Entrée en vigueur du pass sanitaire européen, espoir pour le tourisme

L'été 2021 devrait être nettement plus radieux pour le secteur en Espagne, la deuxième destination touristique mondiale, qui espère accueillir 45 millions de touristes en 2021, selon l'objectif fixé par les autorités. (Photo, AFP)
L'été 2021 devrait être nettement plus radieux pour le secteur en Espagne, la deuxième destination touristique mondiale, qui espère accueillir 45 millions de touristes en 2021, selon l'objectif fixé par les autorités. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 01 juillet 2021

Entrée en vigueur du pass sanitaire européen, espoir pour le tourisme

  • Vacciné, guéri ou testé négatif à la Covid-19, il faudra à partir de jeudi montrer patte blanche pour franchir les frontières européennes, en utilisant le nouveau «pass sanitaire»
  • En Asie où le variant Delta progresse, la Thaïlande s'apprête à rouvrir jeudi l'île paradisiaque de Phuket aux touristes internationaux

BRUXELLES: L'UE espère relancer un tourisme figé par la pandémie de coronavirus avec un pass sanitaire à compter de jeudi pour les voyageurs, malgré des campagnes de vaccination inégales et la menace du variant Delta. 

Vacciné, guéri ou testé négatif à la Covid-19, il faudra à partir de jeudi montrer patte blanche pour franchir les frontières européennes, en utilisant le nouveau "pass sanitaire" désormais indispensable pour voyager dans 33 pays du Vieux continent, même si les règles varient selon les destinations et les pays d'origine.

Ce précieux sésame devrait donner une bouffée d'oxygène à l'industrie du tourisme, mise à genoux par la pandémie: selon l'ONU, l'effondrement du tourisme international pourrait entraîner une perte de plus de 4 000 milliards de dollars pour le PIB mondial sur les années 2020 et 2021, soit une fois et demi le PIB français.

Les taux de vaccination étant inégaux, avec moins de 1% de la population vaccinée dans certains pays et plus de 60% ailleurs, le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) publié mercredi relève que les pertes touristiques sont plus importantes dans les pays en développement.

Eté touristique et coronavirus: état des lieux des mesures en Europe

Un an après le désastreux été 2020, où chaque Européen était incité à visiter son propre pays, la saison 2021 s'annonce un peu plus simple sur le front touristique. 

Tests PCR, pass sanitaire, mesures barrières, masques:  les pays s'organisent pour accueillir au mieux les touristes. Etat des lieux. 

ESPAGNE

L'été 2021 devrait être nettement plus radieux pour le secteur en Espagne, la deuxième destination touristique mondiale, qui espère accueillir 45 millions de touristes en 2021, selon l'objectif fixé par les autorités.

Qui peut entrer ?

Les voyageurs d'un certain nombre de pays sont totalement exemptés de restrictions et peuvent entrer en Espagne sans même avoir besoin de présenter de test négatif ou de certificat de vaccination.

Il s'agit de l'Albanie, l'Australie, la Corée du Sud, les Etats-Unis, Israël, le Japon, le Liban, la Nouvelle-Zélande, la Macédoine du Nord, le Rwanda, la Serbie, Singapour, la Thaïlande, Taïwan, la Chine ainsi que Hong Kong et Macao.

Depuis le 7 juin, l'Espagne a par ailleurs ouvert ses frontières aux touristes du monde entier entièrement vaccinés.

Les Européens non vaccinés peuvent venir s'ils présentent un test (antigénique ou PCR) négatif de moins de 48 heures.

Ces obligations valent également pour les arrivées par voie terrestre (par exemple depuis la frontière avec la France) pour tous les voyageurs de plus de 12 ans.

Depuis lundi, l'Espagne a rétabli l'obligation de présenter un test PCR négatif pour les Britanniques, premier contingent de touristes dans le pays en temps normal, qui en étaient exemptés depuis fin mai.

Mais l'Espagne est toujours considérée à risque par le Royaume-Uni, qui impose une quarantaine au retour à ses ressortissants, de quoi les dissuader de venir profiter du soleil espagnol. 

Seules les Baléares ont été incluses dans la liste verte du Royaume-Uni, ce qui signifie que les Britanniques seront exemptés de quarantaine à leur retour de l'archipel.

https://www.mscbs.gob.es/profesionales/saludPublica/ccayes/alertasActual/nCov/spth.htm

Mesures à respecter sur place

Depuis le 26 juin, le port du masque n'est plus obligatoire à l'air libre dans le pays.

Il n'y a plus de couvre-feu ni d'interdiction de se déplacer d'une région à l'autre.

Les restaurants sont ouverts en intérieur et en extérieur mais avec un nombre limite de convives et de capacité d'accueil des établissements, des restrictions qui varient selon les régions, compétentes en matière de santé et de gestion de la crise sanitaire.

Dans certaines régions d'Espagne, notamment dans la capitale Madrid et à Barcelone, la deuxième plus grande ville du pays, les boîtes de nuit ont rouvert depuis le 21 juin, même si elles restent soumises à des restrictions d'affluence et d'horaires, encore une fois fixés par les régions.

ITALIE

La péninsule devrait accueillir cet été 6,7 millions de touristes étrangers en plus (+24,1%), mais 65,8 millions de moins qu'en 2019 lorsque la barre des 100 millions avait été franchie.  

Qui peut entrer ?

Les voyageurs en provenance de l'UE ne sont plus obligés de respecter une quarantaine à condition de présenter le fameux pass sanitaire européen prouvant une vaccination complète, une guérison ou la négativité d'un test anti-Covid de moins de 48h.

Ces conditions s'appliquent aussi aux voyageurs des Etats-Unis, du Canada, du Japon, d'Israël, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, de la Corée du sud, du Rwanda, de Singapour et de Thaïlande. 

Les touristes du Royaume-Uni devront quant à eux effectuer une quarantaine de cinq jours après présentation d'un test négatif. Un deuxième test après cette quarantaine sera requis. 

Enfin, l'Italie est interdite aux touristes en provenance du Brésil, de l'Inde, du Bangladesh et du Sri-Lanka.

https://infocovid.viaggiaresicuri.it/index_en.html

Mesures à respecter sur place

Le port du masque n'est plus obligatoire à l'extérieur, seulement dans les endroits publics clos. 

Le pays tout entier est considéré comme une "zone blanche", c'est à dire avec un faible risque d'infection et il n'y a plus de couvre feu nocturne ni de restrictions dans les restaurants et les bars. Seules les tables doivent être espacées d'un mètre.

PORTUGAL

L'Algarve, très prisée des Britanniques, figure parmi les régions les plus recherchées. Le principal afflux de touristes est attendu à partir de juillet.

Qui peut entrer ?

Les passagers qui se rendent au Portugal en avion, à l’exception des enfants de moins de 12 ans, doivent présenter un certificat de vaccination complète ou un test PCR (moins de 72 heures) ou antigénique (moins de 48 heures) avant l'embarquement.

Les passagers en provenance d'Afrique du Sud, Brésil, Inde et Népal ne peuvent se rendre au Portugal que pour des motifs essentiels, et doivent observer une quarantaine de 14 jours.

Les Britanniques qui n'ont pas été complètement vaccinés doivent également observer une quarantaine.

A l'exception des pays membres de l'UE, des pays associés à l'espace Schengen et de certains pays comme les Etats-Unis ou l'Australie, les passagers de pays tiers ne peuvent se rendre au Portugal que pour des raisons essentielles.

https://portaldascomunidades.mne.gov.pt/pt/noticias/faq-s-viagens-para-portugal-conselhos-aos-emigrantes

Mesures à respecter sur place

Les  touristes devront respecter les règles de distanciation et le port du masque obligatoire notamment. 

Le gouvernement a aussi défini un ensemble de règles pour les plages et les piscines publiques. Il faudra par exemple respecter une distance d'au moins trois mètres entre les parasols. Un système d'information sur l'occupation des plages a également été lancé avec trois couleurs selon le niveau d'occupation.

GRECE

D'après le ministre du tourisme Haris Theocharis, environ 150.000 touristes sont arrivés en Grèce depuis le début de la saison le 14 mai. L'objectif est d'atteindre en 2021 environ 40-50% des recettes de 2019 (soit 18,2 milliards d'euros). En 2020, les recettes n'ont été que de 4,28 milliards d'euros.

Qui peut entrer ?

Les citoyens de l'espace européen, Schengen et assimilés, ainsi que les résidents permanents d'une vingtaine de pays dont le Canada, les Etats-Unis, Israël, la Chine, la Thaïlande, la Russie, l'Arabie Saoudite... sont soumis à certaines réglementations:

- remplir un formulaire de localisation en ligne au moins la veille de leur arrivée en Grèce

- présenter à l'embarquement soit un certificat de vaccination complète achevée au moins 14 jours avant le voyage, soit le résultat d’un test PCR ou d'un test négatif au coronavirus de moins de 72h ou un test antigénique négatif de maximum 48H avant l'arrivée en Grèce, soit un certificat de rétablissement.

- Les visiteurs peuvent être soumis de manière aléatoire à des tests antigéniques à leur arrivée dans les aéroports grecs.

-Les voyageurs venant de Russie à partir du 30 Juin même s'ils sont vaccinés doivent avoir fait des tests PCR ou antigéniques pour entrer en Grèce.

https://travel.gov.gr/#/

Mesures à respecter sur place

Le port du masque n'est obligatoire qu'en intérieur. Il n'y a plus de couvre-feu depuis le 28 juin. Pour se rendre dans les îles, les voyageurs doivent présenter un test PCR ou antigénique négatif, un auto-test, ou un certificat de vaccination. 

Les cinémas rouvrent le 1er juillet alors que les autres salles fermées comme les les discothèques, les restaurants et les cafés en intérieur vont rouvrir le 15 juillet avec plusieurs restrictions.

Dans les salles de concert ou les discothèques fermées il faudra notamment avoir fait un test antigénique avant de s'y rendre.  

Au restaurant, le nombre de personnes autour d’une table est limité à 10.

FRANCE

En France, première destination touristique mondiale avant la pandémie, les recettes (57 milliards d'euros en 2019) ont été divisées par deux l'été dernier. 

Qui peut entrer ?

Pour les pays classés "verts" (Espace européen, Etats-Unis, Australie, Corée du Sud, Israël, Japon, Liban, Nouvelle-Zélande, Singapour...), aucun motif impérieux n'est exigé et un test PCR ou antigénique de moins de 72h est demandé aux seules personnes non vaccinées.

Pour les pays classés "oranges", comme la Grande-Bretagne, un test PCR ou antigénique est exigé si le voyageur est vacciné, sinon il lui faut un motif impérieux, un test négatif et il sera en auto-isolement de 7 jours.

Pour les pays classés "rouges", dont l'Afrique du Sud, le Brésil ou la Turquie, un motif impérieux est nécessaire pour venir en France et si le voyageur n'est pas vacciné il est soumis à une quarantaine obligatoire de 10 jours contrôlée par les forces de sécurité. 

www.diplomatie.gouv.fr

Mesures à respecter sur place

Le masque est obligatoire seulement dans les lieux clos et il n'y a plus de couvre feu.

Les bars et restaurants ont rouvert et peuvent depuis mercredi utiliser leur capacité maximale, en salle comme en terrasse, à l'exception de certaines régions particulièrement touchées par le variant Delta. 

ROYAUME UNI

Qui peut entrer ?

Le Royaume-Uni est de facto quasi fermé aux touristes étrangers étant donné les strictes restrictions imposées aux frontières pour les arrivées, avec pour la plupart des pays (notamment européens comme la France ou l'Italie) une quarantaine et de coûteux tests à réaliser voire pour certains (dont Amérique du Sud, Tunisie, Inde, Turquie…) une quarantaine à l'hôtel aux frais du voyageur, coûtant 1.750 livres (2.000 euros) par personne.

Les voyageurs venant de pays classés "verts" sont exemptés de quarantaine. Seize pays ou territoires ont rejoint cette liste mercredi, dont les Baléares, Malte, et Madère.

https://www.gov.uk/guidance/red-amber-and-green-list-rules-for-entering-england

Mesures à respecter sur place

Une grande partie ont été levées, les dernières (limites sur les rassemblements, service debout dans les pubs, discothèques) doivent l'être le 19 juillet, après avoir été repoussées de plusieurs semaines en raison de la poussée récente du variant indien.

Des Américains à Paris

A Paris, les premiers touristes américains ont réinvesti les lieux prisés par les voyageurs étrangers: Montmartre, le Sacré-Cœur, la Tour Eiffel...

"C'est incroyable! On voulait revenir depuis l'année dernière mais comme les frontières étaient fermées (...) On est très, très heureux d'être ici, c'est comme prendre un bol de culture et ça nous avait vraiment manqué", a confié Padmini Pyapali, une ingénieure au nombre de ces "revenants".

Les dernières restrictions ont sauté mercredi en France avec la fin des jauges dans les cinémas, restaurants ou magasins. Pour tous les évènements rassemblant plus de 1 000 personnes y compris les salons, congrès et foires désormais sans jauge, le pass sanitaire sera exigé.

Mais les inquiétudes montent quant à une possible quatrième vague de Covid-19 après l'été, si la vaccination continue de plafonner, alors que le variant Delta représente déjà "20% des nouveaux diagnostics", selon le ministre français de la Santé, Olivier Véran. La moitié de la population a reçu une première dose (33,7 millions).

L'Autriche, dont près de la moitié des quelque neuf millions d'habitants ont déjà reçu au moins une injection et un quart sont totalement vaccinés, rouvre jeudi ses discothèques et met fin aux restrictions de jauge pour les événements culturels et sportifs.

Désillusion pour le vaccin de l'allemand CureVac

Identifié d'abord en Inde, le variant Delta, beaucoup plus contagieux, est désormais présent dans au moins 85 pays, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Et surtout en Russie, qui a enregistré mercredi un record de décès quotidiens dus au coronavirus pour la deuxième journée consécutive, avec 669 morts ces dernières 24 heures.

Dans ce contexte, le président Vladimir Poutine a appelé ses concitoyens hésitant à se faire vacciner contre le coronavirus à écouter "les experts" et non les rumeurs, lors de sa grand-messe annuelle télévisée. Il s'est toutefois dit opposé à toute obligation vaccinale à l'échelle nationale.

La campagne vaccinale, lancée en décembre à grand renfort de propagande autour du Spoutnik V, l'injection phare de Moscou, n'a pour l'instant convaincu que 23 des 146 millions de Russes, sur fond de méfiance généralisée.

La Russie est le pays européen le plus endeuillé par le Covid-19 avec 134.545 morts selon les chiffres du gouvernement et 270.000 morts selon l'agence des statistiques Rosstat, qui en a une définition plus large.

Malgré cette flambée des cas, le quart de finale de l'Euro de foot (Suisse-Espagne), se tiendra bien vendredi à Saint-Pétersbourg, selon les organisateurs. Et ce, alors que quelque 300 supporters finlandais rentrés après avoir assisté à l'Euro dans cette ville ont été testés positifs.

Le vaccin développé par le laboratoire allemand CureVac n'est efficace qu'à 48% pour prévenir le Covid-19, un taux bien plus faible que les autres vaccins à ARN messager, qui rend incertain l'avenir de ce produit déjà commandé en masse par l'Union européenne. 

Bangladesh confiné

En Australie, confrontée au variant Delta, Alice Springs, située dans l'immense et désertique arrière-pays, est devenue mercredi la cinquième ville du pays à être confinée alors que la population ne cache pas sa colère face à la lenteur de la campagne de vaccination.

Et en Asie où le variant Delta progresse, la Thaïlande s'apprête à rouvrir jeudi l'île paradisiaque de Phuket aux touristes internationaux, alors que le royaume a enregistré mercredi son pire bilan quotidien depuis le début de la pandémie de Covid-19 avec 53 morts. 

A l'inverse le Bangladesh, pays de 168 millions d'habitants lui aussi en proie à la progression du variant Delta, introduit un confinement strict avec armée et police ayant ordre d'arrêter quiconque  sortant sans raison impérieuse.

A Hong Kong, entre en vigueur jeudi l'interdiction de tous les vols en provenance du Royaume-Uni. Les Japonais souhaitant se rendre à l'étranger pourront disposer à partir de jeudi d'un passeport vaccinal.

La pandémie a fait au moins 3 940 888 morts dans le monde depuis fin décembre 2019, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles mercredi.


Crise ouverte entre Madrid et Buenos Aires après une attaque de Milei contre Sánchez

Le président argentin Javier Milei fait un geste alors qu'il prononce un discours sur scène lors du rassemblement du parti d'extrême droite espagnol Vox "Europa Viva 24" à Madrid le 19 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président argentin Javier Milei fait un geste alors qu'il prononce un discours sur scène lors du rassemblement du parti d'extrême droite espagnol Vox "Europa Viva 24" à Madrid le 19 mai 2024 (Photo, AFP).
Short Url
  • Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avait annoncé quelques heures plus tôt avoir convoqué l'ambassadeur argentin
  • Ces tensions entre les deux pays ont suscité les craintes du monde des affaires en Espagne

MADRID: Pedro Sánchez a accusé lundi Javier Milei de ne pas être "à la hauteur" des "liens" unissant leurs deux pays, au lendemain de propos polémiques du président argentin qui font planer la menace d'une rupture des relations entre Madrid et Buenos Aires.

Javier Milei "n'a malheureusement pas été à la hauteur" des "liens fraternels unissant l'Espagne et l'Argentine", a déclaré le Premier ministre espagnol, dont l'épouse a été ciblée par le président ultralibéral argentin.

"Je suis conscient que celui qui a parlé hier (dimanche) ne l'a pas fait au nom du grand peuple argentin", a ajouté le dirigeant socialiste, lors de sa première prise de parole sur cette crise diplomatique, en exigeant des excuses publiques de M. Milei.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avait annoncé quelques heures plus tôt avoir convoqué l'ambassadeur argentin pour lui "faire part de la gravité de la situation" après avoir déjà rappelé dimanche pour consultations l'ambassadrice espagnole en Argentine.

Interrogé explicitement sur la possibilité d'une rupture des relations diplomatiques en cas d'absence d'excuses de Javier Milei, M. Albares n'a pas écarté cette éventualité. "Nous ne voulons évidemment pas prendre ces mesures, mais s'il n'y a pas d'excuses publiques, nous le ferons", a-t-il prévenu.

Buenos Aires a opposé jusqu'ici une fin de non-recevoir aux demandes de Madrid.

"Il n'y a aucune excuse à faire. Aucune excuse. Je pense, au contraire, que le gouvernement espagnol devrait présenter des excuses pour ce qu'il a dit de Milei", notamment accusé par la numéro trois de l'exécutif espagnol Yolanda Diaz de semer la "haine", a jugé dimanche soir le ministre argentin de l'Intérieur, Guillermo Francos.

"Le lion est de retour et surfe sur la vague des larmes socialistes. Vive la liberté, bordel", a ironisé de son côté sur X lundi le président argentin.

«Femme corrompue»

Cette crise diplomatique d'un niveau inédit entre les deux pays a été provoquée par des propos tenus dimanche à Madrid par Javier Milei, invité d'honneur d'une convention du parti d'extrême droite espagnol Vox.

Dans un discours au ton belliqueux, il a attaqué, comme il en a l'habitude, le socialisme, mais s'en est aussi pris à la femme de Pedro Sánchez, Begoña Sánchez, sans toutefois la nommer.

"Les élites mondiales ne réalisent pas à quel point la mise en application des idées du socialisme peut être destructrice. Elles ne savent pas le type de société et de pays que cela peut produire et le type de gens accrochés au pouvoir et le niveau d'abus que cela peut générer", a-t-il déclaré.

"Quand vous avez une femme corrompue, vous vous salissez et vous prenez cinq jours pour y réfléchir", a ajouté le président argentin, qui n'a rencontré ni le roi Felipe VI ni Pedro Sánchez, lors de sa visite de trois jours à Madrid.

Ces propos ont été perçus comme une allusion claire à la récente décision de M. Sánchez de suspendre toutes ses activités durant cinq jours pour réfléchir à une démission, après l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "trafic d'influence" et "corruption" contre sa femme.

Craintes des entreprises

Ces tensions entre les deux pays ont suscité les craintes du monde des affaires en Espagne, pays qui est le deuxième investisseur en Argentine après les États-Unis, avec un montant annuel de près de 15 milliards d'euros, selon l'Institut espagnol du commerce extérieur.

Le président de la confédération patronale CEOE, Antonio Garamendi, a ainsi qualifié les propos de Javier Milei d'"attaque" susceptible de nuire aux échanges. De grandes entreprises comme BBVA, Santander ou Telefonica sont allées dans le même sens.

Tout en condamnant les déclarations de Milei, Esteban González Pons, du Parti Populaire (PP, droite), a rejeté une partie de la faute sur Pedro Sánchez.

Les entreprises espagnoles "ne méritent pas que leur situation soit compromise par le sens de l'honneur de Pedro Sánchez" dont l'épouse ne doit pas être "une question d'Etat", a raillé ce haut responsable de la principale formation d'opposition.

Cette crise survient deux semaines après une première brouille déclenchée par un ministre espagnol, qui avait suggéré que M. Milei se droguait. La présidence argentine avait alors réagi en accusant Pedro Sánchez de n'apporter que "pauvreté et mort" en Espagne avec ses politiques.


Le nouveau président de Taïwan s'engage à défendre la démocratie face à la Chine

Le président élu de Taiwan, Lai Ching-te, prête serment devant un portrait du fondateur de Taiwan, Sun Yat-sen, lors de la cérémonie d'inauguration au bâtiment du bureau présidentiel à Taipei (Photo, AFP).
Le président élu de Taiwan, Lai Ching-te, prête serment devant un portrait du fondateur de Taiwan, Sun Yat-sen, lors de la cérémonie d'inauguration au bâtiment du bureau présidentiel à Taipei (Photo, AFP).
Short Url
  • Dans son discours d'investiture au palais présidentiel de Taipei, M. Lai a évoqué de façon directe la menace de guerre après des années de pressions de la part de la Chine
  • M. Lai a tenté à plusieurs reprises de rouvrir le dialogue avec la Chine, que Pékin a rompu en 2016

TAIPEI: Le nouveau président de Taïwan Lai Ching-te a promis de défendre la démocratie de l'île face aux menaces chinoises et appelé la Chine à "cesser ses intimidations politiques et militaires", après avoir prêté serment lundi.

Pékin, qui a précédemment qualifié M. Lai de "dangereux séparatiste", a fustigé son discours, estimant qu'il envoyait "un signal dangereux".

Dans son discours d'investiture au palais présidentiel de Taipei, M. Lai a évoqué de façon directe la menace de guerre après des années de pressions de la part de la Chine pour que Taïwan passe sous son contrôle.

Le nouveau président a remercié les Taïwanais d'avoir résisté à l'influence "des forces extérieures et d'avoir résolument défendu la démocratie", affirmant que "l'ère glorieuse de la démocratie taïwanaise est arrivée".

"Face aux nombreuses menaces et tentatives d'infiltration, nous devons montrer notre détermination à défendre notre nation, nous devons également accroître notre préparation à la défense et renforcer notre cadre juridique en matière de sécurité nationale", a relevé M. Lai après son entrée en fonction.

Issu du Parti démocrate progressiste (PDP), le même mouvement que sa prédécesseure Tsai Ing-wen, M. Lai s'est qualifié dans le passé "d'ouvrier pragmatique" pour l'indépendance de Taïwan.

Mais il a depuis adouci son discours, et a promis lundi que son gouvernement "ne cédera pas, ne provoquera pas et maintiendra le statu quo", c'est-à-dire un équilibre qui préserve la souveraineté de Taïwan sans pour autant déclarer une indépendance formelle.

Responsabilité partagée pour la paix 

Il a aussi appelé la Chine à "cesser ses intimidations politiques et militaires contre Taïwan".

Pékin doit "partager avec Taïwan la responsabilité envers le monde du maintien de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan", a-t-il plaidé.

M. Lai a tenté à plusieurs reprises de rouvrir le dialogue avec la Chine, que Pékin a rompu en 2016.

Le nouveau président a dit lundi espérer que la Chine "choisira le dialogue aux dépens de la confrontation" et appelé Pékin à autoriser à nouveau le tourisme et la venue des étudiants chinois dans l'île.

Quelques heures plus tard, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, a souligné que "l'unification de la Chine est irréversible".

"Le comportement sécessionniste des forces indépendantistes de Taïwan constitue le défi le plus sérieux pour l'ordre international et le changement le plus dangereux pour le statu quo dans le détroit de Taïwan", a-t-il déclaré sans nommer M. Lai.

Le bureau chinois des affaires taïwanaises, qui gère les questions liées au détroit, a aussi fustigé son discours d'investiture, estimant qu'il envoie "un signal dangereux" et le qualifiant de "provocation visant à saper la paix et la stabilité entre les deux rives du détroit".

L'île de 23 millions d'habitants est gouvernée de manière autonome depuis 1949, mais la Chine la considère comme une partie de son territoire et a affirmé vouloir la ramener sous son contrôle, par la force si nécessaire.

Si Washington reconnaît Pékin au détriment de Taipei depuis 1979, il est resté le partenaire le plus important de Taïwan et son principal fournisseur d'armes.

Concomitamment, la Chine a dévoilé lundi de nouvelles sanctions contre trois entreprises américaines vendant des armes à Taïwan.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a félicité M. Lai, dont l'investiture est, selon lui, le signe d'un "système démocratique résilient". Il a dit espérer que Washington et Taipei puissent renforcer leurs relations et maintenir la "paix et la stabilité" dans la région du détroit de Taïwan.

En Chine, le réseau social Weibo, équivalent de la plateforme X, a bloqué les hashtags lundi liés au nouveau président taïwanais.

La cérémonie, durant laquelle a été aussi investie la nouvelle vice-présidente, Hsiao Bi-khim, s'est tenue au palais présidentiel de Taipei, la capitale.

En marque de soutien, huit chefs d'Etat, des rares pays qui reconnaissent Taïwan, y ont participé ainsi que plusieurs dizaines de délégations.

Taïwan souffre d'un manque de reconnaissance diplomatique, ne disposant que de 12 alliés sur la scène internationale.

Une délégation américaine - comprenant l'ancien directeur du Conseil économique national, Brian Deese, et l'ancien secrétaire d'État adjoint Richard Armitage - a assisté à Taipei à l'inauguration. Lors d'une réunion avec la délégation après son investiture, M. Lai a remercié les États-Unis "pour leur soutien à Taïwan, que ce soit de la part du gouvernement ou du secteur privé".

Défis internes 

L'île jouit de ses propres institutions, d'une armée et bat monnaie: le nouveau dollar de Taïwan.

La majorité des habitants de Taïwan estime également disposer d'une identité propre taïwanaise, distincte de la Chine, selon des enquêtes d'opinion.

"Je pense qu'il est préférable de ne pas être trop proche ou trop éloigné de la Chine, il vaut mieux conserver une attitude de neutralité", a observé Shen Yujen, un Taïwanais de 24 ans, qui est en train de faire son service militaire.

En plus de la menace chinoise, le président Lai Ching-te devra faire face à de nombreux autres défis au cours de son mandat.

Le PDP a perdu sa majorité au parlement, ce qui pourrait compliquer la tâche de M. Lai pour faire adopter ses réformes prévues pour s'attaquer au coût de la vie et des logements.


A l'université de Martin Luther King, Joe Biden promet d'écouter les manifestations pour Gaza

Le président américain Joe Biden reçoit un diplôme honorifique après avoir prononcé son discours d'ouverture lors de la cérémonie de remise des diplômes du Morehouse College à Atlanta, en Géorgie, le 19 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden reçoit un diplôme honorifique après avoir prononcé son discours d'ouverture lors de la cérémonie de remise des diplômes du Morehouse College à Atlanta, en Géorgie, le 19 mai 2024 (Photo, AFP).
Short Url
  • Pendant qu'il parlait, une poignée d'étudiants ont tourné le dos à Joe Biden et brandi des drapeaux palestiniens
  • Joe Biden a insisté sur la protection de la démocratie et la lutte contre le racisme, des thèmes sur lesquels il veut incarner l'antithèse de Donald Trump

ATLANTA: Le président américain Joe Biden a promis dimanche d'écouter les "manifestations pacifiques et non violentes" contre la guerre menée par Israël à Gaza, lors d'une visite dans l'université où a étudié Martin Luther King destinée à séduire l'électorat afro-américain et jeune.

"Je soutiens les manifestations pacifiques et non violentes. Vos voix doivent être entendues, et je vous promets que je les entends", a déclaré le président lors de la cérémonie de remise des diplômes au Morehouse College d'Atlanta, dans l'Etat de Géorgie (sud-est).

Pendant qu'il parlait, une poignée d'étudiants ont tourné le dos à Joe Biden et brandi des drapeaux palestiniens, pour symboliser leur opposition à sa politique de soutien, y compris militaire, à Israël, allié historique des Etats-Unis.

C
Les étudiants diplômés tournent le dos au président américain Joe Biden alors qu'il prononce un discours d'ouverture lors de la cérémonie de remise des diplômes du Morehouse College à Atlanta (Photo, AFP).

Des étudiants de l'université historiquement afro-américaine avaient demandé à leur direction d'annuler le discours du démocrate.

Lors de sa prise de parole, Joe Biden a aussi appelé à un cessez-le-feu à Gaza et au retour des otages israéliens capturés le 7 octobre par le Hamas, alors que l'armée israélienne y intensifie ses frappes et que les combats y font toujours rage.

Le président démocrate a assuré qu'il travaillait à "une paix durable" dans toute la région, incluant "une solution à deux Etats" avec la création d'un Etat palestinien, "la seule solution".

"C'est l'un des problèmes les plus difficiles et complexes dans le monde. Il n'y a rien de facile dans cette situation", a déclaré le président démocrate, qui avait revêtu une robe marron et noire, les couleurs de Morehouse College.

"Je sais que cela met en colère et frustre beaucoup d'entre vous, y compris dans ma famille, mais surtout je sais que cela vous brise le cœur. Cela brise le mien aussi", a-t-il assuré, dans une apparente allusion à son épouse Jill, qui selon les médias américains lui a fait part de ses inquiétudes face au bilan de victimes de plus en plus élevé dans la population civile à Gaza.

Jeunes et Afro-Américains 

En venant à Morehouse, Joe Biden a voulu rendre hommage au héros du mouvement des droits civiques qui y a fait ses études, mais des étudiants ont souligné que Martin Luther King s'opposait à la guerre et notamment à celle du Vietnam dans les années 1960.

Le président démocrate a d'abord gardé le silence sur les manifestations propalestiniennes, avant de déclarer que "l'ordre doit prévaloir" sur les campus américains où la police est intervenue pour déloger des campements.

Mais le soutien historique des Etats-Unis à Israël fait craindre au camp démocrate de perdre des voix parmi l'électorat jeune et les sympathisants de la cause palestinienne.

De manière plus générale, les sondages montrent des difficultés plus larges du démocrate de 81 ans à obtenir le soutien des électeurs noirs et des jeunes américains, deux groupes qui l'ont aidé à vaincre son rival Donald Trump en 2020 et qui seront à nouveau déterminants cette année pour empêcher un retour du républicain à la Maison Blanche.

Selon un récent sondage New York Times/Siena, Donald Trump pourrait recueillir les voix de 20% des Afro-Américains en novembre, environ le double de 2020. Ce serait un record pour un candidat républicain et un désaveu pour son adversaire démocrate.

Joe Biden a insisté sur la protection de la démocratie et la lutte contre le racisme, des thèmes sur lesquels il veut incarner l'antithèse de Donald Trump.

"C'est ce à quoi nous devons nous confronter: des forces extrémistes qui s'opposent au message et au sens de Morehouse", a lancé Joe Biden.

Cette semaine, il a aussi reçu dans le Bureau ovale des personnalités et des parents de plaignants dans l'affaire nommée "Brown v. Board of Education" (Brown contre le Bureau de l'éducation de Topeka), qui a donné lieu à un arrêt historique de la Cour suprême des Etats-Unis en 1954 interdisant la ségrégation scolaire, un tournant dans le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis.

«Pour la vengeance»

Le président américain a continué son périple de campagne à Détroit (nord-est), où il s'est rendu dans un café détenu par deux anciens joueurs de la NBA, les frères Joe et Jordan Crawford.

"Les gars contre lesquels nous concourons veulent annuler tous les progrès que nous avons apportés", a-t-il dit.

M. Biden a ensuite assisté à un événement organisé par la principale association de défense des droits civiques du pays, la NAACP, au cours duquel il a pris la parole devant des milliers de personnes.

Le fort soutien de la communauté afro-américaine lors de l'élection 2020 est "l'unique raison pour laquelle je me tiens devant vous en tant que président", a estimé le démocrate.

"Et vous êtes la raison pour laquelle Donald Trump sera encore un perdant" en novembre, a-t-il affirmé.

"La menace que pose Trump (pour un éventuel) second mandat est plus grande que pour le premier", a averti Joe Biden, assurant que son adversaire concourait "pour la vengeance".