WASHINGTON: Les États-Unis ont expliqué jeudi que la pandémie de la Covid-19 avait créé un "environnement idéal" pour que le trafic d'êtres humains se développe à travers le monde, les gouvernements redirigeant leurs ressources vers la crise sanitaire tandis que les trafiquants en profitaient pour cibler les plus vulnérables.
"Il s'agit d'une crise mondiale", a souligné le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en présentant le rapport annuel du département d'État qui porte sur 188 pays, dont les États-Unis.
Reconnaissant la difficulté de fournir des chiffres exacts, il a précisé que les estimations situaient à 25 millions le nombre de personnes victimes de ce type de trafic, qui inclut la prostitution forcée, et celle des mineurs, ainsi que le travail forcé.
"Ce crime est un affront aux droits humains. C'est un affront à la dignité humaine", a-t-il lancé lors d'un discours.
Face aux grandes difficultés économiques nées de la pandémie, des trafiquants ont offert de "fausses promesses" d'emplois pour "recruter les enfants" de familles appauvries, "tandis que d'autres familles exploitaient ou vendaient leurs enfants", indique le rapport.
Les exemples viennent du monde entier:
En Inde et au Népal, certaines "jeunes filles venant de régions pauvres et rurales (...) ont été forcées à se marier pour aider leurs familles".
"En Haïti, au Niger et au Mali, des gangs opérant dans les camps de déplacés internes ont profité de la baisse de la sécurité et des protections pour forcer les résidents à se soumettre à des actes sexuels payés."
"La confluence d'un plus grand nombre d'individus en danger à cause de la pandémie, de la capacité des trafiquants à capitaliser sur des crises multiples, et la réorientation des moyens (gouvernementaux) vers la lutte contre la pandémie a crée à bien des égards un environnement idéal pour que le trafic d'êtres humains prospère et évolue", a souligné une haute responsable de la diplomatie américaine.
Liste noire
Au-delà de la pandémie, la Guinée-Bissau et la Malaisie ont rejoint la liste noire américaine recensant 17 pays qui, aux yeux de Washington, ne répondent pas aux critères minimum de lutte contre le trafic d'être humains et ne font pas suffisamment d'efforts pour y parvenir.
Y figurent également: l'Afghanistan l'Algérie, la Birmanie, la Chine, les Comores, la Corée du Nord, Cuba, l'Érythrée, l'Iran, le Nicaragua, la Russie, le Soudan du Sud, la Syrie, le Turkménistan et le Venezuela.
Cette mise à l'index peut entraîner des sanctions ou le retrait d'aides américaines.
La Turquie ne figure pas sur cette liste noire mais a été épinglée pour avoir "recruté et utilisé des enfants soldats en Syrie et en Libye". "C'est la première fois qu'un membre de l'OTAN figure" sur cette liste, a souligné la haute responsable.
Parmi les pays de la liste noire, onze sont aussi accusés de se livrer directement au trafic d'êtres humains: Afghanistan, Birmanie, Chine, Cuba, Érythrée, Corée du Nord, Iran, Russie, Soudan du Sud, Syrie et Turkménistan.
"Les gouvernements doivent protéger et servir leurs citoyens, pas les terroriser et les assujettir pour en tirer profit", s'est indigné Antony Blinken.