BLOIS : Réunis à Blois pour leur rentrée politique, les socialistes ont plaidé pour le « rassemblement » avec les écologistes pour une victoire en 2022, mais cette « union compliquée » à mettre en œuvre se heurte à des résistances jusqu'en interne.
« Nous n'avons plus le temps pour les calculs médiocres, les stratégies individuelles », a lancé Olivier Faure, le numéro un socialiste, samedi, dans son discours aux militants. Il espère réitérer aux départementales et régionales en 2021, puis à la présidentielle, une stratégie d'alliance qui s'est avérée gagnante aux municipales.
Le PS, allié à EELV et d'autres partis de gauche (PCF, Générations...) a fait plus que conforter ses positions, en engrangeant 14 villes de plus de 100.000 habitants et 84 de plus de 20.000. L'union s'est également révélée gagnante pour les Verts (9 villes de plus de 100.000 habitants).
Pour les échéances suivantes, le Premier secrétaire veut dérouler le même scénario car « sans le rassemblement, il n'y a pas de victoire » possible. Il se dit prêt à se ranger, y compris en 2022, derrière « celle ou celui qui est le mieux placé ». Donc « le candidat commun à la présidentielle ne sera pas écologiste, pas socialiste, pas insoumis, pas radical. Il sera tout cela à la fois ou il ne gagnera pas ».
Mais « l’union est compliquée et se construit pas à pas», reconnaît Corinne Narassiguin, numéro deux du PS.
Le parti a invité à Blois deux responsables EELV, le député européen Yannick Jadot et le maire de Grenoble Eric Piolle, qui ont tous deux manifesté leur appétence pour la présidentielle.
M. Jadot, qui a rayé de son vocabulaire le mot «gauche », a demandé à son parti de choisir son candidat «avant janvier prochain«. Le second s'affichait le week-end dernier aux côtés du patron des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon.
EELV pourrait se laisser tenter par l'appel lancé samedi par LFI à des «programmes communs » pour départementales et régionales. Un appel lancé à plusieurs formations de gauche... mais pas au PS.
Aux têtes d'affiche d'EELV, M. Faure rappelle qu’ «il y a des orgueils, des égos mais quand on fait de la politique, on doit s'effacer derrière une idée plus grande que soi, derrière l'intérêt général ».
Message reçu ? M. Jadot a lancé samedi que «si nous n'y allons pas ensemble, c'est Macron qui gagne ».
« Changement de logiciel ? »
Les convergences sont nombreuses entre socialistes (dont le logo a été changé en 2015 par un «PS, social-écologie » aux côtés d'une rose stylisée), et Verts : lutte contre le réchauffement climatique, les inégalités, pour l'égalité hommes/femmes... Mais les divergences restent aiguës.
C'est ce qui est de nouveau apparu, samedi, lors du « procès du productivisme«, une des pierres d'achoppement entre Roses et Verts, au cours duquel Clémentine Autain (LFI) jouait le rôle de procureur, Julien Bayou (EELV) celui de grand témoin, et Christian Eckert, ancien ministre socialiste, celui d'avocat de la défense.
« Le productivisme pourrait-il avoir des vertus« et n'a-t-il pas abouti à une certaine «démocratisation«(en permettant un large accès aux biens de consommation), demande «Me Eckert »?
« Un changement de logo ne suffit pas à démontrer un changement de logiciel », lui a vertement répliqué M. Bayou, qui plaidait le week-end dernier, lors des Journées d'été des écologistes à Pantin, pour «la prospérité sans la croissance », formule qualifiée d’« oxymore » par Stéphane Le Foll, maire PS du Mans, ex-ministre.
Si «la gauche d'après » se met en route tant bien que mal, la gauche d'avant, elle, ne baisse pas les bras. Ainsi Jean-Christophe Cambadélis, ex-numéro un du PS, organise le 19 septembre à Paris la convention nationale de son réseau, Nouvelle société. Il veut « une nouvelle maison : celle des nouveaux socialistes », avec « un énorme travail de redéfinition » de l'identité. Toute alliance avec les Verts ne peut intervenir qu’une fois ce travail réalisé.
M. Le Foll pense également qu'il faut « refonder le PS, rouvrir un cycle «. Mais le parti «ne doit pas s'effacer au profit des Verts », presse-t-il dans un entretien au JDD.