Le Liban et la France : «Parce que c’est vous, parce que c’est nous»

Le président français Emmanuel Macron en discussion avec l'ex-Premier ministre libanais Saad Hariri, le 31 août (Photo, Gonzalo FUENTES/POOL/AFP).
Le président français Emmanuel Macron en discussion avec l'ex-Premier ministre libanais Saad Hariri, le 31 août (Photo, Gonzalo FUENTES/POOL/AFP).
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Publié le Mardi 01 septembre 2020

Le Liban et la France : «Parce que c’est vous, parce que c’est nous»

  • La proclamation du Grand-Liban est le couronnement d’une relation qui s’est installée à la fois sur les plans religieux, culturel, économique et politique
  • Paris a toujours joué un rôle clé, chaque fois que Beyrouth en avait besoin.

La symbolique est forte. Le 1er septembre 1920, le général français Henri Gouraud, représentant l’autorité française mandataire, proclamait l’État du Grand Liban à partir de la résidence des Pins à Beyrouth. Ce jour-là, le Liban traçait sa voie vers l’indépendance qu’il allait obtenir, pour le meilleur et pour le pire, vingt-trois ans plus tard, le 22 novembre 1943.

Cent ans plus tard, alors que le président français, Emmanuel Macron, inspectait, rue Gouraud près du port de Beyrouth, les ravages causés par la gigantesque explosion du 4 août 2020, des Libanais, criant leur colère face à l’incompétence des autorités libanaises, en appelaient à « placer le Liban sous mandat français pour les dix prochaines années ».

Le dirigeant français a promis de revenir le 1er septembre pour les célébrations du centenaire de la création du Liban. Entre-temps, Paris a multiplié les initiatives pour soutenir les sinistrés de l’explosion d’une part, et pour exhorter les dirigeants libanais à entamer des réformes nécessaires afin de sortir de la grave crise économique et financière dans laquelle est plongé le pays depuis presque un an. Le cri du cœur, le 8 juillet dernier du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, aux autorités libanaises, illustre l’état d’esprit de la France, qui s’inquiète pour le devenir même du Liban. « Aidez-nous à vous aider, bon sang ! », avait ainsi lancé M. Le Drian.

La France de Saint-Louis et le Liban

Les relations entre la France et le pays du Cèdre remontent beaucoup plus loin que ce célèbre 1er septembre 1920, qui n’est en fait que la consécration de plusieurs centaines d’années de liens.

On peut dater le début de l’Histoire liant la France au Liban à Saint-Louis, qui reconnaissait à cette époque la nation maronite, au Mont-Liban et s’engageait à assurer sa protection.

C’est toutefois les accords de capitulations entre l’empire Ottoman sous Soliman le Magnifique et les puissances européennes, dont le royaume de France, gouverné par François 1er qui ont ouvert la voie au XIVe siècle à la France afin de nouer des relations plus profondes avec les Libanais, en voulant défendre les minorités, notamment chrétiennes de l’Empire.

En 1860, après les massacres contre les chrétiens, les Français, sous Napoléon III, sont intervenus militairement pour y mettre fin et rétablir l’ordre. Ce qui a permis sur le plan politique de créer la Moutassarrifia qui a été une période de stabilité pour le Mont-Liban et ce jusqu’à la Première Guerre mondiale.

Beyrouth au cœur

Avec la fin de l’empire Ottoman au début du XXe siècle, le Liban fut mis sous mandat français. Depuis, Paris a toujours joué un rôle privilégié au pays du Cèdre.

Le cœur des relations entre ces deux entités a été Beyrouth, et surtout son port qui vient d’être détruit. En se voyant octroyer la concession pour la modernisation du port, le Comte de Pertuis a ouvert la ville de Beyrouth au monde. La ville a commencé à se développer, surtout grâce au commerce de la soie entre Lyon et la montagne libanaise. C’est l’installation des missions religieuses, essentiellement francophones, au XIXe siècle, et la création des écoles et de l’université Saint-Joseph qui ont fait de Beyrouth et du Mont-Liban ce qu’ils sont aujourd’hui.

Le Liban va ainsi devenir le véritable enjeu d’une vision stratégique pour la France qui y voyait le fleuron de l’axe Beyrouth-Damas-Bagdad face à l’axe Haïfa-Amman-Bagdad contrôlé par les Britanniques.

La mise en place par les Français du chemin de fer qui a relié Beyrouth au Mont-Liban d’une part, et à Damas et Bagdad d’autre part, a fini par donner à Beyrouth ses lettres de noblesse en la façonnant économiquement, politiquement et culturellement.

La France était donc présente activement, bien avant le mandat institué par la Société des nations en avril 1920. La proclamation du Grand Liban n’était que le couronnement d’une relation qui s’est installée à la fois sur les plans religieux, culturel, économique et politique.

Soutien politique durant la guerre civile

Le soutien politique de la France au Liban ne se compte pas, notamment pendant la guerre 1975-1990. Paris a dépêché à plusieurs reprises des émissaires pour négocier des trêves ou pour débloquer des crises politiques. Rappelons aussi la tenue en juillet 2007 d’une réunion interlibanaise au château de La Celle-Saint-Cloud, afin d’initier un dialogue entre les différents protagonistes. La feuille de route présentée récemment par M. Macron, en est la dernière illustration.

Il faut aussi noter la présence française continue dans les forces onusiennes ou multinationales mises en place à plusieurs reprises pour intervenir au Liban. Les soldats de l’Hexagone ont payé cher leur soutien au pays du Cèdre, comme ce fut le cas avec l’attentat du Drakkar en 1983, imputé au Hezbollah et à l’Iran, tuant 58 parachutistes français. Sans oublier l’assassinat par les Syriens de l’ambassadeur Louis Delamare en 1981. En outre, la France est présente depuis 1978 dans la Finul et est l’un des principaux pays contributeurs.

Sur le plan financier, les Français ont toujours été une force mobilisatrice des bailleurs de fonds, en tant que cheville ouvrière du groupe de soutien pour le Liban. Récemment différentes conférences avaient été organisées pour aider le Liban telles Paris I, II, et III, sous l’impulsion de l’ancien président Jacques Chirac. Ainsi que Cedre, qui a eu lieu en 2018.

1996, 2006, et les résolutions 1559 et 1701 de l’ONU

Sur le plan diplomatique, la France a joué un rôle clé, chaque fois que le Liban en avait besoin. Citons par exemple les deux guerres entre le Hezbollah et Israël. En 1996, Paris a été à la pointe des négociations à l’ONU pour mettre fin à l’opération israélienne. Idem en 2006. L’ambassadeur Jean-Marc de La Sablière, représentant permanent de la France aux Nations unies à cette époque, et artisan des différentes résolutions concernant le Liban, comme la 1559, ou celles relatives à l’assassinat de Rafic Hariri, sans oublier la 1701, parle dans son livre, du Liban comme d’un pays « qui n’a pas beaucoup d’amis en dehors de la France ».

Une amitié qui s’est traduite d’ailleurs par le soutien indéfectible de Jacques Chirac pour le pays du Cèdre, notamment après l’assassinat de Rafic Hariri en 2005. La France a ainsi toujours été présente aux moments les plus difficiles pour relever le pays de sa décrépitude. C’est aussi le pays qui a le plus de marge de manœuvre puisqu’il tente de parler avec tout le monde, alors que d’autres pays, notamment régionaux, ont des positions plus radicales. Elle a été pratiquement la seule puissance qui a toujours œuvré à l’unité, la stabilité et la souveraineté du Liban. Une amitié spéciale relie les deux pays, au-delà des intérêts stratégiques et économiques, et illustrée par les propos du président Macron quand il était à Beyrouth le 6 août dernier : « Parce que c’est vous, parce que c’est nous ».


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".