nouvelle création, Angelin Preljocaj livre son «Requiem(s)»

Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
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  • Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes
  • Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal

AIX-EN-PROVENCE, France : De la tristesse, de la rage parfois mais aussi des moments de joie, le chorégraphe français Angelin Preljocaj présente ce week-end à Aix-en-Provence, en première mondiale, «Requiem(s)», un spectacle autour de toutes les facettes de la mort et du deuil.

«C'est un thème magnifique et puis l'année 2023 était une année assez dure pour moi personnellement. J'ai perdu beaucoup d'amis, mes parents aussi. Je me suis dit que c'était peut-être le moment de faire un requiem», confie M. Preljocaj à l'AFP.

Basé avec son ballet à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, au Pavillon noir, le chorégraphe d'origine albanaise est connu notamment pour ses ballets «Le Parc» et «Blanche-Neige», et ses collaborations fréquentes avec des artistes issus de la musique électro comme Air, le DJ Laurent Garnier et les Daft Punk.

Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes.

Pour ce spectacle, Angelin Preljocaj dit s'être longuement documenté, allant piocher des références entre autres chez le sociologue Émile Durkheim, qui expliquait que les hommes ont fait société quand ils ont commencé à donner une cérémonie pour leurs morts.

Les facettes de ce cérémonial ressortent tout au long du ballet, tantôt langoureux, tantôt très rythmé, parfois complètement frénétique, les danseurs jouant avec les différentes émotions liées au deuil.

«Ce n'est pas toujours triste, il y a beaucoup de joie dans le spectacle aussi, de la rage parfois, de la mélancolie», énumère le chorégraphe.

- De Mozart au métal -

Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal.

«Les musiques m'apportaient des nuances d'émotions différentes et j'avais envie de travailler avec ces choses-là, par exemple les cantates de Bach (1685-1750), Ligeti (1923-2006), Mozart (1756-1791)... et du métal. Je me suis beaucoup amusé avec ça», sourit Angelin Preljocaj.

Des décors aux costumes en passant par la lumière, les danseurs se retrouvent plongés dans une bichromie noire et blanche pudique, seulement troublée par quelques très rares touches de rouge.

Après une heure trente de danse, le public a applaudi de longues minutes.

«Un spectacle, c'est comme une photographie qu'on met dans le révélateur; le révélateur c'est le public, et ce soir c'était très très chaleureux», souffle le chorégraphe à l'issue de la générale.

Après les deux dates inaugurales au Grand Théâtre de Provence vendredi et samedi, une tournée à Paris et dans plusieurs autres villes de France, le spectacle reviendra au mois d'octobre à Aix puis sera joué le 4 décembre à Modène (Italie) puis en 2025 à Athènes, Madrid et Fribourg (Suisse).

 


Un écrivain saoudien attire une foule immense au Salon du livre de Rabat

Cet écrivain de 47 ans, né à Al-Hassa, a passé son enfance aux États-Unis avant de revenir au Royaume pour terminer ses études. (Photo fournie)
Cet écrivain de 47 ans, né à Al-Hassa, a passé son enfance aux États-Unis avant de revenir au Royaume pour terminer ses études. (Photo fournie)
Le ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a invité Osama al-Muslim à organiser des séances de dédicace dans plusieurs grandes villes marocaines. (Photo fournie)
Le ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a invité Osama al-Muslim à organiser des séances de dédicace dans plusieurs grandes villes marocaines. (Photo fournie)
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  • Son premier roman a été refusé par plus de vingt maisons d’édition, ce qui l’a poussé à l’imprimer et à l’autopublier à ses propres frais
  • Aujourd’hui, M. Al-Muslim a déjà publié trente-deux ouvrages, qui vont des séries épiques aux nouvelles

LA MECQUE: La présence de l’auteur saoudien Osama al-Muslim au Salon international de l’édition et du livre de Rabat a suscité l’intérêt des visiteurs de cet événement, qui se tient jusqu’au 19 mai.

La séance de dédicace du livre de M. Al-Muslim a attiré un très grand nombre d’amateurs, notamment des jeunes adultes et des adolescents. La direction du salon a dû écourter la cérémonie de dédicace afin d’éviter que se forme une trop grande foule.

L’écrivain de 47 ans, né à Al-Hassa, a passé son enfance aux États-Unis avant de revenir au Royaume pour terminer ses études. Il est diplômé du département de littérature anglaise de l’université du roi Faisal.

«Le Salon international de l’édition et du livre est l’une des expositions les plus prestigieuses et j’ai été heureux de m’y rendre pour la première fois afin de rencontrer mes chers lecteurs venus de toutes les régions et villes du Maroc», a confié M. Al-Muslim à Arab News.

«L’affluence a été remarquable, mais je n’ai malheureusement pas pu rencontrer la plupart des personnes présentes, ce qui m’a un peu attristé. Toutefois, il est désormais prévu, à l’aimable invitation du ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, d’organiser des séances de dédicace dans plusieurs grandes villes marocaines afin de rencontrer le plus grand nombre possible de lecteurs», a-t-il ajouté.

M. Al-Muslim a évoqué ses origines en tant qu’écrivain, expliquant à quel point il était difficile de débuter dans le secteur. Son premier roman a été refusé par plus de vingt maisons d’édition, ce qui l’a poussé à l’imprimer et l’autopublier à ses propres frais.

«Je l’ai commercialisé moi-même par l’intermédiaire d’une petite boutique en ligne gérée par un jeune Saoudien. Ce qui est drôle, c’est qu’après le succès de la première édition, toutes les maisons d’édition qui avaient rejeté le roman m’ont contacté pour me demander de collaborer avec elles», a-t-il précisé.

Aujourd’hui, M. Al-Muslim a déjà publié trente-deux ouvrages, qui vont des séries épiques aux nouvelles. Plus de quinze de ses livres ont été traduits en anglais, et le reste est en cours de traduction.

«La première partie d’Arabistan Orchards Vergers d’Arabistan»] a été traduite en chinois, avec plus de 50 000 exemplaires imprimés, et des efforts sont en cours pour traduire les autres parties», a-t-il encore précisé.

«En ce qui concerne ma vision culturelle, je pense que les anciens modèles ne sont plus attrayants pour cette génération. Utiliser un langage difficile et complexe et mettre en avant ses compétences linguistiques et cognitives pour défier le lecteur n’est plus attrayant. Les lecteurs d’aujourd’hui ont besoin d’une histoire intéressante, tissée intelligemment et dans un langage fluide», a-t-il ajouté.

M. Al-Muslim n’a «jamais prêté attention aux critiques» parce qu’il connaissait «leurs expériences, leurs orientations et leurs idées».

«Si je les avais écoutés, j’aurais arrêté dès le premier jour. Ils veulent que tout le monde adopte leur point de vue et que personne ne s’écarte des méthodes qu’ils ont établies», a affirmé M. Al-Muslim.

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La séance de dédicace du livre de M. Al-Muslim a attiré une foule immense, notamment des jeunes adultes et des adolescents. (Photo fournie)

«Les histoires fantastiques que je présente allient vérité et imagination. Elles s’appuient sur notre héritage arabe et nos mythes, en particulier ceux de l’Arabie saoudite, plutôt que sur des histoires et des légendes globales qui ne nous appartiennent pas ou ne nous ressemblent pas. Par conséquent, les lecteurs s’attachent à ce genre parce qu’il est issu de leur environnement et qu’il est proche de leurs pensées, de leur personnalité et de leurs sentiments.»

«J’utilise un langage facile et fluide, mais avec une profondeur philosophique et cognitive. Ce style est considéré comme simple, mais il est apprécié et compris par les jeunes et les moins jeunes, et par toutes les couches de la société», a-t-il poursuivi.

En défiant les règles littéraires dépassées, Osama al-Muslim a dit espérer rester en phase avec les idées, les problèmes, les souhaits et les aspirations de la nouvelle génération, affirmant qu’il est «devenu proche d’elle» et qu’il la «comprend très bien».

«Il ne fait aucun doute que l’originalité de mes écrits et l’absence d’imitation offrent quelque chose de nouveau et d’inhabituel, ce qui suscite chez mes lecteurs de l’enthousiasme, de l’attachement et l’envie de découvrir de nouvelles choses», a-t-il indiqué.

L’auteur a évoqué ses projets d’adaptation à l’écran: «Oui, si Dieu le veut – MBC Group a acquis les droits de presque toutes mes publications pour les transformer en séries dramatiques et en films.»

«Environ 80% de la première partie de la série Arabistan Orchards a déjà été réalisée, avec des coûts de production considérés comme les plus élevés du genre fantastique arabe, dépassant les 30 millions de dollars (1 dollar = 0,92 euro).

«Le début du travail sur la trilogie Fear [«Peur»], mon œuvre la plus célèbre, a également été annoncé. En outre, nous envisageons de produire un film basé sur l’un de mes romans courts, que le groupe annoncera plus tard.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com