LONDRES: Une longue queue serpente devant le stade d'Arsenal à Londres. La foule n'est pas venue voir la célèbre équipe de football en action: les lieux ont mué en centre de vaccination éphémère, dans la course engagée par le Royaume-Uni contre le variant Delta.
"Je voulais l'avoir depuis longtemps, c'est excitant! C'est important pour les jeunes, on bouge beaucoup", confie à l'AFP Océane Danezan, une étudiante française de 20 ans.
Pour attirer le plus de monde possible parmi les jeunes adultes, il n'y a pas de rendez-vous requis, ni de questions sur le statut migratoire des candidats au vaccin. Avec, cerise sur le gâteau, un petit tour gratuit du stade où sont diffusés aussi les matchs de l'Euro-2020 de football.
L'objectif des autorités locales de l'arrondissement d'Islington et du service public de santé (NHS) est d'administrer environ 10 000 premières doses en quatre jours. C'est celui de l'alliance américano-allemande Pfizer/BioNTech qui est proposé.
Après avoir vu le nombre de contaminations, d'hospitalisations et de décès fortement reculer au prix de longs mois de confinement cet hiver et d'une campagne de vaccination menée tambour battant, le pays est confronté à une nouvelle résurgence du virus, attribuée au variant Delta, d'abord détecté en Inde et beaucoup plus contagieux. Ce dernier y est devenu dominant dans le pays, l'un des plus endeuillés en Europe par la pandémie (128.000 morts).
Plus de 15.000 cas positifs ont été enregistrés en 24 heures vendredi. Mais les vaccins étant considérés comme très efficaces pour prévenir les formes de la maladie, le gouvernement veut avoir offert une dose à tous les adultes et immunisé totalement deux tiers d'entre eux d'ici au 19 juillet pour pouvoir lever les dernières restrictions encore en place.
Pour Josephine Marino, 53 ans, c'est un "devoir moral" de se faire vacciner, mais elle reconnaît avoir attendu jusqu'alors de pouvoir recevoir le vaccin Pfizer plutôt que celui d'AstraZeneca, largement distribué dans sa classe d'âge au Royaume-Uni. Elle travaille avec des personnes vulnérables et compte rendre visite à sa famille en Italie.
"C'est bien de faire (des centres de vaccination) éphémères pour toucher un public très varié", ajoute-t-elle, estimant que les gens ont parfois "peur".
« J'étais parano »
Le stade d'Arsenal n'est pas la première installation sportive au Royaume-Uni à participer à l'effort collectif de la vaccination, qui a déjà permis d'administrer une première dose à 83% des adultes et deux doses à plus de 60%.
Le stade de Twickenham (rugby) et celui du club de football de Tottenham Hotspur - rival local d'Arsenal - ont ainsi également été convertis, aux côtés d'autres centres de vaccination de masse comme des musées, cathédrales et mosquées.
Face à la nouvelle flambée des cas, qui touche surtout les plus jeunes non immunisés, il s'agit aussi de toucher un public qui n'avait jusqu'ici pas encore eu accès aux vaccins ou qui se montre hésitant, notamment au sein de minorités ethniques.
"Je travaille avec des gens dans le commerce et il y a beaucoup de scepticisme, mais j'essaie d'être rationnelle. Il y a énormément de bénéfices et un minimum de risques", constate l'étudiante Sofia Mohamed, 26 ans.
Un autre étudiant, Conor Reynolds, 26 ans, a surmonté l'opposition de sa famille et de ses amis, ainsi que ses propres craintes. "J'étais parano, c'était difficile", admet-il. "Mais c'est une situation différente, alors je me suis décidé: je veux juste pouvoir revoir ma sœur".