ADDIS ABEBA: La Commission éthiopienne des droits humains (EHRC) a affirmé samedi ne pas avoir constaté « d'abus massifs, généralisés et systématiques » de ces droits lors des élections nationales de lundi, tenues en l'absence d'environ un cinquième des circonscriptions.
Ces élections cruciales n'ont pas pu se tenir dans tout le pays, le deuxième plus peuplé d'Afrique, en raison notamment de problèmes sécuritaires et logistiques mais aussi de la situation dans la région du Tigré (nord), en proie à la guerre et à la famine.
Lundi, la Commission électorale éthiopienne avait indiqué que le vote s'était globalement déroulé dans le calme, tout en rapportant des actes « d'intimidation de représentants de partis ».
« Selon notre évaluation globale dans les lieux que nous avons visités, nous n'avons pas vu d'abus massifs, généralisés et systématiques des droits humains », a déclaré de son côté samedi Daniel Bekele, le directeur de l'EHRC, lors d'une conférence de presse.
Cet organisme indépendant, mais rattaché au gouvernement, a rappelé que le vote s'est également tenu malgré le boycott de certains partis politiques et l'emprisonnement de leaders de l'opposition.
« La Commission souligne que l'élection a lieu dans une période où les problèmes s'accumulent », a-t-il ajouté, citant notamment le conflit au Tigré, où l'armée fédérale mène depuis sept mois une opération militaire qui visait à destituer les autorités régionales et qui s'enlise.
« Il était bon de constater que l'élection s'est largement déroulée de manière pacifique dans de nombreuses parties du pays, à l'exception d'incidents incluant des abus des droits humains dans différents endroits », a-t-il cependant précisé.
La Commission des droits souligne ainsi avoir constaté « plusieurs meurtres » dans « les jours précédents le vote » en région Oromia. Dans un rapport remis samedi aux journalistes, elle y liste six personnes tuées dans cette région troublée.
L'EHRC indique également que des membres de l'opposition ont été frappés dans les régions Amhara et SNNPR (Sud).
Enfin, la Commission des droits a recensé « plusieurs centaines d'arrestations » le jour du vote, dans les régions Oromia, Amhara, SNNPR et Benishangul-Gumuz, ainsi que dans la capitale Addis Abeba, touchant notamment des membres de l'opposition et des supporters de cette dernière.
L'EHRC, qui n'a pas été autorisée par la Commission électorale à suivre en tant qu'observateur le scrutin, a cependant déployé une centaine de personnes à travers le pays pour contrôler les abus liés aux droits humains.