«Nous devons être très créatifs pour aller de l'avant», déclare la princesse Lamia, directrice d'Alwaleed Philanthropies

La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), à Riyad (Photo, Ziyad Alarfaj/ AN)
La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), à Riyad (Photo, Ziyad Alarfaj/ AN)
La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), à Riyad (Photo, Ziyad Alarfaj/ AN)
La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), à Riyad (Photo, Ziyad Alarfaj/ AN)
La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), parle à Frank Kane (Capture d'écran)
La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), parle à Frank Kane (Capture d'écran)
La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), à Riyad (Capture d'écran)
La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), à Riyad (Capture d'écran)
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Publié le Lundi 28 juin 2021

«Nous devons être très créatifs pour aller de l'avant», déclare la princesse Lamia, directrice d'Alwaleed Philanthropies

La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), à Riyad (Photo, Ziyad Alarfaj/ AN)
La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), à Riyad (Photo, Ziyad Alarfaj/ AN)
La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), parle à Frank Kane (Capture d'écran)
La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), à Riyad (Capture d'écran)
  • La responsable d'une organisation caritative saoudienne dit qu'il est temps d'appliquer les leçons de la crise humanitaire du Covid-19
  • Dans «Frankly Speaking», la princesse Lamia a également discuté des progrès des femmes en Arabie saoudite, entre autres sujets.

DUBAΪ : Alwaleed Philanthropies (AWP) surfe sur la vague de la pandémie du Covid-19 et s'apprête à accélérer sa stratégie de “philanthropie créative“ alors que la reprise mondiale se confirme, selon la responsable de l'organisation caritative saoudienne dont le siège est à Riyad. 

La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation créée par le prince Alwaleed ben Talal il y a 40 ans, déclare à Arab News que la pandémie a été une période exigeante pour l'organisation car elle faisait face à des demandes extraordinaires par rapport à ses ressources, mais que le moment était venu d'appliquer les enseignements tirés de la crise humanitaire et économique. 

« Les Nations Unies ont trouvé un nom tout à fait unique pour faire le bien dans le monde, qui est "économie créative". Donc, vous devez être très créatif pour aller de l'avant après la pandémie - comment atteindre les bénéficiaires, comment apporter un soutien, et comment responsabiliser et faire le bien en général », dit-elle. 

Elle a tenu ces propos au cours d'une interview avec “Frankly Speaking“, la série d'entretiens vidéo avec des décideurs et des penseurs de premier plan au Moyen-Orient et dans le monde. 

La princesse Lamia, considérée comme un modèle pour l'autonomisation des femmes en Arabie saoudite dans le cadre des réformes de la stratégie Vision 2030, a également évoqué les progrès réalisés par les femmes dans le Royaume, la place de l'art et de la culture sur la scène mondiale de la philanthropie et la nécessité de transcender l'approche du “choc des civilisations“ dans les relations entre le monde islamique et ses voisins internationaux. 

Après l'épidémie du virus l'année dernière l'AWP a débloqué 30 millions de dollars (25,13 millions d’euros) pour fournir des denrées et services médicaux essentiels aux pays les plus pauvres du monde aux prises avec la pandémie. 

Cela en plus de l'engagement régulier d'AWP envers les programmes de vaccination dans le monde et son plan national et international d'assistance médicale et humanitaire. 

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La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), à Riyad (Photo, Ziyad Alarfaj/ AN)

« En fait, nous avons travaillé dans certains pays d'Afrique, nous avons travaillé en Irak, en Syrie, en Tunisie et au Yémen. Nous avons fourni un soutien économique — ainsi, par exemple en Afrique, nous avons collaboré avec l'Organisation mondiale islamique pour l'éducation, la science et la culture (ICESCO) pour construire de petites usines afin de produire des masques (et améliorer) l'assainissement. C'était en faveur de l'autonomisation des femmes et des jeunes », explique la princesse Lamia. 

« Je pense que la pandémie montre l'importance d'avoir une maison et d'avoir un toit sur la tête. Tout ce dont vous avez besoin pour être à l'abri du Covid, c'est seulement une pièce et un toit au-dessus de votre tête, et c'est pourquoi nous avons travaillé avec Habitat (une organisation urbaine des Nations Unies) dans des abris au Yémen, en Irak et en Syrie. 

En plus de la collaboration d'AWP avec l'Organisation mondiale de la santé, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis et Gavi, la Vaccine Alliance. 

« Je dirais que c'était une initiative assez créative, et nous avons en fait atteint plus de 100 millions de personnes dans le monde », précise la princesse Lamia. 

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La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), à Riyad (Photo, Ziyad Alarfaj/ AN)

AWP travaille dans quatre domaines principaux - le développement communautaire, l'autonomisation des femmes et des jeunes, les secours vitaux en cas de catastrophe et le rapprochement des cultures - qui, combinés, ont bénéficié à près d'un milliard de personnes dans le monde. 

Un grand apprentissage de la pandémie a été le passage à un soutien philanthropique en ligne et numérique, avec des projets au Myanmar et à domicile en Arabie saoudite mis en ligne au fur et à mesure des confinements. 

« Croyez-le ou non, d'un point de vue financier ou budgétaire, c'est beaucoup plus facile et c'est peut-être pourquoi cette année, nous avons atteint plus de gens », souligne la princesse Lamia. 

Certains observateurs craignent que l'accent mis sur la recherche et l'administration d'un vaccin contre le nouveau coronavirus ne détourne l'attention d'autres programmes mondiaux de vaccination contre les maladies infectieuses telles que la polio, où l'AWP joue un rôle important dans les programmes de vaccination dans les pays en développement. 

La princesse Lamia déclare qu'il n'y a eu qu'un effet limité. « Je suis d'accord qu'à AWP, nous avons transféré une partie de nos fonds au Covid-19 en raison de l'urgence de la pandémie, mais je ne pense pas que cela aura un effet à long terme », ajoute-t-elle. « Je crois que nous sommes bien placés maintenant, après avoir trouvé le vaccin contre le Covid et avancé dans la recherche. » 

Elle déclare que le prince Alwaleed ajuste sa contribution au budget total "s'il le juge nécessaire". AWP travaille aux côtés d'autres grandes philanthropies mondiales telles que la Fondation Gates ainsi que des agences des Nations Unies, mais n'est pas en concurrence avec elles, insiste-t-elle. 

« Je ne dirais pas rivaliser. Je dirais que nous apprenons les uns des autres, c’est la méthodologie de cette fondation, ou l'esprit de base de cette fondation. Il repose sur le partenariat, et c'est ce en quoi le prince Alwaleed croit – le partenariat », dit-elle. 

Les connexions internationales d'AWP ont des avantages directs pour son travail en Arabie saoudite. « Peut-être que ce qui nous différencie d'un point de vue national plus que toute autre fondation en Arabie saoudite, c'est que nous avons l'expérience et l'expertise internationales, et c'est ce que nous essayons de faire dans nos projets en Arabie saoudite - transférer les connaissances de nos expériences à l’extérieur, » ajoute-t-elle. 

Un exemple est l'initiative Turquoise Mountain, soutenue par le prince de Galles du Royaume-Uni, qui cherche à encourager et à promouvoir l'artisanat traditionnel dans diverses parties du monde, y compris l'Arabie saoudite, où quelque 1 000 artisans, principalement des femmes, sont employés dans des ateliers d'artisanat qui fabriquent des produits hauts de gamme., plus récemment sous la marque Mizwada. 

« Nous améliorons leurs connaissances. Nous transformons l'artisanat très modeste ou très humble en une marque de luxe », indique la princesse Lamia. 

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La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), parle à Frank Kane (Capture d'écran)

L'autonomisation des femmes a été l'un des principaux thèmes d'AWP dans le Royaume, et elle pense que de grands progrès ont été réalisés pour les femmes ces dernières années, avec la liberté de conduire, l'assouplissement des lois sur la tutelle et de plus grandes opportunités d’emploi. 

« Je ne pense pas qu'il y a trois ou quatre ans, j’aurais été assise là à m’entretenir avec vous », dit-elle, ajoutant que les médias occidentaux n'ont pas crédité le Royaume des grandes avancées. 

« La montée en puissance d'un certain nombre de femmes dans le Royaume - comme la princesse Reema bent Bandar, ambassadrice saoudienne à Washington, et Sarah Al-Suhaimy, présidente de la Bourse saoudienne (Tadawul) - est une preuve supplémentaire de l'autonomisation des femmes », dit  la princesse Lamia. 

L'AWP est dirigée par une équipe de 10 femmes nommées par le prince Alwaleed et propose des programmes visant à développer les compétences nécessaires aux femmes pour accéder à l'emploi dans les secteurs privé et public. 

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La princesse Lamia bent Majed Al-Saud, secrétaire générale de l'organisation Alwaleed Philanthropies (AWP), à Riyad (Capture d'écran)

« Il a été très clairement annoncé par le gouvernement que nous voulons soutenir les femmes et les autonomiser. Je pense que certaines entités ou entreprises sont passées à un niveau supérieur en se débarrassant littéralement des hommes, mais je pense que nous devrions responsabiliser les humains », souligne-t-elle. 

Une grande partie du travail d'AWP vise à promouvoir une meilleure compréhension du monde islamique et d'autres systèmes de croyance, ce qui est qualifié de manière controversée de “choc des civilisations“. 

Soulignant les affrontements mondiaux après les attentats terroristes du 11 septembre aux États-Unis en 2001, la princesse Lamia déclare : « Je pense que ce différend n'est pas facile à résoudre. Elle explique comment le prince Alwaleed – un investisseur bien connu de Wall Street – était à New York au moment de la tragédie, et a décidé de faire quelque chose pour aider à apaiser les tensions à long terme. 

« C'est pourquoi nous avons collaboré avec six des universités les plus importantes, à travers le monde. Nous avons en fait créé des centres de recherche et de promotion de la tolérance et de la compréhension », indique-t-elle. 

Il existe maintenant des centres Alwaleed dans six des universités les plus prestigieuses des États-Unis, d'Europe et du Moyen-Orient, dans le cadre de ce qu'elle a appelé une initiative de “soft power“ pour aplanir les difficultés entre les personnes de confessions différentes à travers le monde. 

L'autre angle est la promotion par l'AWP de l'art et de la culture, pont entre les religions, d’où les partenariats avec le Louvre à Paris et le musée de Pergame à Berlin pour présenter des œuvres d'art islamique, mais qui portent un message universel. 

« C'est ainsi que vous mettez en relief les cultures islamiques - axées sur l'art et la beauté », conclut la princesse Lamia. 

Twitter : @frankkanedubai 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


L’intelligence artificielle, levier d’émancipation pour les femmes selon la directrice de la DCO

Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. » (Photo fournie)
Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. » (Photo fournie)
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  • Pour la directrice générale de la Digital Cooperation Organization (DCO), Hajar El Haddaoui, l’intelligence artificielle (IA) représente une opportunité considérable pour les femmes sur le marché du travail, à condition toutefois de réduire les fractures
  • Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré

PARIS: Pour la directrice générale de la Digital Cooperation Organization (DCO), Hajar El Haddaoui, l’intelligence artificielle (IA) représente une opportunité considérable pour les femmes sur le marché du travail, à condition toutefois de réduire les fractures numériques, de renforcer la coopération internationale et d’intégrer cette technologie au cœur des stratégies nationales de développement.

Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. »

« On voit de plus en plus de femmes s’intéresser à l’IA et aux algorithmes dans différents domaines ; il faut s’en saisir comme d’une opportunité », souligne El Haddaoui, dont l’organisation, fondée à Riyad en 2020, regroupe 16 États membres et compte plus de 40 partenaires issus des secteurs technologique et financier.

Œuvrant essentiellement autour de deux axes stratégiques — la résilience technologique et la prospérité numérique —, la DCO s’est vu accorder un siège d’observateur à l’Assemblée générale des Nations unies en 2022.

L’accès à l’intelligence artificielle n’est cependant pas uniforme à l’échelle mondiale, plaide El Haddaoui, dont l’organisation œuvre pour l’inclusivité numérique et technologique.
« Non, il n’y a pas d’égalité entre les pays, affirme-t-elle sans détour. Certains ont énormément investi dans l’IA et disposent des ressources nécessaires, tandis que d’autres en sont encore loin. »

Elle insiste sur l’importance de la coopération régionale pour réduire ces écarts : « Il faut échanger les bonnes pratiques et, surtout, soutenir les pays en retard par de grands investissements », souligne-t-elle, rappelant que « certains pays n’ont même pas la 5G, ce qui rend toute avancée en IA très difficile ».

Pour elle, la réduction de cette fracture nécessite des partenariats solides entre États, des échanges d’expériences et un appui financier ciblé, afin « de permettre à davantage de pays d’intégrer l’intelligence artificielle dans leurs priorités nationales ».

Cependant, les disparités ne sont pas seulement internationales, souligne El Haddaoui : elles sont également internes, car « dans certains pays, les zones rurales n’ont même pas accès à Internet, alors que d’autres régions abritent des hubs d’innovation très avancés », observe-t-elle.

Cette fracture numérique interne constitue, selon elle, un défi majeur. La solution passe par une stratégie globale d’éducation et d’inclusion : « Il faut prendre en compte l’éducation dès le plus jeune âge, développer des applications accessibles dans les langues locales et former les talents nationaux pour diffuser les connaissances liées à l’IA au sein même du pays. »

Ce n’est qu’une fois ces bases posées que la réduction de la fracture pourra s’étendre aux niveaux régional et mondial.

Interrogée sur le risque de voir le financement de l’IA se faire au détriment d’autres secteurs essentiels, El Haddaoui se veut rassurante : « Si l’intelligence artificielle est intégrée dans la stratégie numérique nationale et appliquée à tous les secteurs — santé, finance, économie ou éducation —, elle ne concurrence pas les autres investissements, elle les renforce », explique-t-elle.

Elle met toutefois en garde contre une approche sectorielle trop étroite : « Dans les pays où l’investissement est concentré uniquement sur l’IA sans vision transversale, le risque existe. Il ne faut pas répéter les erreurs commises lors de la transformation digitale dans certaines régions. L’IA doit être pensée comme une stratégie cross-industry, présente dans tous les secteurs et non en silo. »

Pour cette raison, ajoute-t-elle, la DCO travaille avec de nombreux États membres, dont le Maroc : « Nous sommes présents sur le terrain dans plusieurs pays membres afin d’accompagner le développement numérique local », précise-t-elle.


La ministre de la transition numérique marocaine: l’IA une opportunité pour l’émancipation des femmes

L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail. C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni. (Photo fournie)
L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail. C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni. (Photo fournie)
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  • Le Maroc multiplie les initiatives pour démocratiser l’accès à ces technologies
  • En juillet dernier, les Assises nationales de l’intelligence artificielle ont réuni 2 500 acteurs publics et privés

PARIS: L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail.
C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni, qui voit dans cette technologie une opportunité majeure pour réduire les fractures sociales et économiques, à condition de s’y préparer dès maintenant.

Nommée ministre en 2024, Seghrouchni est une pionnière de l’intelligence artificielle. Elle est même décrite par certains comme « l’Elon Musk du Maroc », mais elle se distingue de ce dernier par son engagement éthique et son attachement à l’inclusion et à la justice sociale liées à l’avènement des nouvelles technologies.
Dans le cadre de ses fonctions et responsabilités, elle poursuit sa quête d’une utilisation raisonnée de l’intelligence artificielle, au profit de tous.

Présente à Paris à l’occasion de la 16ᵉ édition des Rencontres économiques, organisées par l’Institut du monde arabe, la ministre a insisté, en réponse à Arab News en français, sur la nécessité d’intégrer les femmes dans cette révolution technologique.
« Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est utilisée dans tous les secteurs de la vie professionnelle : la santé, l’agriculture, l’art, la culture, le droit ou encore la fintech », indique-t-elle. « Et si les femmes maîtrisent l’intelligence artificielle, elles peuvent accéder à un marché de l’emploi beaucoup plus vaste. »

Selon la ministre, l’IA permet aux femmes d’améliorer leur productivité et d’accéder à des ressources jusqu’ici moins accessibles, comme la traduction automatique, les calculs complexes ou la recherche d’informations ciblées : « autant d’usages concrets qui peuvent faciliter leur insertion professionnelle ».
Elle met également en avant le potentiel des outils d’IA pour les femmes entrepreneures, dirigeant des petites ou moyennes entreprises, qui peuvent ainsi s’appuyer sur le commerce électronique pour dépasser les limites des marchés locaux.
« Il existe aujourd’hui des plateformes qui permettent aux femmes d’accéder à un marché global grâce à l’intelligence artificielle », explique-t-elle.

La formation à l’IA représente un investissement, concède la ministre, mais celui-ci reste accessible et rentable. De nombreux programmes, soutenus par des organisations internationales ou des initiatives nationales, visent à réduire cette barrière financière.
« Nous avons lancé un programme qui s’appelle Elevate pour le commerce électronique : il aide gratuitement des femmes à accéder à ces plateformes », précise-t-elle. Et même si certaines formations sont payantes, les coûts restent modérés « au regard du retour sur investissement potentiel ».

La ministre reconnaît cependant l’existence de plusieurs niveaux de fracture : alphabétisation, numérique, et désormais intelligence artificielle.
Mais elle estime que « la question n’est pas de savoir s’il va y avoir une fracture, mais si nous allons pouvoir maîtriser ces technologies pour ne pas rester sur le bord du chemin », car il ne s’agit pas de subir ces transformations, mais « de les utiliser comme leviers de réduction des inégalités ».

Le Maroc multiplie les initiatives pour démocratiser l’accès à ces technologies. En juillet dernier, les Assises nationales de l’intelligence artificielle ont réuni 2 500 acteurs publics et privés.
Le pays a lancé des plateformes de formation, un programme de soutien aux start-up, ainsi qu’un vaste réseau d’instituts de recherche et de développement baptisé Jazari.

« Rien n’arrive tout seul », rappelle la ministre. « Le coût est là, mais aussi la volonté d’apporter les moyens humains, financiers et techniques nécessaires. C’est un grand chantier que nous voulons mener à bien, avec la détermination des femmes à monter dans ce que j’appelle le train de l’IA. »

La métaphore est claire : l’intelligence artificielle avance rapidement, et il faut savoir monter à bord au bon moment. En misant sur la formation, l’accès aux outils et l’accompagnement des femmes, la ministre entend faire de l’IA non pas une nouvelle ligne de fracture, mais une voie d’émancipation et d’ouverture.


Les Rencontres Économiques de l’IMA: la place des femmes dans l’économie à l’ère de l’IA

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  • Quatre tables rondes, réunissant le temps d’une journée des personnalités féminines éminentes du monde arabe et de la France, ont échangé sur la manière de mettre en lumière le rôle des femmes dans la transformation numérique
  • Parmi la trentaine de participantes figuraient notamment la ministre marocaine de la Transition numérique Amal El Fallah Seghrouchni, l’ancienne ministre française de la Culture Rima Abdul Malak, aujourd’hui à la tête d’un média francophone libanais

PARIS: Organisée par l’Institut du Monde Arabe à Paris autour du thème « Femmes, business et innovation », la 16ᵉ édition des Rencontres économiques du monde arabe a décortiqué tous les aspects de l’économie au féminin.

Quatre tables rondes, réunissant le temps d’une journée des personnalités féminines éminentes du monde arabe et de la France, ont échangé sur la manière de mettre en lumière le rôle des femmes dans la transformation numérique, l’entrepreneuriat et la création, ainsi que sur les moyens de favoriser des synergies franco-arabes.

Parmi la trentaine de participantes figuraient notamment la ministre marocaine de la Transition numérique Amal El Fallah Seghrouchni, l’ancienne ministre française de la Culture Rima Abdul Malak, aujourd’hui à la tête d’un média francophone libanais, des femmes d’affaires telles que Hajar El Haddaoui, directrice générale de Digital Cooperation Organization (Maroc–Arabie saoudite), ou encore Olfa Zorgati, membre du conseil d’administration d’Ubisoft, ainsi que des ambassadrices comme Delphine O, et Shayna Al Zuhairi, directrice générale du Iraq Business Women Council.

IA et leadership

Parmi les temps forts figuraient un fireside chat sur l’intelligence artificielle et le leadership, plusieurs tables rondes réunissant cheffes d’entreprise et responsables d’institutions, ainsi qu’une keynote consacrée à la transformation des médias.

Dans le fireside chat dédié à l’IA et au leadership, Amal El Fallah Seghrouchni et Anne Bouverot (envoyée spéciale pour l’IA en France) ont croisé leurs visions, soulignant l’importance d’une gouvernance responsable et partagée de l’IA entre l’Europe et le monde arabe, conciliant innovation et protection des droits.

Elles ont également mis en avant la place centrale des femmes et de l’éducation dans la formation, pour réduire la fracture numérique et encourager l’industrialisation de solutions locales.

La programmation, détaillée par l’IMA, a alterné débats sur l’intelligence artificielle et le leadership, sessions sur les industries culturelles et créatives (ICC), et interventions consacrées au financement et à la coopération institutionnelle.

Les intervenantes issues du monde de la tech et du secteur privé (start-up, entreprises, écosystèmes) ont discuté des opportunités de co-développement entre acteurs français et arabes, ainsi que du besoin d’écosystèmes favorables (financement, cadres réglementaires, formation) pour transformer le talent féminin en entreprises viables.

La transformation des médias à l’ère des transitions

Une autre table ronde, réunissant un panel mixte de diplomates et de femmes actives dans les secteurs des financements publics, du droit et de l’IA, a insisté sur la nécessité d’aligner les réponses aux défis climatiques, énergétiques et numériques à travers des partenariats bilatéraux et multilatéraux.

Rima Abdul Malak a prononcé une courte keynote sur la transformation des médias à l’ère des transitions, montrant comment innover avec l’IA tout en préservant la déontologie et la diversité culturelle.
Elle a également souligné le rôle des femmes dirigeantes dans la recomposition du paysage médiatique.

Les tables rondes de l’après-midi ont porté sur les industries culturelles et créatives, les synergies franco-arabes pour la création artistique, les modèles de financement (fondations, philanthropie, fonds publics) et la médiation culturelle à l’ère de l’IA.

Sur le fond, deux lignes directrices ont traversé les discussions. D’abord, l’idée que l’émancipation économique des femmes constitue un levier stratégique de développement. Les intervenantes, issues des secteurs public et privé, ont insisté sur la nécessité de traduire les discours en dispositifs concrets : accès au financement, incubateurs dédiés, formations techniques et réseaux de mentorat.

Ensuite, la nécessité d’une coopération pratique à travers des partenariats, des centres d’excellence et des mécanismes de financement conjoints, plutôt que de simples déclarations d’intention.

Tout au long de la journée, les intervenantes françaises et arabes ont appelé à bâtir des cadres éthiques communs et des programmes de formation destinés à réduire la fracture numérique.
L’enjeu n’est plus seulement technique, a-t-il été rappelé, mais également politique. Il concerne la régulation, la souveraineté technologique et la capacité des pays du Sud à développer des solutions adaptées à leurs usages.

La table ronde dédiée aux industries culturelles et créatives a insisté sur l’importance des modèles hybrides — mécénat, fonds d’impact, structures de coopération publique-privée — permettant de soutenir la création sans l’enfermer dans des logiques purement marchandes.

Les intervenantes issues du monde de l’art et des fondations ont partagé leurs retours d’expérience et proposé des pistes concrètes pour professionnaliser les filières tout en préservant la diversité culturelle.

Plusieurs participantes ont également souligné l’importance d’instruments financiers adaptés : garanties publiques, fonds de capital-risque dédiés aux entrepreneures et dispositifs de venture philanthropy pour accompagner les premières étapes des projets culturels et technologiques.

Ces rencontres confirment la maturation d’un agenda franco-arabe centré sur l’économie du savoir et la création, et réaffirment que la question du genre ne peut demeurer un simple enjeu symbolique, mais doit se traduire par une véritable architecture d’accompagnement (financement, formation, incubateurs, réglementation).

Pour que les promesses tiennent, les participantes ont appelé à une feuille de route opérationnelle, assortie de calendriers, de budgets et d’indicateurs, afin de transformer l’énergie du plaidoyer en actions mesurables.