ROME: L'ONG allemande Sea-Watch a diffusé jeudi des images aériennes de garde-côtes libyens effectuant apparemment des tirs près d'un bateau de migrants pour l'intercepter puis semblant tenter de le percuter avant de renoncer.
Les images prises mercredi depuis un avion de reconnaissance de l'ONG montrent les impacts de deux tirs à la surface de l'eau, à deux ou trois mètres de la proue du bateau en bois bleu dans lequel se trouvaient une cinquantaine de migrants.
Le navire des garde-côtes, l'un des quatre donnés aux garde-côtes libyens par l'Italie en 2017 selon Sea-Watch, tente de se rapprocher de l'embarcation motorisée et semble à plusieurs reprises tenter de lui couper la route en multipliant les manœuvres dangereuses.
Des membres de Sea-Watch à bord de l'avion entrent en contact radio avec les garde-côtes.
« Vous mettez les gens en danger. Vous êtes trop près », leur lancent-ils en anglais. « C'est un bateau de trafiquants », leur répond un garde-côtes. « Gardez vos distances, et ne tirez pas sur eux », poursuit l'ONG.
Il n'a pas été possible d'authentifier qu'il s'agit bien d'un bateau des garde-côtes libyens comme l'ONG l'affirme.
Sollicité par l'AFP, un responsable des garde-côtes libyens n'était pas joignable dans l'immédiat.
L'incident s'est produit dans la Zone de recherche et de secours de Malte, selon Sea-Watch, précisant que le navire des garde-côtes avait dû rebrousser chemin faute de carburant, et que les migrants étaient parvenus à accoster sur l'île italienne de Lampedusa jeudi matin.
Les traversées périlleuses en Méditerranée centrale depuis la Libye et la Tunisie, l'une des routes migratoires les plus meurtrières selon les Nations unies, ont drastiquement augmenté cette année.
Près de 21 000 personnes sont arrivées sur les côtes italiennes depuis janvier, soit trois fois plus qu'à la même époque en 2020, selon Rome. Parmi elles, 17% étaient des mineurs non accompagnés.
Ces dernières semaines, une série de naufrages d'embarcations parties de Tunisie ou de Libye a fait des dizaines de morts.
Selon l'ONU, plus de 830 personnes ont péri depuis le début de l'année en Méditerranée, dont 694 sur la route centrale.